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lundi, 25 mai 2009

Black Agnès

Quand AlmaSoror rend hommage à nos étoiles des temps proches et lointains,
quand AlmaSoror salue des êtres dont le souffle, la vision, la parole nous aident à vivre et à penser.

Etrange coïncidence autour d'une appellation : Black Agnès

Le surnom Black Agnes (Noire Agnès, ou Agnès la Noire) correspond à deux héroïnes, l'une historique devenue légende, l'autre, légende peut-être historique. La première Black Agnes est une femme qui vécut à au XIVème siècle en Ecosse. Son souvenir est associé au courage et à la jeunesse, entre Antigone et Jeanne d'Arc.

L'autre Black Agnes est une statue habitée par une très jeune fille qui vécut vers à Baltimore, il y a longtemps. Sa mémoire erre dans les limbes de l'horreur et de la tendresse, qui sont les atours tristes de l'adolescence.

Black Agnes I est courageuse ; Black Agnes II est vengeresse. Black Agnes I est arrogante ; Black Agnes II est exaltée. Black Agnes I est victorieuse nonchalante ; Black Agnes II est victime cruelle...

Intéressons-nous à leurs vies et rêvons à leurs secrets, en attendant, peut-être, que fasse irruption dans la mémoire anglo-saxonne une Black Agnes III.

 

Black Agnes I

 

Sir Walter Scott dit d'elle : "From the record of Scottish heroes, none can presume to erase her."

Epouse de Patrick Dunbar, comtesse de Moray, elle devait son surnom à ses cheveux très noirs. Elle était seule dans son château d'Ecosse, en 1338, au milieu des guerres anglo-écossaises. Entourée d'une poignée d'hommes et de ses servantes, elle refusa de se rendre lorsque les Anglais, menés par le Comte de Salisbury William Montague, assiégèrent son château.

Le siège dura six mois. Pendant six mois, Black Agnes nargua l'armée qui l'assiégeait, envoyant ses servantes, habillées richement, nettoyer les traces de la guerre sur les remparts. Elle ne céda à aucun chantage : quand on fit mine d'assassiner son frère aux portes du château, elle parut se réjouir, expliquant aux Anglais qu'elle hériterait avec joie de ses titres et de sa fortune. Joués par cette ruse, ne voulant pas satisfaire leur ennemie, ils laissèrent son frère en vie ! Elle reçut un appui extérieur au moment où, les vivres arrivant à leurs fins, on crut qu'elle devrait se rendre.

Le Comte de Salisbury, un des plus grands guerriers anglais, finit par abandonner la bataille et repartit avec ses troupes.

 

Black Agnes II

 

Une statue de Baltimore s'appelle Black Agnes. Black Agnes représente un personnage sans doute féminin, vêtu d'une longue robe, en position assise.

Des jeunes filles pétries de mystère et de malsain chuchotent tard dans la nuit à propos d'une certaine statue du cimetière : on dit qu'à minuit, les yeux de Black Agnes deviennent rouges et fixent intensément au loin. Car elle est habitée par l'esprit d'une femme morte de chagrin, après une infidélité de son fiancé, il y a très longtemps. Elle veut se venger de la femme qui en fut la cause.

Exaltée, téméraire, une jeune fille se porte volontaire pour aller passer la nuit dans le cimetière, auprès de Black Agnes. Ses amies, excitées et effrayées, tentent en vain de l'en empêcher. Le soir où l'adolescente a prévu de tenir son pari, ses amies l'accompagnent aux grilles majestueuses du jardin funèbre. Elles laissent l'héroïne s'engouffrer seule dans les allées et s'en vont se réfugier dans la maison de l'une d'entre elles. Dès l'aube, elles attendent, impatientes, le retour de leur amie. Mais celle-ci ne revient pas.

A la fin de la matinée, les jeunes filles mortes d'inquiétude se mettent en marche vers le cimetière.

Au fond des allées de tombes, sur les genoux de la statue de pierre, elle git, assassinée. Black Agnes s'est enfin vengée.

Plusieurs versions de la légende urbaine et sépulcrale de la jeune fille et du cimetière sont racontées dans différents endroits des Etats-Unis. Cette histoire faisait peut-être déjà frissonner l'Europe moyen-âgeuse.

Aujourd'hui, Black Agnes ne repose plus dans le cimetière de Baltimore : les autorités de la ville ont dû la déplacer plusieurs fois pour échapper aux messes noires et aux rituels morbides que les adolescents perpétraient, de nuit, à son chevet.