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Rechercher : lumière

Sérénade en reggae

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C'était ce fou qui jouait la sérénade de Schubert en reggae au bord de sa fenêtre au premier étage au-dessus du bar de l'amitié là-bas dans la ville océane où les vagues attiraient les glisseurs du monde entier vagabonds sans chaussures et sans peur de la mort mais moi c'est une étoile qui m'éclaire de nuit comme de jour et loin de ce village sur lequel elle n'avait jamais brillé je me souviens de ma vie d'alors à sa lumière d'aujourd'hui c'est fou c'est vrai ce qu'on change et ce qu'on subit ce qu'on découvre et ce qu'on oublie c'est fou le vent d'hier et le soleil de demain la nuit qui se prolonge le lait les olives et le pain c'est fou l'amour flou comme un paysage à travers la buée d'un train qui file vers l'Ouest c'est doux le souvenir de l'été mais voici que l'automne a bien avancé tellement qu'il est déjà trop entamé pour le saluer les feuilles rousses ont chuté voilà l'hiver qui vient son visage blanc ses sortilèges ses chants d'antan et ses cendres les lendemains de fête en attendant laissez-moi vous écrire un poème oiseaux de passage vous le porterez aux amis du monde entier avec mes mots de chagrin de désir et de paix.

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jeudi, 26 novembre 2015 | Lien permanent

Sur le seuil

Chants orthodoxes russes ? Oui. Pain d'épices ? Non. Si, avec du thé. Paroles latines de psaumes juifs ? Oui et non. Voix de basse ? Certainement, toujours, dans ce palais à demi-détruit. Existe-t-il une beauté de notre temps ? Non et oui. Quelle heure est-il ? Oublie l'heure, nous vivons au rythme des saisons. Le printemps n'en finit pas d'éclater vers l'été. La nuit de la Saint-Jean s'approche sur son chariot d'étoiles. Mais toi ? Moi ? Toi ! Moi je danse avec les enfants du village. Je prie des vieilles antiennes dont tu ne connais pas le premier mot. Je ris de plus en plus, c'est la vieillesse qui s'installe. Je meurs très lentement, très doucement, dans la joie et la bonne humeur. Et ta sœur ? Regarde comme elle est belle ! Son visage aujourd'hui reflète l'éternelle bonté. Cela fait longtemps qu'elle ressemble à l'amour, qu'elle a oublié les latences jalouses et rageuses des douleurs inqualifiées. Alors tu ris, alors tu chantes, avec ou sans ta sœur, alors tu pries dans les calendes des saisons ? Oui. Le Pérou ? Non, la France. Ils se ressemblent tous les deux, parfois. Parfois seulement. Décris-moi ce qui se trouve autour de toi ! Un mur de briques, les carreaux des fenêtres, une tasse à moitié bue, la lumière qui descend, le chien berger qui s'éloigne. Et tout cela, à toi ? Tout cela, à moi et aux autres, à toi si tu veux, si tu restes avec nous, si tu partages la table et le toit. Je le voudrais, oui. Alors ôte tes sandales, assis-toi sous la pergola, oublie tes volontés et tes rêves et laisse-toi traverser par la vie qui vibre ici-bas. 

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vendredi, 09 juin 2017 | Lien permanent

