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samedi, 01 mars 2014

Santiago Rusiñol, de fantaisie et de lumière

 Voici un savoureux extrait des souvenirs de Léon Daudet, sur le peintre et écrivain catalan Santiago Rusiñol, fils de la fantaisie et de la lumière, en effet.

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« Je veux clore cette rapide revue de quelques artistes contemporains par un fils de la fantaisie et de la lumière, le peintre et dramaturge catalan Santiago Rusiñol, mon très cher ami.

Dès notre première rencontre je l’ai aimé, parce qu’il ressemble à Alphonse Daudet. Même bain de soleil épandu sur le front, le regard et le sourire, avec cette différence que l’éternel cigare de Santiago remplace, au coin des lèvres, l’éternelle petite pipe de mon père. Mêmes cheveux abondants, que partage une raie bien droite. Chez Santiago, ces cheveux sont moins longs et ils commencent à blanchir ferme, mais chez Santiago, comme chez Alphonse Daudet, quelque chose ne vieillit pas : le charme conjugué de la bonté et de la sensibilité, une bonté qui rit, pleure et panse les plaies, une sensibilité frémissante ainsi qu’un bouleau sous un ciel d’orage. La vision morale de Santiago Rusiñol est perpétuellement oscillante entre l’ironie tempérée et les larmes, perpétuellement aimante et déçue. Dans ses Fulls de la vida, qui sont de courtes notes sur les pointes quotidiennes de la vie, les plus aiguës, les plus pénétrantes, il note un croisement de trains, dans une petite gare, entre soldats partant pour la guerre de Cuba et paysans rentrant au logis. Les soldats chantent un chant guerrier, les paysans un chant d’amour. Pendant l’arrêt, ils échangent leurs états d’âme et voilà les soldats qui chantent l’amour et les paysans qui chantent la guerre, tandis que les convois se séparent.

Autre récit : pendant un accès de fièvre, un voyageur, couché dans une chambre d’hôtel humide, interprète les cercles de moisissure du plafond ainsi qu’un merveilleux paysage. Le lendemain, il part. L’année suivante, revenant au même endroit, il demande la même chambre, désireux de retrouver son mirage : « Oh ! monsieur, lui dit fièrement la servante,vous allez être content. Nous avons fait nettoyer le plafond. Il est propre maintenant comme un sou neuf. »

C’est ce que j’ai baptisé l’observation santiaguesque, où il entre beaucoup de la vive manière de Cervantès. Voilà pourquoi le dernier volume de Rusiñol — qui en a écrit une vingtaine et presque autant de pièces de théâtre — le Catalan de la Manche, est un chef-d’œuvre. Mais il faut entendre ce fils génial du terroir et de la fantaisie raconter, comme il sait le faire, en accentuant les finales : « Figoure-toi, Léon, qu’en Espagne, on avait, un moment, la marotte de copier dans l’armée les procédés allemands… Les Allemands coupent les queues des chevaux. Bon, se dirent les officiers de cavalerie espagnols, nous allons couper les queues des nôtres. Oui, mais, mon cher, ils avaient oublié les mouches. De sorte que dans la campagne, après cette belle opération, on ne voyait que des chevaux dressés et crispés comme des hippocampes, parce que, tu comprends, les mouches les mordaient, sans souci des théories allemandes. »

Au sujet d’Ibsen, que Santiago appelle « Ibsain » : « J’ai assisté en Andalousie, à une représentation des Revenants d’Ibsain. C’était en matinée, en juillet. On crevait tellement de chaud que la sueur coulait du col des gens dans leurs pieds. Le soleil était tellement perpendiculaire qu’on croyait que jamais il ne descendrait de là. Au dernier acte, quand le héros d’Ibsain crie avec émerveillement : « Le soleil, mère, le soleil ! » tout le monde a applaudi à outrance, mais chacun pensait à part soi : « Ce n’est pas une chose si rare et on l’a assez vu aujourd’hui, le soleil. »

C’est, sous une forme plaisante, toute la critique de la transplantation des œuvres et du snobisme concomitant.

Revenant d’un voyage en Amérique du Sud, Santiago racontait une chasse aux crocodiles à laquelle on l’avait invité avec insistance, en lui assurant que les crocodiles avaient les pattes trop courtes pour rattraper les humains. On arrive au bord du fleuve. Santiago se met en embuscade et commence à peindre, car il est aussi grand peintre que grand dramaturge et ses Jardins d’Espagne sont célèbres. Le crocodile, écartant les roseaux, montre sa tête triangulaire : « Diable ! crie Santiago à son guide, vous êtes bien sûr que celui-là aussi a les pattes courtes ?… » Il définit les Américains : « une race qui a passé sans transition du perroquet au phonographe ».

