Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 04 juin 2012

Remise des prix de 1840, par Jouffroy, au lycée Charlemagne à Paris

 

Jouffroy, lycée Charlemagne

AlmaSoror présente un extrait du discours prononcé en 1840 par Jouffroy, pour la distribution des prix au lycée Charlemagne à Paris.

(On trouve ici une notice biographique sur ce grand professeur du XIX°siècle).

Jouffroy, lycée Charlemagne

 

« Abordez la vie avec conviction, jeunes élèves, et vous n'y trouverez point de mécomptes. Dans quelque condition que le hasard vous place, vous vous y sentiez toujours dans l'ordre, associés aux desseins de la providence, y concourant librement par votre volonté, utiles à votre patrie autant qu'il vous a été donné de l'être ; maîtres de vous-mêmes et de votre destinée, maîtres de votre bonheur qui ne dépend que de vous, et sur lequel la fortune et les hommes ne pourront rien. Renversez cet ordre, abandonnez-vous aux ambitions de votre nature, et vous marcherez de déception en déception, et vous vous ferez une vie malheureuse pour vous, inutiles aux autres. Qu'importent aux autres et à nous, quand nous quittons ce monde, les plaisirs et les peines que nous y avons éprouvés ? Tout cela n'existe qu'au moment où il est senti ; la trace du vent dans les feuilles n'est pas plus fugitive. Nous n'emportons de cette vie que la perfection que nous avons donnée à notre âme ; nous n'y laissons que le bien que nous avons fait.

 

Pardonnez-moi, jeunes élèves, dans un jour si plein de joies pour vous, d'avoir arrêté votre pensée sur des idées si austères. C'est notre rôle à nous, à qui l'expérience a révélé la vraie vérité sur les choses de ce monde, de vous la dire. Le sommet de la vie vous en dérobe le déclin ; de ses deux pentes, vous n'en connaissez qu'une, celle que vous montez ; elle est belle, elle est riante, elle est parfumée comme le printemps. Il ne vous est pas donné comme à nous de contempler l'autre, avec ses aspects mélancoliques, le pâle soleil qui l'éclaire, et le rivage glacé qui la termine. Si nous avons le front triste, c'est que nous la voyons. Vivez, jeunes élèves, avec la pensée de cette autre pente que vous descendrez comme nous. Faites en sorte qu'alors vous soyez contents de vous-mêmes ; faites en sorte surtout de ne pas laisser s'éteindre en votre âme cette espérance que nous y avons nourrie, cette espérance que la foi et la philosophie allument, et qui rend visible, par delà les ombres du dernier rivage, l'aurore d'une vie immortelle ».

 

 

 

Les commentaires sont fermés.