mercredi, 26 juillet 2017
La gambiste d'hier
Ton dernier regard fut semblable à la caresse d’un rayon de lune sur le mur du patio où chantait le crapaud. J’étais debout contre la porte et je savais que ce n’était pas à moi que ces yeux s’adressaient, mais à l’ensemble des êtres et des choses que tu quitterais bientôt. Au croassement tout proche, répondit un hululement lointain. Les chauves-souris effrayés par la chouette voletèrent, puis disparurent. Déjà tu ne savais plus si tu étais dans une ville au bord de l’Atlantique ou au pied d’une colline du centre de la France. Déjà tu ne répétais plus que ton nom, ton propre nom, ton nom tout prêt de s’effacer. Tu avais oublié quelle gambiste tu fus, brillante élève puis jeune professeure à l’école de musique baroque d’une cité de l’Est. Tu portais notre enfant, dont je n’espérais plus la naissance. Ce soir là, rien ne s’est brisé. Je t’aime toujours, je n’ai pas trop pleuré. La beauté du partage me nourrit encore et de temps en temps, à ceux qui m’accompagnent, je parle de toi.
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Commentaires
Equerre mystique, ton angle m'assoiffe.
Écrit par : A-P Lallande | jeudi, 20 janvier 2022
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