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samedi, 17 mai 2014

La métamorphée

Partir à la rencontre de soi-même ? Oh, comme c'est loin ! En voilà un voyage qui ne finira pas. La chute du moral est comme une attaque interne par un affreux mollusque qui mange toute énergie, toute joie pour ne laisser que l'horreur inesthétique de la dévastation. Cette attaque commence doucement, au fond de l'être, aussi s'en rend-on compte trop tard - toujours trop tard. Irritabilité, sensation de vide laid, reflet affreux de soi dans les vitres et les objets en métal (on ne s'approche pas des miroirs !), se conjuguent pour faire d'un moment pourtant banal - une matinée comme une autre - une descente aux enfers du mental. Bientôt le corps suit le mental sur sa pente sombre et plus rien ne subsiste de la joie de vivre.

Comment lutter contre le terrain glissant qui mène à ces zones sans lumière ? Cesser le sucre raffiné, le blé, l'alcool, les huiles grasses, les produits industriels ? Lutter corps à corps contre son ego, cet ennemi qui nous veut le bien qui nous perdra ? Prier sans y croire ? Que peut une volonté presque morte contre l'invasion de la tristesse morne et glauque ?

Les bonnes résolutions d'hier se sont dissoutes en mon absence, pendant que je dormais. La transfiguration du monde pour laquelle j'oeuvrais s'est fracassée sur le mur invisible des miasmes de l'aigreur - et je ne l'avais pas vu. Je suis prisonnière d'une cage qui s'est construite en moi sans que je m'en rende compte.

Est-on vraiment seul en soi ? Serait-ce moi qui ai bâti l'oubliette gluante où mon âme se noie, ou bien le démon existe-t-il, qui attaque ses ennemis après avoir pénétré en eux par la petite porte, lors d'un moment d'inattention ?

Pourtant je voulais édifier, avec les mains de mon coeur, la profondeur inaltérable du calme. Je voulais descendre les marches veloutées de la décontraction la plus ample. Je marchais habitée d'espérance vers le lagon de paix infinie.

Pourtant, je construisais, jour après jour, la personnalité du légionnaire de l'existence : âme d'acier et sang froid. Renoncement après renoncement, renonciation après renonciation, j'abandonnais le goût de l'image de moi pour n'apparaître plus que dans ma vérité pure et nue, brute comme un fruit sauvage.

Et je connaissais chaque jour un peu plus la certitude intérieure.

Je croyais tenir le fil de la stabilité émotionnelle, sérénité conquise, sérénité acquise.

Connectée à cette immensité qu'on nomme Dieu ou l'éternité, connectée aux infimes et multiples vibrations du monde et de l'instant, je croyais que j'étais guérie ; délivrée ; c'était l'ouverture de ma vie nouvelle.

Mais ce matin le mollusque avait accompli les trois quarts de son travail quand j'ai ouvert les yeux sur l'angoisse de demain.

 

(Lire : Oh, zones...)

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