Comblé par la nature de tous les dons et, par-dessus le marché, d’une belle fortune, Santiago Rusiñol est indifférent aux avantages que procure l’argent. Il vit en dehors des conventions et des contraintes, sans aucune révolte, mais avec l’amour invincible de sa liberté. L’idée qu’on voudrait la lui enlever le fait rire. Quand quelqu’un ou quelque chose l’ennuie, il s’en va sans se fâcher. À quoi bon se fâcher ? Je ne l’ai jamais vu en colère. Le rhumatisme même excite sa verve : « Si ce cochon-là me nouait les doigts, je peindrais avec mon poignet, s’il me nouait le poignet, avec mon bras. Je ne peindrais plus que des horizons, voilà tout. »

Comme il peint souvent en plein air, à Grenade, à Aranjuez et ailleurs, il est très vite entouré d’enfants, qui sont les moustiques du paysagiste : « Au lieu de les chasser, je leur donne, pour jouer, deux gros tubes de couleur rouge et bleue. Au bout de cinq minutes, ils sont bariolés de rouge et de bleu. Alors leurs mères, avec de grands cris les rappellent, les fessent et m’en débarrassent. »

Avec des amis, peintres comme lui, il a voyagé à petites journées en Espagne, dans deux roulottes, pleines d’objets de ménage. Le jeu consistait à choisir un village bien pauvre, bien dénué, comme il y en a, par exemple, en Estramadure ou dans la Manche, et à ameuter les gens sur la place, en jouant du tambour et de la trompette. Les commères s’approchaient, marchandaient :

— Combien, ce pot à eau ?

— Trente pesetas !

— Trente pesetas, mais vous êtes fous ! Ça ne vaut pas plus de trois pesetas.

— Ah ! vous croyez ! En ce cas, je vous le donne pour rien. Emportez-le, et cette cuvette par-dessus le marché.

Les paysans songeaient : voilà de singuliers commerçants. « Au village suivant, ajoute Santiago, la police nous demandait nos papiers. Quand on donne sa marchandise gratis, on est suspect à la police. »

Une autre fois, Santiago, son ami Utrillo et un autre avaient loué la petite maison du douanier, à l’entrée d’un gros bourg.

Santiago se coiffait de la casquette officielle sur ses cheveux longs, arrêtait les voitures d’huile, prenait une mine sévère : « C’est de l’huile que vous avez là-dedans ? »

— Oui certainement, monsieur, de l’huile. Et je vais acquitter les droits.

— Gardez-vous-en bien. Comme je ne suis pas sûr que ce soit de l’huile, je préfère vous laisser passer sans payer.

— Mais vous n’avez qu’à vous assurer par vous-même que c’est bien de l’huile.

— Oh ! non, je suis trop paresseux. Et puis il est si facile d’imiter l’huile. Passez sans payer. Je vais même faire mieux. Voici pour vous cinq pesetas de la part du gouvernement. »

Le charretier songeait : « Voilà un drôle de douanier. »

Lobre et Santiago villégiaturaient dans un village de l’Île-de-France. Car Santiago est aussi Français, Parisien et même vieux Montmartrois de cœur que Catalan, ce qui n’est pas peu dire. Santiago a une crise de rhumatisme. Le temps étant beau, Lobre, aidé de l’aubergiste, descend le lit, avec Santiago dedans, l’installe au beau milieu de la rue du village. Rassemblement autour de ce monsieur aux longs cheveux, à l’air étranger, qui fume, étendu, un immense cigare. Tout à coup, le monsieur s’assied, cale son oreiller, demande une guitare et se met à jouer une malagueña, puis un fandango, puis une polka : « Ils ont fini par danser autour de moi jusqu’au soir, et je ne m’arrêtais que pour faire ouë ! aïe ! aïe ! à cause de ce satané rhumatisme. Tu te rappelles, Lovre, — Santiago prononce les b comme des v, — quel agréavle après-midi ! »

Les souvenirs épiques de ses séjours à Montmartre, — il habitait à côté du fameux Moulin, — sont consignés dans un ouvrage qui rappelle les Scènes de la vie de Bohème. On peignait toute la journée. Le soir, on allait dîner chez le père Poncier, un caboulot de la place du Tertre, où l’entrecôte Bercy était réconfortante, le vin parfait. C’est un axiome de Rusiñol que « tout ce qui s’appelle Bercy est bon ». Excellent cuisinier, il réussit comme personne l’escoudelia, plat national catalan, analogue à notre pot-au-feu, et le riz à la majorcaine, c’est-à-dire au poisson et au poulet. Ne vous effrayez pas de ce mélange, qui exige seulement le tour de main.

Mais les quelques traits que je viens de rapporter, simples herbes folles dans le champ immense et varié de l’humour du prince des Catalans, ne donnent qu’une idée sommaire et superficielle de ce magnifique esprit. Pour le connaître, il ne faut pas seulement le voir vivre, rire, fumer et l’entendre chanter. Il faut lire ses livres et ses pièces. Il faut regarder ses tableaux.