Incipit de la révolte

Voilà comment s'ouvre le roman de Jean Brune, La révolte

"I

La ville

Il pleuvait comme il pleut souvent après les orages, quand le ciel rompu par des fureurs démesurées s'effondre dans des averses. Les nuages écroulés pesaient sur les toits ; les rues ressemblaient à des tranchées ouvertes dans des matières molles, qui ne retrouvaient une densité de pierre qu'au ras du sol, dans la magie des lumières mêlées. Le capitaine s'arrêta sous un auvent, pour reconnaître le porche qu'il cherchait. L'eau qui ruisselait des balcons et des gouttières se solidifiait autour des lampadaires, en un vol de fléchettes lumineuses ; et quand l'oreille oubliait, l'espace de quelques secondes, le crépitement de la pluie, elle entendait monter, de la mer encore déchaînée, une rumeur grave, confusément inquiétante, comme une colère de géant. Le capitaine pensait à ses terreurs d'enfant et au sillage qu'elles gravent dans la mémoire. Une ombre tassée à côté de lui l'interpella à mi-voix. Il sursauta. Puis, comme on se reproche un réflexe importun, il pensa qu'il ne s'accoutumerait jamais à ces rendez-vous qui évoquaient des conciliabules de malfaiteurs, ni à cette veille perpétuelle du regard, qui permet de déceler, presque de pressentir, la moindre présence dans un trou d'ombre ou dans une foule. Homme de guerre familier des nuits de garde coulées dans la solennité des silences de cristal, ou trempées par les vacarmes de métal des batailles, il se sentait mal à l'aise quand grondaient autour de lui ces rumeurs qui montent des foules et portent en elles, comme une boue, un peu de ce qu'il y a de dégradant dans les complicités subies. Il se nomma. 

- Je suis le capitaine de Louveciennes. 

- Je sais, chuchota l'inconnu". 

La révolte

Jean Brune

1965

jean brune,la révolte

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mardi, 17 mars 2015 | Lien permanent

Narcose !

Empires administratifs et politiques, vous êtes morts. Vos fantômes exercent encore leur pouvoir métallique sur nos corps mais nos esprits sont tendus vers l'ailleurs. Vos chaînes sentent sous leurs poids notre peau vibrer d'un autre bonheur, que vous ne connaissez pas. Vous serrez les vis, nous fumons le grand joint de la liberté. Même nos corps échappent à votre puissance nécrosée, quels que soient les outils avec lesquels vous tentez de nous détruire. 

Car nous sommes le peuple de l'amour, de la foi, de la liberté. 

Entendez-vous ces murmures incessants qui se mêlent aux chants des oiseaux, aux cadences des vagues ? C'est le son magnifique de notre prière, dont vous ne connaissez ni la grammaire spirituelle, ni le lexique divin. Tout ce qui vibre échappe à vos sondes performantes.

Narcose ! Narcose ! Narcose ! Ivresse des profondeurs, aucune machine technique, aucun ordre humain ne pourra jamais décrire tes délires !

Nous sommes ivres de vie et nous échappons à vos organisations. Le monde que vous dirigez est mort. Vous ignorez toute vie réelle, vous en sentez parfois une trace, vous tentez de l'attraper, c'est impossible. 

Notre Nouveau Monde est inaccessible à toute personne avide de domination. Il est fermé à tout être n'ayant pas exterminé en lui les miasmes d'hypocrisie. 

Empires, votre mort invisible n'empêche pas vos drapeaux de flotter. 

Notre peuple libre exerce sa puissance imaginaire à des milliards d'années-lumière de l'air vicié sur lequel vous croyez encore régner. 

Ah ! je ris de me voir si libre en ce miroir scintillant d'horizons !

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mardi, 10 mars 2015 | Lien permanent

Au bord de la D 85 un an après

 

Un blues lascif pénètre tous les espaces du bistrot à cheval entre une ville de province et sa campagne agri-industrielle. Un couple improvise une valse quelque peu mâtinée de tango. Je me souviens de la fête : c'était l'année dernière. Un océan de mojito baignait les âmes et les corps. Des lumières bleues et rouges clignotaient autour des canapés et de la baie vitrée. La nuit dansait, la poudre tournait, les douleurs administratives et sociales s'évaporaient. C'est comme si c'était la même trompette qui pleure aujourd'hui sur le silence et qui pleurait alors sur le bruit. Ce soir-là, tes yeux brillait. Ce jour-ci, tu n'es plus là. La percussion de mon cœur, depuis l'annonce de ton départ, joue moins en rythme. Des enfants passent dans une voiture, ils nous font des signes de la main. De vieux messieurs, ici, finissent leurs bières. Moi j'écoute la musique et je ne bois plus rien. Mon café refroidit sous mes yeux embués par le froid. Il faisait chaud l'année dernière, dans l'appartement de la fête. Tu dansais. Tu riais. Tu te fâchais. Tu ressemblais à l'éternel jeune homme. Je te regardais et je ne savais pas ce que tu pensais.

