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jeudi, 17 janvier 2013

Qu'est-ce que le polar ? - Paralittératures

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Photos de H.L.


Né à l'aube du XX°siècle, le polar a connu un grand essor depuis.

Un jour, nous étudierons la définition de polar, ou roman noir ; ainsi que l'expression "paralittérature".

Nous parlerons de Paul d'Ivoi, à cheval entre le roman d'aventure et le roman policier ; Gaston Leroux, précurseur à la fois du roman policier français et du roman d'horreur et de fantastique ; Maurice Leblanc et son frère-ennemi, sa créature Arsène Lupin.
Nous mentionnerons l'existence de la collection, chez Gallimard, de la Série noire, pour s'introduire dans les arcanes de la collection enfantine de mini-polars Souris noire.

Un soir, nous relirons ensemble plusieurs albums illustrés directement inspirés du polar : La reine des fourmis a disparu, de Roca et Bernard ;
La série des Chatterton, d'Yvan Pommaux ;
Et le scandaleux Petit chaperon rouge, de Sarah Moon.


Qu'est-ce que le polar ?


Le mot polar correspond au mot anglais "thriller".

Avant "thriller", on disait, en anglais, "detective novel".


Pour traduire "detective novel" en français, les Français ont d'abord hésité entre "roman policier" et "roman judiciaire". Selon le Dictionnaire historique de la langue française, l'expression "roman policier" date de 1908.

Peu à peu, "roman policier" s'est imposé, on a cessé de dire "roman judiciaire".
Et puis, pour parler plus vite, on dit, "un policier" pour désigner un roman policier.

Enfin, de façon argotique, "policier" est devenu "polar".
Selon le Dictionnaire historique de la langue française, le mot "polar" date de 1970.

ROMAN NOIR
Une autre expression est employée en français pour parler du polar, c'est le "roman noir". Noir, parce que l'univers de cette littérature est sombre. Les événements s'y déroulent souvent la nuit, dans les quartiers laissés à l'abandon, dans des zones oubliées par la société. Ce qui est blanc est assimilé à la lumière, ce qui est noir à la nuit. De plus, à l'instar du polar américain, le polar a souvent une connotation sociale : on y dévoile les aspects les moins reluisants de la société, on y dénonce la corruption.
Le monde du polar est le monde du sombre, du caché, du ténébreux, l'inframonde, celui que les "gens normaux" ne voient pas ou ne veulent pas voir.

ESTHETIQUE
Enfin, sur le plan éditorial, le polar est lié à une certaine esthérique, noire et blanche avec un peu de rouge, pour le sang. L'identité visuelle du polar est présente dès la couverture du roman. Souvent, les auteurs jouent avec cette identité, s'habillant en noir, ayant des airs de personnages de leurs romans.

FESTIVAL
Il existe plusieurs Salon du polar en France. Le plus connu est celui qui a lieu dans la ville de Cognac, en Charente.

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La ville de Cognac :

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(Photo volée ici)

 

La boisson "Cognac" :

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Paralittératures

Qu'est-ce que la paralittérature ?
Le mot désigne les littératures populaires, celles qui ne sont pas considérées par les "élites" comme de la vraie littérature.
Un prestige est attaché à la littérature. Aussi, tout ce qui est écriture mais n'accède pas à ce prestige est taxé de paralittérature.

Ce mot a été inventé pour désigner le roman populaire, celui qui connait des tirages de masses, un grand succès populaire, écrit par des auteurs dénués d'élitisme.
Exemples au XIX°siècle : Alexandre Dumas, Eugène Sue. Eux, ont fini par être reconnus comme des écrivains à part entière.

Exemples de paralittératures :

Littérature pour les enfants
Roman noir (ou polar)
Science-fiction
Fantastique (fantasy)
Littérature érotique
Roman photo
Bande dessinée
Roman historique

Bien que la poésie ne soit pas vraiment de la littérature, on ne la classe pas dans les "paralittératures", car elle a un grand prestige.


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ROMANS DE GARE

Pour cette littérature dite facile (facile à lire, soi-disant facile à faire !), on emploie aussi l'expression "romans de gare" : les romans qu'on achète dans une gare pour se distraire lors d'un voyage en train.
Faciles à lire, ce sont, soit des romans policiers, soit des histoires d'amour à l'eau de rose (sirupeuses).

Exemple : Les écrivains Guy des Cars et Jean des Cars, auteurs très populaires, méprisés par les élites, étaient souvent appelés par les critiques "Guy des Gares" et Jean des Gares, pour souligner qu'ils ne faisaient pas de la vraie littérature, mais des romans de gare.

Le cinéaste Claude Lelouch a tourné un film intitulé Roman de gare... Qui raconte l'histoire d'une écrivain de romans policiers.

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En bref, le mot paralittérature a d'abord servi pour décrire tout ce qui, dans le domaine littéraire, recevait le mépris des universitaires.
Puis, peu à peu, un intérêt s'est accru pour les littératures populaires. Alors le mot paralittérature a pris le sens de "littératures marginales".
Mais, bientôt, avec Internet, l'affluence des oeuvres multimédia, il y aura certainement moins besoin de séparer radicalement la "littérature noble et pure" des autres littératures.