Santiago Rusiñol, dramaturge et romancier, sait choisir et traiter des sujets conformes à sa nature. Il apporte à ce choix une haute sagesse, une pondération qui est comme l’axe fixe et solide de ses éblouissantes inventions. La Nuit de l’amour, scène tragique et lyrique de la nuit de la Saint-Jean, la Joie qui passe, le Héros, le Patio bleu, la Laide, les Mystiques et tant d’autres œuvres dramatiques, se distinguent de toute la production espagnole contemporaine par une grâce naturelle, une simplicité, une chaleur passionnée et une gaieté mélancolique sans pareilles. D’autres font métier d’écrire. Santiago projette sa personnalité, incorpore le spectacle du monde et s’amuse de ce va-et-vient. Sa vue est saine et directe. Son dialogue, d’une réalité immédiate, fait s’esclaffer un public de paysans comme un public d’artistes raffinés. J’ai prononcé à son sujet le nom de Cervantès, mais il conçoit aussi comme Molière, il ouvre, comme ces deux génies, dans l’amère observation des travers humains, de larges baies d’une irrésistible bouffonnerie. Les vaniteux, les sots, les avares, les hallucinés nous sont restitués fidèlement, exactement et, néanmoins, il flotte au-dessus d’eux une compréhension apitoyée, qui les baigne à la façon d’un clair de lune somptueux et doux. Ils nous apparaissent à la barre du moraliste, environnés, enrichis de toutes les circonstances atténuantes possibles : « Le plus mauvais n’est pas pour bien longtemps sur la terre, Léon, tu sais. » Un mot exprime cela : générosité. La puissance de ce grand créateur, de ce typificateur perpétuel, réside en ceci qu’il est un prodigue, qu’il dépense sans compter la bonne humeur, les belles formules, les chants harmonieux et les appréciations miséricordieuses. Le véritable artiste ne calcule pas. Son existence est un don continu de lui-même.

Le théâtre de Santiago Rusiñol nous montre de préférence « ce monde où l’action n’est pas la sœur du rêve », comme dit Baudelaire. Mus par de nobles sentiments, ses personnages,en voulant reconstruire la société ou réformer les mœurs, ou tout soumettre à une règle stricte, développent du même coup des principes d’erreur en conséquences douloureuses ou réjouissantes. Les zigzags de la volonté humaine à travers les réalités dessinent des figures amusantes, que l’auteur ne laisse presque jamais dégénérer en caricatures. Mais il connaît les pentes humaines, l’accélération des choses, les déformations qu’apportent le temps, les passions, les circonstances. Ainsi s’édifie une œuvre dramatique qui s’impose déjà à l’attention des critiques, qui demain apparaîtra comme la plus importante, la plus nerveuse, la plus nuancée de l’Espagne actuelle. Rusiñol a cet avantage et ce défaut d’écrire directement en catalan, car il est mistralien dans l’âme. Avantage quant à la fraîcheur et à la puissance du style, que ses compatriotes comparent au castillan de Cervantes. Défaut au regard du succès, qui doit ainsi vaincre deux obstacles pour la traduction en castillan, trois obstacles pour la retraduction du castillan en français, ou en italien. Cette œuvre abondante et typique est d’essence latine. Elle ne s’embringue d’aucune des considérations métaphysiques qui obscurcissent, à la façon d’apports étrangers, l’œuvre de José Echegaray par exemple. Ainsi qu’aux arènes, un jour de course, il y a le côté ombre, le côté soleil, les vertus et les vices sont à fleur de peau ; l’on entend les cris aigus des marchands de pâtisserie et la palpitation des éventails accompagne celle des cœurs féminins. Le mélange de l’ironique et du voluptueux est incessant. Imaginez une fille de là-bas, cambrée et solide, aux pieds nus dans la poussière, peau mate, yeux noirs, lèvres rouges, qui rit au soleil sur un pont de Tolède : telle est la muse de Santiago. Élevé librement à la campagne, aux environs de Barcelone, dans la nature chantante et dorée, il a appliqué cette vision pastorale, cette joie du plein air, aux observations complexes et âpres de la société moderne. De là le pincement d’une double corde, donnant à ce qu’il écrit une saveur unique, d’angoisse mêlée à la jouissance.

Ce qu’il peint est beau et profond comme la nuit étoilée de la Vega andalouse. Ses tableaux sont superposables au lyrique de ses drames, de ses contes, de ses romans, mais l’ironie a disparu ; car la nature toute nue n’est jamais ridicule. Un album en couleur de la série des Jardins d’Espagne, publié à Barcelone chez Lopez, avec une rare perfection lithographique, donne une idée de cette féerie de l’œil et de l’imagination.

— Qu’est-ce qui t’amuse le plus, Santiago, écrire ou peindre ?