Tu ne pensais rien : tu dansais. Nous dansions sur le fil d'une vie sans savoir l'heure ni le jour. Une autre voiture passe sur la départementale D85 et je ferme les yeux. Je pense à toi une dernière fois.

 

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mardi, 16 décembre 2014 | Lien permanent

un adieu banal

Je vous dirai adieu par un jour si banal qu'on croirait que rien ne peut se passer, rien d'autre que le défilement monotone des petits riens du quotidien. Que la lumière soit douce ou terne, ce jour là nous écouterons des chansons d'une jeunesse enfuie aux senteurs parfumées des amours posthumes. Ce jour là nous ferons du thé. Ce jour là nous dirons des mots sans importance, nous verrons des visages. Nous ferons un tour dans les rues de la ville qui se transforme et laisse derrière elle ses traces anciennes pour se faire une beauté fade en essayant d'imiter des villes plus grandes, plus neuves.

Je vous dirai adieu parce qu'il n'y aura plus rien à dire, ou plus d'énergie pour l'écrire. Je vous dirai adieu après ces tentatives, comme on retourne à la poussière de l'inconnu. Il y aura d'autres jeunes filles, pleines d'espérances dynamiques, pleines de souffle, qui danseront jusqu'à s'essouffler à leur tour, et deviendront des femmes étonnées de n'avoir pas créé ce monument dont elles sentaient frémir les fondations entre leurs mains.

Naissez, enfants, naissez à votre tour. Vous verrez comme est longue la route, dure la bataille, minime la victoire. N'oubliez pas sur le chemin de sentir les fleurs et de rire.

 

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dimanche, 21 décembre 2014 | Lien permanent

Un appartement non loin d'un lac

J'écris ces histoires de personnes qui habitent le même immeuble et se parlent tous les jours et partagent de grands laps de vie et s'entraident et s'entraiment et s'entredétestent, mais moi je ne connais pas le prénom de mes voisins, nous nous saluons sans même nous regarder. Et pourtant nous n'habitons pas un immense immeuble d'une mégapole, mais un petit immeuble provincial, dans une ville en bordure de forêt. Telle est ma vie de scénariste, qui scribouille des histoires rocambolesques et chaleureuses en menant une vie monotone et dépouillée.

Chaque après-midi, je sors marcher. Je fais le tour du lac des Rémiguières, pour fuir l'atroce semi-obscurité de mon bureau et la luminosité obsédante de mon ordinateur. Je prends un bain de lumière qui vivifie mes yeux, ma peau, mes muscles. Puis je rentre me connecter à mes mails professionnels et je reprends l'écriture des épisodes de séries que je dois rendre sous peu.

Telle est ma vie de scénariste qui fait courir les personnages dans des vies variées, rocambolesques, fascinantes, assis voûté face à l'écran qui avale ma vie, à écrire des histoires qui un jour bougeront sur d'autres écrans pour happer la vie de millions de téléspectateurs qui ne connaissent pas mon nom.

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Revoir sur AlmaSoror : Patio

et

Le dogme littéraire de Max Farmsen

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jeudi, 28 septembre 2017 | Lien permanent

L'écriture minimaliste – ou répétitive. Suite de poèmes répétitifs pour hautbois.

L'écriture minimaliste - ou écriture répétitive, s'est attaquée à nous (Edith de CL et Edith M, miroirs l'une de l'autre), le premier matin du mois d'octobre 2017 aux Sables d'Olonne, dans un second jour de l'appartement du rez-de-chaussée, aussi sombre que la lumière dehors était éclatante - mais je restais dans le second jour. Voici donc le premier opus de la Suite de poèmes répétitifs pour hautbois.

I Il était une fois.

Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois. Porte de pierre. Il était une fois. Porte de bois. Il était une fois. Porte de pierre. Il était une fois. Porte de bois. Guitare ! Guitare ! Guitare ! Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois. Porte de pierre, porte de bois. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois. Porte de pierre, porte de bois. Hautbois. Hautbois. Hautbois.

Et si c'était un rien, une idée, une esquisse, une magie dans les vagues idéales de l'oubli...

Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois. Porte de pierre, porte de bois. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois. Porte de pierre, porte de bois. Clarinette ! Trompette ? Clarinette !

Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois, encore une fois. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois, une autre fois. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois, encore une fois. Il était une fois – sucre, étoile, louve. Il était une fois. Guitare, guitares, hautbois.

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dimanche, 08 octobre 2017 | Lien permanent | Commentaires (1)

Ne pas tomber.

musique ambient,solitude,vagues,deru,neveux

Suivre le fil du temps qui reste, incertain, mais présent. C'est ce soir que je suis seule. C'est ce soir que je suis ivre. C'est ce soir que je suis libre. Une musique d'ambient m'accompagne. Dans ses silences, se prolonge le silence qui m'entoure. Parce que la route est cachée par des arbres qui se dénudent. Peu à peu, la nuit tombe comme un rêve sombre sur mes pensées. J'aurais voulu écrire, mais l'air est trop intense. Des odeurs d'herbes fines montent jusqu'à la fenêtre. Trois petites lumières douces aménagent ma pénombre. Une folie susurre à mon oreille d'entamer la métamorphose irréversible ; je l'écoute sans succomber à son piège. J'aime cet instant ; j'aime cette instance. Je songe à mes neveux qui s'endorment peut-être, dans de petits lits franciliens. Chacun d'entre eux m'a donné une raison de tenir debout, de chanter, de danser. Toutes les lectures de ma vie ont infusé mon monde intérieur, je suis ce que je suis et ce que j'ai acquis en tournant des pages pleines de phrases. C'est le phrasé d'une vie, le verbe incarné, le rêve descendu de la pensée pour prendre corps. Sa résonance, d'écho en écho, se multiplie à l'infini. Alors que la musique définit un labyrinthe aux formes molles, telles des tubes glissants, l'inspir et l'expir ralentissent et se déploient, comme des vagues qui ne s'arrêteront jamais. Ce soir, dans la verdeur sublime de l'impulsion, je chevauche ma propre respiration.

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mercredi, 23 octobre 2019 | Lien permanent

Europa Europa, sol invictus, lux aeterna

Qu'est-ce que l'Europe ?

L'Europe est ce jardin que des troupes débraillées ont saccagé, parce que les gardiens ont eu honte d'eux-mêmes. L'Europe est ce jardin au mitan duquel ce million d'enfants masqués s'éveillera demain, million de visages uniques, de destins singuliers, d'âmes boréales.

À quoi ressemble l'Europe ?

Invaincue, l'Europe connaît chaque jour plus de mille couchers de soleils et ses lunes ont les figures de l'éternité.

Qui est l'Europe ?

L'Europe est cette église que des hérauts du Vide ont incendiée, parce que leur envie de posséder dominait leur soif de Dieu. Mais l'Autel incassable du Sacrifice sera toujours visible, comme l'étoile du matin, par les mendiants de lumière et par les combattants de la grandeur.

Où se trouve l'Europe ?

L'Europe est cette montagne au milieu des montagnes, ces vallées qui montent au sommet, l'Europe est cette cime qui reste immaculée même lorsqu'on l'a gravie.

Comment agit l'Europe ?

L'Europe est cette forme sonore et visuelle, mouvante, émouvante, croyante, relaps, crucifiée, pure et nature... L'Europe est ce bouillon de cultures.

Comment trouver l'Europe ?

L'Europe est cet océan traversé par les rayons de plus de mille phares, car la navigation, délicate, mène aux sept ports de la sagesse.

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mardi, 06 octobre 2020 | Lien permanent

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