Alors, comment fera-t-on pour établir une différence entre l'art des élites, respectable, et l'art des masses, pitoyable ? Bah, on inventera autre chose !

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mardi, 26 janvier 2010

Colonisation, par Sara

 

Le donjuanisme, ressort caché de la colonisation

Le site de l'auteur : http://universdesara.org/

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Un âne enfermé dans un zoo, par Sara

"On est partagé entre le ciel et la fragrance du trop plein végétal. Deux sources de révélations, de tristesses et des joies les plus secrètes : des sources vives qui offrent pour la première fois la joie de vivre, d'être vivant, de se mouvoir et de respirer librement, sans souci, sans règle, sans restriction... Comment apaiser la soif de ses yeux, de ses bras - une soif de sensations vertigineuses et fortes, une soif de se consumer, une soif de mort ?" Ce texte est extrait de l'Inde de Mircea Eliade, écrit à partir des notes qu'il a prises lors de son séjour en Inde entre 1928 et 1932.

Mircea Eliade est en train de nous dire qu'il habite un corps mort, un corps qui ne ressent plus rien. Il est donc obligé de partir loin, très loin pour que des sensations nouvelles excitent son corps, ses émotions, ses sensations et lui donnent le sentiment qu'il vit, ou qu'il meurt d'extase ("une soif de mort").

Les champs, les cieux, les bêtes de sa Roumanie natale ne le touchent pas. Les beaux paysages de France où il a vécu également ne peuvent émouvoir ses sens épuisés. Ce ne sont pas les lieux qui sont en cause. De nombreux peintres ou écrivains ont vibré de toutes les fibres de leur sensibilité à la beauté des paysages de France ou de Roumanie. Les sens engourdis de Mircea Eliade ne lui permettent plus de ressentir.

Cette propension à chercher toujours plus loin la sensation, le désir de vivre "sans règle, sans restriction" - pourtant l'Inde est une vieille civilisation à la religion millénaire remplie de codes et d'obligations - rappelle un personnage de notre littérature : Don Juan qui s'épuise dans une quête vaine d'un "autre" qui soit capable de le faire vibrer. Mais la rencontre échoue toujours. Toujours, il est déçu. Il part de nouveau à la recherche d'autres émotions. En vain.

Le livre de Mircea Eliade est rempli de mortification, de haine de sa civilisation, de sa culture, de lui-même enfin. Il croit trouver ailleurs l'extase. Il est atteint de ce qu'on pourrait appeler le "donjuanisme ethnologique". Comme Don Juan, il ne regarde que lui-même. Il ne sait s'il se hait ou s'il s'adore.


Deux livres parmi les plus beaux albums de la littérature jeunesse contemporaine abordent ce thème : les Don Juan de la colonisation. Seulement les auteurs y apportent un esprit critique, une analyse subtile une dénonciation efficace des ressorts cachés de la colonisation par la fiction, par le style, par les images superbes. Ils mettent en scène cette recherche de terres ou d'êtres nouveaux, inconnus.

Dans "Les derniers géants", François Place imagine la prise de conscience de l'explorateur. Ce scientifique du XIX° siècle part, seul, à la recherche de géants dont il découvre la civilisation cachée. Quand il revient dans son pays, il se taille un immense succès avec sa découverte qu'il clame dans des conférences, des articles de journaux… Il trouve facilement de l'argent pour monter une expédition scientifique jusqu'à ce pays mystérieux et inaccessible des Géants. Mais c'est la mort de ceux-ci qu'il découvre en arrivant : "Soudain un silence vertigineux de révolte, d'horreur et de douleur m'enveloppa. Et j'entendis, du fond de cet abîme de chagrin, une voix mélodieuse - oh ! comme je la reconnaissais ! - me reprocher dans sa belle langue musicale : Ne pouvais-tu garder le silence ?".


Dans "Jeanne et le Mokélé", Fred Bernard, accompagné des illustrations de François Roca, choisit une héroïne qui refuse les découvertes de son père :

"Sur le navire qui nous ramène en France, je veux jeter les films à la mer.

Le désaccord. Avec mon père et la science. Avec Eugène et l'argent.

La tempête.

Le destin en ma faveur : le naufrage. Le bateau sombre. Les bobines coulent."

Son journal de bord ressemble à des litanies comme si c'était leur récitation qui avait le pouvoir de contrecarrer les expéditions des "découvreurs".


L'histoire du monde est remplie de ces batailles de domination de peuples par d'autres. Ce sont des histoires de guerriers et de pouvoirs. La caractéristique de notre décolonisation est dans la mauvaise conscience du colonisateur et la transformation de son désir de domination en une recherche affectée de la nature de l'autre civilisation. Il faut se diriger vers le rayon "enfants" d'une librairie pour trouver des livres qui disent quelque chose de juste sur le sujet.

 


Sara