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mercredi, 27 février 2019

Mourir, sourire, à chaque instant

Lhasa de Sela, Atahualpa Yupanqui, Chavela Vargas, ces jours ci. Pourquoi ? Peu importe. Et le soleil de février. Les hauts immeubles si laids, que le soleil rend beaux et chantants. Les premiers cheveux blancs. La musique emporte l'adhésion, les jeux des ombres sur les murs apaisent une âme souvent envahie par le trouble. Le calme profond descend au fond du corps. La chambre ne ressemble pas aux chambres d'avant.

Non ce n'est pas Lisbonne ici, malgré la voix d'Amalia Rodriguez, non ce n'est pas Arequipa, malgré la belle photographie au mur de la cité catholique Santa Catalina, non ce n'est pas Barcelone, ni Ceuta ! C'est l'ancien village de Charonne, qui brille comme un rêve en ce début d'après-midi de la fin février. La boussole sur le bureau indique en tremblotant le Nord, et le soleil nous vient du Sud et de l'Est et dessine des chemins de traverse sur le béton, la pierre, la tôle, la brique...

Francisco Tarrega rappelle les longs moments d'étude d'une adolescente qui ne sait pas qu'un jour elle abandonnera sa guitare. Rue des Orteaux, rue des Vignoles, rue Vitruve, rue de Fontarabie. Rue de la vieillesse qui viendra, rue de la jeunesse qui s'en va.

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lundi, 09 février 2015

Préscience et conscience

Les cloches de Saint-Jean Bosco résonnent dans la chambre où nous nous reposons en regardant les toits. Nous sommes au sixième étage d'un immeuble entouré d'immeubles, à l'endroit où, il y a quelques siècles, des vignes attendaient le retour du printemps pour fleurir. Au loin, les arbres du père Lachaise donnent un air de campagne. « Dans les cimetières l'esprit des lieux l'emporte toujours sur l'esprit du temps », dit Hazan dans son étude sur L'invention de Paris. J'ai mis du temps à me rendre compte que mon bonheur ne réside pas dans l'effet que je produis sur les autres, mais dans l'impression que j'ai de moi-même. J'ai besoin, à l'écart des relations humaines, au bout de quelques heures de solitude, de sentir que je n'ai pas trahi mon cœur, ni mon prochain. Mon cœur, peut-être, est mon premier prochain. Les ruines et les caresses possèdent cette même magie : elles ne sont pas reproductibles, on ne peut les créer à notre convenance. Tout d'un coup surgit la caresse du vent, unique, et son souvenir ne s'évanouira jamais. Au détour d'un sentier, une ruine ; dans le centre de Détroit, Michigan, USA, une ruine. Elles ne ressemblent qu'à elles-mêmes, ces ruines, parlent immédiatement à l'âme de chacun, et personne ne peut les imiter ou les reproduire exactement. La caresse est un geste éphémère, la ruine est une expérience sans raccourci. La violence ne possède aucune magie. Elle est reproductible. Je ne crois pas qu'elle soit jamais belle. Quelquefois, lors d'une révolution, d'une délivrance, on la confond avec une beauté qui l'accompagne, c'est tout. La douceur a deux visages : celui qui m'emplit d'émerveillement, celui qui m'emplit de mollesse. Quelquefois, la violence se cache à l'intérieur de la douceur, et elle nous fait haïr la douceur. Un grand nombre de choses vues et vécues restent incompréhensibles à nos sondes psychologiques. Nous cherchons le sens, nous trouvons l'absence. Nous cherchons l'ami, nous trouvons l'ombre. Nous cherchons la source, nous trouvons l'instant présent.