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mercredi, 14 novembre 2018

Mon œil gauche tombe pour indiquer la fatigue

Imagine une mathématique qu'on pourrait entièrement dire avec des mots et des poèmes et prières, transcris précisément en langage formel. Un étang, des grenouilles, des libellules, des carpes, le croassement des corneilles dans la nuit. C'est le mois de septembre. Un garçon assis sur l'herbe haute attend qu'une idée lui vienne. Les idées sont des baumes sur ses souffrances mal-cicatricées. L'amour est le grand rêve et la grande déception des hommes. L'idée détourne du travail et du sommeil. L'idée cherche l'idéal qui la tue. 

Vivre, c'est abriter des peuples de bactéries ; il y a plus de molécules d'eau dans un verre à moitié vide que d'étoiles dans tout l'univers. La meilleure mère n'est pas celle qui a enfanté, c'est celle qui aide à vivre et multiplie la confiance. J'écris ce qu'une étrange sagesse me dicte, cette science n'est pas descendue sur la terre, elle est montée du corps des êtres. Même les pierres attendent, pensent. Qu'est-ce qu'une peau ? Peau de bête ou de pierre, l'être le plus léger peut nager dans la pierre comme le dauphin dans l'océan.

Le malade qui tousse se redresse ; ses rides récentes accentuent son angoisse. L'intuition de sa mort est un miroir réfléchissant. Plus personne n'est à ses côtés, les gens ont faim, les gens ont soif, les gens fuient le fils-amant de la misère. Et de vieilles chaussettes puantes, un mouchoir usé, un coussin abîmé, sont tout ce qui reste au paria abandonné. 

Ce qui reste est trésor. Or plus précieux que l'or, argent qu'on ne peut monnayer, viatique pour la route dernière.

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