— Oh ! peindre, Léon, sans comparaison ! Tu comprends que quand tombe le soir et que je suis au Généralife, ma toile devant moi, ma boîte à couleurs à côté de moi, je ne sens point passer les heures. En Andalousie, il y a toujours quelqu’un qui chante sur la route un peu plus loin et, si tard que ce soit, on entend ce chant, repris par un autre, à mesure qu’il se perd dans les ténèbres. Tu penses si je suis content ! Il n’y a que de regarder mes verreries anciennes à Sijers qui me soit aussi agréable. Et puis aussi me promener dans les rues en été à Paris. »

Santiago met trois ou quatre r à rues et à Paris. Il parle le français très bien, très naturellement, comme l’un de nous, mais il dit une « estatue », un « esquelette ». « C’est ce que tu veux » au lieu de : « Qu’est-ce que tu veux. » Quand on soutient devant lui une idée paradoxale ou un jugement qu’il croit faux, il n’insiste pas, il a un geste de la main, très insouciant, très espagnol, et qui signifie : « Après tout, si vous y tenez absolument… », et il ajoute : « C’est ce qu’il dit est bête, et même très bête, mais j’ai pas voulu le contrarier ». Pour signifier la méfiance, il appuie l’index de sa main droite sur la paupière inférieure de l’œil droit et il tire celle-ci en bas légèrement. Ça veut dire : « Attention ! on ne me la fait pas. » Il supporte allègrement qu’on lui conte des blagues, qu’on lui rogne sa part, qu’on le tape d’un billet de cinquante ou de cent francs. Mais il sait parfaitement à quoi s’en tenir sur le farceur, le mauvais camarade ou le tapeur : « Je m’en fiche, ce n’est pas un ami. C’est un type que j’ai seulement rencontré chez Weverre », c’est-à-dire au café Weber, rue Royale. C’est là, en effet, que Santiago a ses habitudes quand il vient à Paris. Le reste du temps, il circule le cigare au bec, les mains dans ses poches, le chapeau aplati d’un coup de main sur l’oreille, fredonnant un air d’Albeniz, de Debussy ou de Bizet ; il circule entre Barcelone, — prononcez Barcelon, — Madrid, Palma de Majorque, Aranjuez et Florence. Et il peint tant qu’il peut : des jardins abandonnés ; des maisons anciennes aux volets fermés depuis des années, pareilles à de vieux secrets que personne ne dérangera plus ; des étangs d’argent et de soie fanée, où somnolent des reflets d’arbres ; des ifs taillés, défilant sous le soleil ou sous la lune, d’un vert profond, abondant, nostalgique, comme l’âme d’une Mauresque exilée et captive à Séville ; des champs de fleurs posées par groupes étincelants, dessinant un écrin éparpillé et rangé sur un tapis somptueux. Il peint les rangées d’arbres en architecte, suivant avec délices les lignes et proportions de la pierre qu’ils ombragent et accompagnent. Il délimite et il donne, en délimitant, le sentiment de l’infini. Il va du précis au rêve, de la chaleur à la fraîcheur, du visible d’une allée au mystère de son prolongement. Il a le choix des couleurs glissantes, fuyantes, ardentes à l’œil, assoupies au souvenir.

Aucun artiste moderne n’a rendu comme lui l’incantation du paysage, ce qu’ajoute à la vie lente et dormante du végétal le passage éphémère et agité de l’homme et de la femme, quand l’homme et la femme s’en sont retirés. Chose étrange, il ne met dans ses tableaux aucun personnage et cependant ils ont l’air peuplés, hantés par la multitude de ceux et de celles qui jouissent de leurs aspects, sans pouvoir les étreindre ni les ravir.

Avant peu d’années, la vogue se mettra sur ces toiles merveilleuses, déjà très appréciées des connaisseurs, dont quelques-unes sont exposées chaque année à la Nationale. On les vendra au poids de l’or, ou mieux de la lumière dont elles sont chargées, et, l’agiotage aidant, elles acquerront des prix fantastiques. Mais cela n’émouvra nullement Santiago. L’amour-propre d’auteur lui est inconnu, aussi bien que n’importe quel amour-propre, sauf l’orgueil d’être Catalan. Quand un imbécile lui fait remarquer que l’Espagne est sale, il répond avec flegme : « Sale peut-être, mais c’est bien ioli. » Puis il rit à petites gorgées, en guignant la fumée de son cigare.

Sa connaissance de la peinture espagnole, dans ses plus subtils replis, est complète et infaillible. Il n’a pas besoin d’un expert pour vérifier l’authenticité d’un Greco, d’un Velasquez, d’un Zurbaran ou d’un Goya. Quand il a déclaré : « C’en est un », on peut être tranquille, ce n’est pas une copie. Sa critique est juste, bienveillante, insiste sur la qualité, excuse le défaut. Sa fraîcheur d’admiration s’applique couramment à ses confrères. Il faut l’entendre vanter une belle chose de Lobre, de Zuloaga, de Forain, de Maxime Dethomas. Pour les faiseurs, les faux artistes, ceux qui s’en croient et qui croient à l’efficacité de la réclame, il se contente d’une moue triste et vague, qui s’achève en rire derrière sa moustache : « C’est un garçon qui croit qu’il est fort. Mais les autres ne croient pas comme lui. Alors, il va se faire de la vile. » Entendez : de la bile.

