samedi, 24 octobre 2020
L'incertitude, comme maltraitance morale
Je ne parviens plus à penser, parce que les annonces contradictoires, sanitaires et politiques, me maintiennent en état de tension, d'autant qu'elles revêtent un caractère temporaire et sont remplacées régulièrement par d'autres annonces. La population se retrouve en état d'insécurité, ne sachant pas comment s'organiser, tentant toujours de deviner ce qui sera permis ou interdit le surlendemain.
Jamais je n'ai vécu un tel moment : de longs mois au cours desquels on entend régulièrement les gens, dans la rue, dans les magasins, parler de la même chose que nous : les événements. On commente, sans pouvoir penser. On suppute, sans pouvoir prévoir. On attend demain, mais demain devient aujourd'hui où l'on attend demain, qui demeure incertain.
Et peu à peu le nombre de gens qui pensent qu'hier reviendra rétrécit comme peau de chagrin. De plus en plus, nous sentons qu'une page s'est tournée, que nous avons pénétré dans une terre de méandres et de sables mouvants. Je n'ai plus de boussole, je n'ai plus d'aimant.
Il faudrait pouvoir fuir dans de gros bouquins passionnants, mais ma défaillante volonté et mon grégaire instinct me ramènent toujours à faire « clic clic » sur des claviers plus ou moins larges afin de lire des nouvelles inutiles et alarmantes, comme un alcoolique se ressert un verre, comme un fumeur invétéré rallume une clope, malgré la décision prise d'arrêter une demi-heure auparavant.
« Seigneur, reste avec nous car le soir tombe » et que les lumières artificielles n'éclairent que nos doutes.
Sur le blog de David Madore, un article parlant
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