mercredi, 09 novembre 2016
Les petits refus
Tous ces petits refus pour essayer de rester quelqu’un qui décide son destin.
Refuser d’être un numéro, un membre d’un troupeau, cela commence au magasin d’habits du Faubourg Saint-Antoine, quand la vendeuse goguenarde, qui vous a donné un numéro de métal « 2 » pour indiquer vous avez pénétré dans la zone d’essayage avec deux articles en vente, frappe à la porte : « mesdames, vous n’avez pas le droit d’être deux dans la cabine ». Indiquer à ma mère que je ne prends pas les chandails et sortir sur le champ du magasin.
Cela continue au Grand Magasin de la rue de Rivoli ou du boulevard Haussmann, où vous faites demi-tour lorsqu’on vous demande à l’entrée d’ouvrir votre sac et votre manteau.
Cela se poursuit lorsque vous refusez la promotion alléchante de la SNCF qui vous enjoint à acheter votre billet entre telle heure et telle heure pour bénéficier d’un rabais, ainsi vous affirmez votre désir d’un « juste prix ».
Il faut encore renoncer à regarder une vidéo si une publicité s’impose au commencement.
Tous ces renoncements aboutissent à une vie aride. Ils peuvent apparaître comme des caprices de mauvais coucheur. Ils forment la trame quotidienne d’une affirmation du statut de personne libre, digne de respect et de confiance.
Voter avec les pieds (détourner les talons quand on veut vous fouiller), voter avec l’argent (payer des objets dont on approuve le processus de fabrication), voter avec l’esprit, en opérant des choix qui ne suivent pas les règles que tout un chacun adopte par convention – voir tel film, se mettre en couple, détester tel personnage public -, bien sûr que cela ne sert à rien.
À rien d’autre que de se dire à soi-même : « tu vis ton aventure humaine parce que tu es libre et que ton cheminement, unique comme ton visage, vaut la peine d’être respecté ».
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