Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 12 août 2012

Ces bêtes qu’on abat : Un employé rapide

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Un employé rapide

 

Dans le département du Morbihan, et dans un abattoir de bovins, je fus surpris de la rapidité d’exécution des tâches d’étourdissement et de saignée de l’employé en place au poste d’abattage. En effet, il s’écoulait moins d’une minute entre l’étourdissement et la saignée des animaux. Le tueur qui chargeait son pistolet à tige perforante avant la mise dans le piège des animaux était rapide et efficace. Il étourdissait les bovins, ouvrait la porte latérale, pour l’évacuation hors du piège des animaux, les suspendait dans la foulée et les égorgeait aussitôt. Le treuil muni d’un palan pour la suspension des bovins après étourdissement était descendu sur le sol avant chaque étourdissement et non après. C’est très important. Cela paraît logique, mais ce n’est pourtant pas toujours ainsi que les choses se passent. Cela permet d’écourter le temps entre l’étourdissement et le début de la saignée. Certains tueurs descendent le treuil, alors qu’ils viennent d’effectuer l’étourdissement, ils perdent ainsi beaucoup de temps avant la saignée, qui doit pourtant intervenir le plus rapidement possible, car l’étourdissement n’est pas la mise à mort. Par exemple, la société Mc Key, organisme de certification et de contrôle du groupe Mc Donald, demande dans son cahier des charges « bien-être animal » qu’il ne se passe pas plus d’une minute entre l’étourdissement et le début de la saignée. Cette demande est très intéressante, car elle exige de procéder rapidement à la saignée pour les établissements qui produisent pour cette société.

 

Position du pistolet à tige perforante sur le crâne d’un bovin.
Phot Jean-Luc Daub

abattoirs, condition animale, transports animaux, végétarisme, protection animale, droits des animaux, Jean-Luc Daub, Ces bêtes qu'on abat, maltraitance, législation animale, viande ; animaux, animal ; bêtes, fraternité

 

Il me faut toutefois mettre un bémol, parce que l’employé suivant, sur la chaîne d’abattage, procédait à la découpe en la commençant avant la fin de la saignée complète, c’est-à-dire avant la fin de l’écoulement total du sang. La mort de l’animal est effective après qu’il s’est vidé de son sang. L’employé, avec son couteau, parfilait autour des yeux, découpait les oreilles, ainsi que le museau et puis la tête, alors que les bovins n’étaient pas encore morts !

 

La responsable qualité avec qui j’eus un entretien me dit qu’elle allait faire intercaler une bête supplémentaire sur le stock tampon ce qui permettrait d’attendre un peu plus longtemps après la saignée et avant de procéder à la découpe. Le directeur m’a certifié qu’il s’assurerait que ce délai serait dorénavant respecté.

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.