Aussitôt que Santiago débarque à Paris du Barcelone-express, il y a un rite. Je l’accompagne à Old England, où il se commande un complet, qu’il revêt immédiatement.

— Et que dois-je faire de votre autre vêtement, monsieur ?

— Ce que vous voudrez. Donnez-le à un pauvre homme.

Le vendeur explique, par sa mimique écœurée, qu’il n’a pas cela dans sa clientèle. Le nouveau vêtement va, ou il ne va pas. Quelquefois, les manches sont trop courtes ou le pantalon est trop étroit. Étant pressé de ma nature, je dis à Santiago : « Bah ! Garde-le comme ça. Tu t’en fiches. » À quoi il réplique : « Tu es bon, c’est que j’en aurai pour un an ensuite à avoir l’air d’un saucisson. » Il commande quelques sommaires retouches, que l’on exécute séance tenante. À l’un de ses départs, en montant dans le train et nous faisant des signes d’adieu, il perdit son chapeau, qui vola sur la voie. Ce fut toute une histoire. Les contrôleurs, le rencontrant tête nue, cheveux au vent, avec son cigare, étaient pris de méfiance et lui demandaient, dix fois pour une, son billet : « Tu n’as pas idée comme les gens à casquettes sont troublés par la vue d’un voyageur sans chapeau. Je m’en serais pas douté avant ça. »

Or, de ce promeneur sublime, de ce magistral spectateur de la comédie et de la tragédie ambiantes, de cet indifférent sensible qui transforme son émotion en œuvre d’art, est sorti récemment, au début de la grande guerre européenne, un farouche ami de la France. »

 

 

 Léon Daudet, Souvenirs. L'Entre-deux-guerres. 1915

mercredi, 04 février 2009

Die Insel der lesenden ArbeiterInnen

Epiphanie

 

 

PHOTO Lotte-500x334.jpgphot. Sara

 

Die Insel der lesenden ArbeiterInnen

 

Havanna, August 2006- es ist drückend heiß, vor der legendären Eisdiele „Coppelia“ stehen Menschentrauben in Gruppen, die unter den wenigen Bäumen den Schatten suchen und warten zum Teil mehrere Stunden bis sie von den Ordnern durchgelassen werden und einen Platz zugewiesen bekommen. Von den an den Informationstafeln an den Eingängen angeschlagenen Eissorten stehen dann zumeist nur noch ein bis zwei zur Auswahl. Nur vor den für Touristen abgetrennten Abteilungen des Eistempels, in denen die Kugeln in harter Währung, dem sog. konvertiblen kubanischen Peso, verkauft werden, stehen keine Schlangen, das Angebot ist breiter, die Sorten ausgefallener. Nicht selten gerät das Gespräch in den Warteschlangen angesichts dieser Abteilungen auf die 80er Jahre, die Zeit vor der Desintegration der wirtschaftlichen Kooperation der Ostblockstaaten, als nur eine einzige Währung zirkulierte und Konsumgüterknappheit kein Thema war. Neben dem unverändert wiederkehrenden Stöhnen über die Hitze, das fast automatisch Teil jeder Begrüßung ist, treten dann, wenn auch selten offen ausgesprochen, sondern zumeist in Form eines Witzes oder einer Anspielung verpackt, Unmutsäußerungen über die schwierigen Lebensbedingungen hinzu. Seit einigen Wochen ist die Atmosphäre an der Kreuzung 23/L jedoch gespannt. Die in dieser Gegend generell hohe Polizeipräsens wurde verstärkt, Gruppen, die aus beliebigen Gründen den Ordnungskräften missfallen, werden aufgefordert, den Ort zu verlassen, die Staatsmacht versucht informelle Menschenansammlungen weitestgehend zu unterbinden.

 

