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dimanche, 25 décembre 2011

Insomnie bretonne à Paris

C'était lors d'une insomnie, à Paris. J'ouvris la fenêtre et les mains qui vivaient alors à côté de moi mirent le disque sur le vieux tourne-disque. Il n'y a plus de disques ni de tourne-disques aujourd'hui, il y a des blogueuses à Insomniapolis, qui tuent le temps en sauvant quelque chose de l'espace mental. Le vent de la ville tournait dans ma tête et c'était un vent chargé d'un peu de mer de l'Ouest, je vous le jure. Il y avait le souvenir des émeutes et des vengeances personnelles qui se maquillaient en politique. Il y avait la mémoire des mots de grand-mère, de la silhouette d'un très vieil oncle. Et loin de l'Erdre où j'avais tant cru, à quelques pas de la Seine où j'avais tant bu, c'était la voix de Gilles Servat qui tanguait un air de nostalgie. Et je me demandais : est-on encore bretonne quand on a tout perdu ? Mais on n'a rien perdu quand on dort dans une antre, que la ville n'est pas froide, car clochards et chiens n'ont ni toits, ni murs. La seule question tangible était : est-on encore bretonne quand on a perdu quelque chose ? La réponse se chante en chansons. On dort en Bretagne dans toutes les villes du monde quand on pleure en souriant dans la bise nocturne. 

 

Édith 

(Merci à l'internaute à qui j'emprunte la vidéo)