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mardi, 30 octobre 2012

Trois poèmes de Renée Vivien

Renée Vivien, Chanson pour mon ombre, Sonnet à une enfant, A la perverse Ophélie

Chanson pour mon Ombre

Droite et longue comme un cyprès,
Mon ombre suit, à pas de louve,
Mes pas que l’aube désapprouve.
Mon ombre marche à pas de louve,
Droite et longue comme un cyprès.

Elle me suit, comme un reproche,
Dans la lumière du matin.
Je vois en elle mon destin
Qui se resserre et se rapproche.
A travers champs, par les matins,
Mon ombre suit, comme un reproche.

Mon ombre suit, comme un remords,
La trace de mes pas sur l’herbe
Lorsque je vais, portant ma gerbe,
Vers l’allée où gîtent les morts.
Mon ombre suit mes pas sur l’herbe,
Implacable comme un remords.

Renée Vivien, Chanson pour mon ombre, Sonnet à une enfant, A la perverse Ophélie

 
Sonnet à une Enfant
 
Tes yeux verts comme l’aube et bleus comme la brume
Ne rencontreront pas mes yeux noirs de tourment,
Puisque ma douleur t’aime harmonieusement,
O lys vierge, ô blancheur de nuage et d’écume !

Tu ne connaîtras point l’effroi qui me consume,
Car je sais épargner au corps frêle et dormant
La curiosité de mes lèvres d’amant,
Mes lèvres que l’Hier imprégna d’amertume.

Seule, lorsque l’azur de l’heure coule et fuit,
Je te respirerai dans l’odeur de la nuit
Et je te reverrai sous mes paupières closes.

Portant, comme un remords, mon orgueil étouffant,
J’irai vers le Martyre ensanglanté de roses,
Car mon cœur est trop lourd pour une main d’enfant.

Renée Vivien, Chanson pour mon ombre, Sonnet à une enfant, A la perverse Ophélie

 à la perverse Ophélie  

 
Les évocations de ma froide folie
Raniment les reflets sur le marais stagnant
Où flotte ton regard, ô perverse Ophélie !
 
C’est là que mes désirs te retrouvent, ceignant
D’iris bleus ton silence et ta mélancolie,
C’est là que les échos raillent en s’éloignant.
 
L’eau morte a, dans la nuit, les langueurs des lagunes,
Et voici, dispensant l’agonie et l’amour,
L’automne aux cheveux roux mêlés de feuilles brunes.
 
L’ombre suit lentement le lent départ du jour.
Comme un ressouvenir d’antiques infortunes,
Le vent râle, et la nuit prépare son retour.
 
Je sonde le néant de ma froide folie.
T’ai-je noyée hier dans le marais stagnant
Où flotte ton regard, ô perverse Ophélie ?
 
Ai-je erré, vers le soir, douloureuse, et ceignant
D’iris bleus ton silence et ta mélancolie,
Tandis que les échos raillent en s’éloignant ?
 
L’eau calme a-t-elle encor les lueurs des lagunes,
Et vois-tu s’incliner sur ton défunt amour
L’automne aux cheveux roux mêlés de feuilles brunes ?
 
Ai-je pleuré ta mort dans l’énigme du jour
Qui disparaît, chargé d’espoirs et d’infortunes ?…
– O rythme sans réveil, ô rire sans retour !
 
 
 Renée Vivien

Renée Vivien

Commentaires

Renée Vivien est l'une de mes auteurs favorites ! Lire et relire ses poèmes est plus qu'un plaisir !

Écrit par : Marc DUPUY | samedi, 10 novembre 2012

Oui Marc, et connaissez-vous Jean de La Ville de Mirmonts ? Mort trop tôt, écrit trop jeune, mais très beau...

Écrit par : AlmaSoror | samedi, 10 novembre 2012

Non je ne connais pas ! je vais m'empresser d'aller le découvrir !

Écrit par : Marc DUPUY | samedi, 10 novembre 2012

Le ciel incandescent d’un million d’étoiles
Palpite sur mon front d’enfant extasié.
Le feu glacé des nuits s’infuse dans mes moelles
Et je me sens grandir comme un divin brasier.

Les parfums de juillet brûlent dans le silence
D’une trop vaste et trop puissante volupté.
Vers l’azur ébloui, comme un oiseau, s’élance,
En des battements fous, mon cœur ivre d’été.

Que m’importe, à présent, que la terre soit ronde
Et que l’homme y demeure à jamais sans espoir ?
Oui, j’ai compris pourquoi l’on a créé le monde ;
C’était pour mon plaisir exubérant d’un soir !

http://www.paperblog.fr/2938604/jean-de-la-ville-de-mirmont-les-dimanches-de-jean-dezert/

http://fr.wikisource.org/wiki/L%e2%80%99Horizon_chim%c3%a9rique

Écrit par : AlmaSoror | dimanche, 11 novembre 2012

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