Deutschland, August 2006 – die Titelseiten der Tagespresse melden die Einlieferung Fidel Castros zu einer Notoperation ins Krankenhaus wenige Tage vor seinem 80. Geburtstag. Der kubanische Staatschef überträgt die Amtsgeschäfte wie im Artikel 94 der Verfassung des Landes vorgesehen, seinem fünf Jahre jüngeren Bruder und Vize-Präsidenten des Staatsrats Raul Castro. Während die kubanische Regierung bemüht ist, den Eindruck von Normalität zu vermitteln – die Verwendung des Begriffs in Reden von Regierungsvertretern, der Regierungspresse und den nationalen Radioprogrammen nimmt sprunghaft zu – schlagen international die Wellen hoch: Auf den Straßen von Miami feiern große Teile der exilkubanischen Community das Herannahen des Endes der Castro-Ära, US- und zahlreiche europäische Regierungen nutzen die Stunde für mahnende Forderungen an Kuba, eine demokratisch-kapitalistische Transition einzuleiten, Solidaritätsgruppen aus aller Welt senden Grußbotschaften und bekräftigen ihre Treue, die ersten Bilder des langsam genesenden Fidel Castros im Krankenbett füllen die europäischen Zeitungen und die LeitartiklerInnen überschlagen sich in biographischen Abrissen über den Maximo Líder und Spekulationen über die politische Zukunft auf der Insel. Einmal mehr wird Geschichte der großen Männer geschrieben und mit dem Leben Fidels die Bilanz der nachrevolutionären Geschichte Kubas gezogen: Aber kann die zentrale Frage sein, ob die Geschichte den Comandante en Jefe freisprechen wird, wie er es selbst in seiner Verteidigungsrede vor Gericht nach der Niederschlagung des von ihm geleiteten Angriffs auf die Moncada-Kaserne in Santiago de Cuba 1953 prophezeit hat? Oder muss sie sich, wie in eben dieser gegen die soziale Misere, Unterdrückung und Diskriminierung der Batista- Diktatur in den 1950er gerichteten Rede, nicht vielmehr auf den vielschichtigen sozialen Wandel richten, den die Insel seit den 50er Jahren durchlaufen hat?

 

Zwar kann man die politische Situation Kubas im Sommer 2006 keineswegs als normal bezeichnen: Zum ersten Mal seit 1959 hat Fidel Castro, wenn auch zunächst nur „vorübergehend“ seine offiziellen Funktionen delegiert, was für die 70% der KubanerInnen, die nach der Revolution geboren wurden, bedeutet, erstmalig formell eine andere Person an der Spitze des Staats stehend zu erleben. Das führt in einem politischen System, das hochgradig personalisiert funktioniert, in dem Fidel Castro in der Öffentlichkeit ständig präsent war und zudem große Unsicherheiten über die Entwicklungen nach seinem Tod bestehen, zu Verunsicherung. „Warum zeigt sich Raul nicht“, fragt ein Student der Universität Havanna und zeigt sich der Erklärung des Präsidenten der Volksversammlung Ricardo Alarcón gegenüber uneinsichtig. Dieser gab laut, dass Raul Castro kein Filmstar, sondern der verfassungsmäßige Vertreter seines temporär abwesenden Bruders sei und genau dieser Funktion auch gerecht würde.

Neben den Spekulationen über die ungewisse Zukunft des politischen Systems der Insel bleibt für den überwiegenden Teil der kubanischen Bevölkerung die Bewältigung des Alltags, der halb ironisch- halb sarkastisch oft la lucha, der Kampf genannt wird, weiter die primäre Aufgabe. Eine Studie des psycho-sozialen Forschungszentrums in Havanna schätzt, dass 80% der Bevölkerung von ihrem Lohn nicht leben können und auf Zusatzverdienste angewiesen sind, legale wie illegale. Da ist die 75 jährige Anna, die ihre beiden Zimmer in einem verfallenen Kolonialhaus in Alt-Havanna mit ihrem Sohn, seiner Frau und ihren drei Kindern teilt. Sie verkauft um die schmale Rente aufzubessern, geröstete Erdnüsse für einen Peso pro Tüte an PassantInnen, eine Tätigkeit, die der Staat seit der partiellen Legalisierung privatwirtschaftlicher Tätigkeiten 1993 die euphemistisch „Arbeit auf eigene Rechnung“ heißt, toleriert, jedoch durch die Vergabe von Lizenzen und Erhebung von Steuern sogar für diese KleinstunternehmerInnen in engen Schranken hält. Ihr Tag beginnt, bevor sie die Kinder für die Schule weckt, um sechs Uhr früh und ist angefüllt mit der Beschaffung der Nüsse, der Herstellung der Tüten, dem Säubern, Rösten und Verpacken und schließlich der Verkaufstätigkeit auf der Straße, bei der sie bis zu 10 Stunden draußen verbringt. Vielleicht trifft sie dabei Ernesto, der morgens in einer langen Schlange mit anderen Rentnern vor den Zeitungsbuden wartet, bis die Parteizeitungen Granma und Juventud Rebelde aus den staatlichen Druckereien geliefert werden. Diese kaufen sie für 20 Peso-Cent, um sie als fliegende Händler für einen Peso weiterzuverkaufen. Vielleicht treffen sie sich aber auch abends im Theater, dessen Besuch durch die hohe Subventionierung der Eintrittskarten für breite Bevölkerungsschichten möglich ist – auch wenn das Ballet mittlerweile überwiegend vor Pappkulissen tanzt.

