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samedi, 01 mars 2025

... les défauts de celui que j’aime

… « et nemo nisi per amicitiam cognoscitur », Henri-Irénée Marrou commence par citer saint Augustin (« on ne peut connaître personne sinon par l’amitié », sentence appartement aux quatre-vingt-trois questions diverses),

Puis il poursuit : « L’amitié authentique, dans la vie comme dans l’histoire, suppose la vérité : rien n’est plus contestable que la conception que, d’après les Tharaud, Péguy se serait faite de l’amitié : à les en croire, il aimait chez ses amis l’image idéale qu’il en caressait, quitte à les rejeter lorsqu’il s’apercevrait un jour qu’ils n’incarnaient pas, ou pas assez, l’archétype dont il leur avait confié le rôle. Une passion sincère n’abolit pas le sens du réel : je me réjouis en un sens de découvrir même les limites, même les défauts de celui que j’aime, parce que ce contact, parfois brutal, avec l’existant me confirme sa réalité, son altérité essentielle : puisqu’il n’est pas confondu avec mon rêve, c’est donc qu’il n’est pas le fruit d’une illusion complaisante ; à qui sait aimer, cette expérience de l’autre, cette sortie de soi permettra de surmonter toute désillusion. »

IN De la connaissance historique, de Henri-Irénée Marrou, chapitre 4

lundi, 26 janvier 2015

Homme sacré

 

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Tu étais assis à cette terrasse de café au soleil face au parking qui, lorsque je te vis, me parut aussi beau qu'un océan, avec ses vagues de capots et son ballet d'allées et venues sur les étendues de macadam. Tu étais presque bien rasé, tu portais une chemise sans caractère et tu contemplais l'inconnu. Sur ta table étaient posés deux livres : les Confessions de Saint-Augustin et Homo Sacer, de Giorgio Agamben.

T'apercevoir, me donna l'impression neuve de vivre. Je devais rejoindre un petit groupe dans le centre culturel du bout de la route mais je m'assis à une table, non loin de celle où tu attendais tranquillement que rien ne se passe. Nos regards se croisèrent une seconde et tes lèvres sourirent vaguement, puis retournèrent à leur expression réfléchie et rêveuse.

Ce n'est que bien longtemps après que j'ai appris ton nom : Anne-Pierre Lallande, et ta foi : l'enfance. Tu étais mort déjà et mon âme t'aimait pour toujours.

 

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