Seine Zeitung verkauft Ernesto zum Beispiel an Pepito, einen knapp 70-jährigen Kettenraucher, der zu Beginn der 50er Jahre aus Spanien nach Kuba einwanderte, um als Einzelhändler sein Glück zu machen. Die Revolution machte ihm einen Strich durch die Rechnung: Kaum sechs Jahre im Land, wurde er enteignet, entschloss sich aber wegen Frau und Kindern, die er mittlerweile in Havanna hatte, zu bleiben und arbeitete 30 Jahre für eine staatliche Lebensmittelverteilungszentrale. Er gehört zu den wohlhabenderen Personen der Stadt und verfügt über ein Zimmer, das er seit 1996 an Touristen vermietet: Zunächst legal, als die Steuern von der Regierung immer weiter angehoben wurden, um die Preise in die Höhe zu treiben und so der geringen Auslastung der staatlichen Hotels entgegenzuwirken, gab er schließlich seine Lizenz zurück, vermietet unter der Hand und schmiert hie und da die staatlichen Kontrolleure, um Strafen zu entgehen. Unterdessen sitzt er auf der Treppe vor seinem Haus, raucht und flucht auf die Revolution und lässt seinem, in der kubanischen Öffentlichkeit nicht tolerierten, Rassismus freien Lauf. Für ihn stellte die Revolution das Ende seiner Karrierehoffnungen dar, die er als gewaltsamen Einbruch einer Welt des Pöbels in sein an der Lebensführung der US-amerikanischen Mittel- und Oberschicht ausgerichteten Lebensentwurfs wahrnahm. Als Migrant europäischer Herkunft gehörte er zu der vergleichsweise breiten urbanen Mittelschicht der 50er Jahre, die im Laufe der Nationalisierungswellen der Jahre 1959 und 60 einen beträchtlichen Teil ihres produktiven Eigentums, ebenso wie ihre gesellschaftlichen Privilegien weitgehend verlor. Auch wenn sie nicht wie der Großteil der US- amerikanischen AusländerInnen und mit ausländischen Großunternehmen kooperierenden nationalen Bourgeoisie das Land verließ und auch wenn diese Schicht weiterhin über mehr Eigentum verfügte, als der Durchschnitt der kubanischen Bevölkerung, endete mit 1959 die Ära ihrer formellen Privilegien. Und diese beiden Punkte gehören zu den zentralen Dreh- und Angelpunkten, die den Erfolg der Revolution ermöglichten und durch diesen hervorgebracht wurden: Die Überwindung der Abhängigkeit von den USA, den mit diesen kooperierenden Agraroligarchien und der Unterdrückung durch den Diktator Fulgencio Batista, ebenso wie die von stark equitativen Elementen gezeichnete Konsolidierung eines Staatsvolks, der Schaffung einer nationalen Identität. Wird nach dem Zusammenbruch des osteuropäischen Realsozialismus über den Fortbestand des kubanischen spekuliert, wird dabei zumeist vergessen, dass Kuba zwar im Laufe der aus der historischen Situation des Kalten Krieges geborenen Kooperation mit dem Ostblock eine Vielzahl realsozialistischer Charakteristika übernommen hat, der nationale Konsens, soweit man von diesem sprechen kann, sich aber weit mehr auf der Überwindung des neokolonialen Status der 1950er Jahre und der Konsolidierung als Nation gründen, als auf materiellen Plankennziffern. Dem entspricht die Änderung der Verfassung von 1992 in der der Nationalheld José Martí eine herausragende Position eingeräumt bekommt. Zeitgleich begann im ganzen Land sukzessive die Parole „Vaterland oder Tod“ die alte Losung „Sozialismus oder Tod“ zu ersetzen.

Nicht desto trotz hat die Einbindung in den Ostblock das Land nicht nur institutionell, sondern auch ideologisch verändert und zur Etablierung eines Wertesystems beigetragen, dass auch über die politische Orientierung an der kommunistischen Partei PCC hinaus den Alltag der Bevölkerung prägt: Es ist Sonntag, die Massenorganisation „Komitees zur Verteidigung der Revolution“ (CDR), die in den 50er Jahren gegründet wurden, um konterrevolutionären Umtriebigkeiten in den barrios zu verhindern und nun die Funktion erfüllen, die Menschen auf der Ebene der Viertel durch gegenseitige Kontrolle, aber auch die Übernahme gemeinsamer Aufgaben in das hierarchische Herrschaftssystem einzubinden, rufen auf zur Verschönerung des Wohnblocks. Der überwiegende Teil der BewohnerInnen machen sich mit Harken, Sensen und Besen daran, Gras zu schneiden, Müll zu entfernen und Farbe zu klecksen. Als Yanislaydis Söhne sich weigern, ihren freien Sonntag mit gemeinnütziger Arbeit zu verbringen, hält sie ihnen böse eine Standpauke, dass es die Aufgabe der Gemeinschaft wäre, sich um den Block zu kümmern und sie sich amoralisch verhalten würden, wenn sie daran nicht teilnehmen. Im nächsten Satz vertritt sie im Brustton der Überzeugung, dass sie mit Politik nichts zu tun haben wolle.

Zugleich aber bröckelt die soziale Kohäsion – und das nicht primär aus politischen Gründen: „Es kann nicht sein, dass ich mit meinem abgeschlossenen Medizinstudium weiter bei meiner Mutter wohnen muss und nicht über die Runden komme“, beschwert sich Oswaldo und blickt herausfordernd seinen Freund Emilio an. Beide sind Mitglieder der Jungkommunisten (UJC), beide überlegen für einen Arbeitsaufenthalt als Mediziner oder Sozialarbeiter im Rahmen einer der großen Gruppen junger Fachkräfte, die Kuba derzeit nach Venezuela entsendet, um den dort stattfindenden „bolivarianischen Prozess“ zu unterstützen, das Land für eine Weile zu verlassen. Oswaldo ist Sohn einer hohen Staatsfunktionärin und in Havanna aufgewachsen. Emilio hingegen verbrachte seine Jugend in einem winzigen Dorf in der Provinz Las Tunas, wo er mit seiner Mutter ein Bett in einer Holzhütte teilte, die bis heute keinen Stromanschluss hat. Aufgrund seines Erfolgs während seines Militärdienstes gewährte ihm der Staat ein Stipendium an der Universität Havanna, brachte ihn in einem der Achtbettzimmer des Studentenwohnheims unter und garantierte die täglichen Mahlzeiten: Reis und Bohnen, manchmal ein Stück Ei oder Huhn. Er kam mit 20 Peso und einer Hose in der Hauptstadt an, stellte fest, dass diese bei weitem nicht zum Leben reichten und begann, sich hochzuarbeiten: Nach fünf Jahren Geschichtsstudium schloss er als Bester seines Jahrgangs ab und hat durch eine Mischung aus politischem Opportunismus und dem klaren Ziel, soviel Macht wie möglich zu erhalten, die Position des Vorsitzenden der Studentenvereinigung FEU erreicht. Oswaldo spricht vier Sprachen, diskutiert ebenso eifrig über Max Weber, wie über die Frage, ob man die BushRegierung als faschistisch bezeichnen könne. Doch nach Abschluss seines Studiums muss er, wenn er in Havanna keinen legalen Wohnsitz nachweisen kann, der kaum auf anderem Weg als über Verwandte oder Geld zu erhalten ist, in sein Dorf zurückkehren und dort 13jährige SchülerInnen unterrichten.

Politik? Mayra winkt ab, wippt leicht in ihrem Schaukelstuhl und wird erst wieder lebhafter, als die Nachbarin klingelt und berichtet, nebenan verkaufe jemand Milchpulver. Warum erzählen, wie sie in den 50er Jahren als Hausmädchen für eine reiche Familie tätig war? Sicher, das musste sie danach nie wieder, lebte aber auf engem Raum in einer verkommenen Arbeiterviertel Havannas, immer noch arm, immer noch damit beschäftigt, zu überleben. Und dann, sie wendet die Augen kurz von der Strickanleitung, die sie seit der großen Alphabetisierungskampagne in den 1960er Jahren lesen kann, bezog die Familie in den 80er Jahren diese Wohnung in einem 12-stöckigen Plattenbau, den die Regierung im Osten Havannas nach realsozialistischen Vorbild hatte errichten lassen. Seit dem haben sie drei Zimmer. Dann wendet sie sich wieder ihrer Handarbeit zu.

 

„Wie werde ich leben”, heißt ein Lied des kubanischen Trovadoren Pedro Luis Ferrer und dann, aufmüpfig, „sie sollen mir nicht immer das Gleiche sagen“. So unterschiedlich die soziale Situation und die politischen Positionen der in Kuba lebenden KubanerInnen darstellen, in einem Punkt besteht zwischen fast allen Einigkeit: Die Bilder der auf den Straßen tanzenden Exil-KubanerInnen in Miami haben einen Schock hinterlassen und übereinstimmend hört man von vielen BewohnerInnen Havannas, was auch passieren werde, eines wolle man nicht: Diese Menschen dort – und mit einer vagen Handbewegung weist die junge Frau, die mit einem Mickey Mouse T-Shirt bekleidet an der Küstenpromenade Havannas steht, gen Norden, in Richtung des 90 Meilen entfernt liegenden Floridas – sollten in Kuba nie wieder das Sagen haben.

 

Lotte Arndt, La Havana-Berlin

 

'Aus: Lateinamerikanachrichten, Heft Nr. 387/388'

(Anmerkung: Der Artikel beruht auf Interviews, die die AutorIn im Sommer 2004 in Havanna führte und auf den Berichten der Havanna-Korrespondentin von RFI, Sara Roumette. Ihr sei herzlich gedankt.)