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Le petit Lanstier
Quant à mon rêve de campagne, quel est-il ? La nature perdue – mais j'ai peur des errants, de la nuit. L'hôtel de la vieille ville – mais j'ai peur des voisins, des conflits humains. L'exploitation agricole – mais j'ai peur de me faire mal avec des outils, d'être infirme sur le plan technique. Loin du monde – mais j'ai peur des transports complexes, peur de conduire.
Une grande maison – mais le chauffage ? Des chiens – mais les voyages ? Et l'enfant ? Où est-il l'enfant ?
Il marche.
Lanstier, bonnet à pompon sur la tête et chaussures d'hiver aux pieds, se fraye un chemin jusqu'à la maison du vieux Vaast. Depuis la fenêtre de l'étage, une vieille femme le surveille. Cet enfant ne croit pas au Père Noël. Il cherche un secret derrière les rides de ceux qui l'entourent.
Il n'a jamais vu d'autre enfant.
samedi, 29 décembre 2018 | Lien permanent | Commentaires (1)
Pirouette, cacahuète
Il était un petit homme, qui sait s'il était né à Saint-Christophe du Ligneron ou à Valparaiso ? Il était un petit homme qui avait une drôle de maison construite par un architecte formé à l'Agence d'architecture des Ciseaux-Orties. La maison est en carton (Pirouette, cacahuète) et elle fait un carton. Les escaliers sont en papier ; si vous voulez y monter vous vous casserez le bout du nez et vous serez emmené en hélicoptère à l'hôpital Cochin. Le facteur y est monté, il s'est cassé le bout du nez. On lui a raccommodé avec du joli fil doré, un jeune et joli interne s'en est occupé avec conscience professionnelle et jovialité. Mon histoire est terminée (Pirouette, cacahuète), vous pouvez faire la roue, manger des noix de cajou ou tout simplement rester quelque temps parmi nous dans le silence, ce silence qui suit les histoires les plus navrantes comme les plus enivrantes. Messieurs, mesdames, applaudissez et prenez soin de vos santés tout le long de cet hiver qui vient vers nous sur la pointe des pieds.
(Tu peux aller écouter ceci, car la lumière sonore y est limpide)
mardi, 07 novembre 2017 | Lien permanent
Nos ennemis
Ne t'inquiète pas petite Shka. Ils sont tous fous. Prends ton éventail, ton cheval et ton châle, prends ton carnet, la plume pour écrire, viens avec nous. Le chemin des rochers mène aux confins du pays, là où la terre plantée de maisons attend l'infini, entre les montagnes et la mer atlantique. Et tu verras qu'ils s'effacent, les bourgeois du XVIème et les racailles de banlieue, qui se ressemblent si fort avec leur grossièreté, leur mépris des coutumes qui nous sont chères, leur violence et leur insupportable mensonge sur leurs quêtes profondes.
Ne t'inquiète pas, petite Shka. Toutes les bien-pensances ont une fin, même celles qui s'ignorent.
mercredi, 10 mars 2010 | Lien permanent
été
Une statue bleue et blonde de la Vierge. Le soleil descend sa douceur chrismale dans le calcaire rose du matin.
Du chant grégorien dans la maison, et jusque dans la rue. Les cris de mouettes, et dehors, vers la mer, hauts vols d’oiseaux, et leurs cris. Bleu du ciel et blanc des nuages, la plage est presque vide et le vent se balade dans l’air chaud. L’après-midi s’est arrêté pour toujours ?
Monk David
dimanche, 23 août 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
Peine de cœur
Papa habite dans une très grande maison loin derrière la ville, avec d’autres papas.
Comme nous, ils mangent à la cantine,
ils se disputent dans la cour de récréation.
Comme nous, ils n’aiment pas obéir, ils ont peur du noir.
Comme nous, ils rêvent de jouer à quelque chose.
Papa apprend à fabriquer des boites dans un atelier.
Son maître est gentil.
Il apprend à écrire dans un autre atelier. Sa maîtresse est nulle.
Comme moi, il voudrait voler dans le ciel avec les oiseaux.
Comme moi, il voudrait dormir dans le lit de maman.
Comme moi, il rêve de partir quelque part.
Papa s’ennuie dans la très grande maison loin derrière la ville.
Il s’ennuie du matin au soir au milieu du fer, des clous, des portes.
Le jour, son cœur est fermé.
La nuit, il entend son cœur frapper comme un tambour.
Comme moi, il ferme les yeux pour se souvenir de notre porte d’entrée.
Comme moi, il sent des larmes quand il imagine notre princesse avec sa robe bleue, avec son sourire rouge.
Comme moi, il attend de rentrer à la maison.
Papa a pris quatre ans, dont deux avec sursis.
Edith de CL
mardi, 20 novembre 2012 | Lien permanent
MMXI : l'année qui vient sera épopée
Dédicace des Sept piliers de la sagesse, de T.E. Lawrence, traduction (sublime) de Charles Mauron
A S.A.
Je t'aimais ; c'est pourquoi, tirant de mes mains ces marées d'hommes, j'ai tracé en étoiles ma volonté dans le ciel
Afin de te gagner la Liberté, la maison digne de toi, la maison aux sept piliers: ainsi tes yeux brilleraient peut-être pour moi
Lors de notre arrivée.
La Mort semblait ma servante sur la route, jusqu'au moment où nous approchâmes et nous te vîmes qui attendais :
Tu souris alors, et dans sa jalousie chagrine elle courut devant, t'emporta
Dans sa quiétude.
L'amour, las de la route, tâtonna jusqu'à ton corps, notre bref salaire, nôtre pour l'instant
Avant que la main molle de la terre n'explore ta forme et que les vers aveugles ne s'engraissent sur
Ta substance.
Les hommes m'ont prié d'ériger notre oeuvre, la maison inviolée, en souvenir de toi.
Mais pour que le monument fût exact, je l'ai fracassé, inachevé ; et maintenant
Ils grouilles, les petits êtres, pour se rafistoler des masures dans l'ombre et la ruine
Du don que je te destinais.
Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie
samedi, 01 janvier 2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
Geek by the sea
Photo : Mavra Nicolaievna Vonogrochneïeva
(Un billet d'Olympe Davidson)
Inside, j'écoute la musique de Glass Buck Flower en bloguant. Outside, tu plonges à quelques mères sous la surface de l'eau et tes amis dauphins t'ont rejoint. Entre nous la plage et le lagon où de petits enfants et des petits poissons rigolent ensemble. Il n'y a rien de mieux que le son voluptueux de Glass Buck Flower pour accompagner ce moment magique, qui revient presque tous les jours depuis que je suis venu vivre ici. La maison où j' loge (à l'étage) est tenue par Tamaroa et Feti'a. Mais demain nous aurons une maison à nous, une grande maison en bois dans le sous bois qui longe la plage et de laquelle nous pourrons rêver au coucher du soleil tous les soirs. La musique de Glass Buck Flower noiera les journées et l'ordinateur aura toutes les prises qu'il lui faut pour me donner toutes ses facultés. Tu plongeras toujours et tu seras de plus en plus proche de l'Elément, de l'Eau, et de son peuple végétal et invertébré. Des flûtes s'ajoutent aux volutes électroniques du morceau "Electric Waves under the Night" et j'écris n'importe quoi sur mon blog. La vie n'a de valeur que lorsqu'on a renoncé à tout ce qui nous met des chaînes matérielles et administratives. Quand on a tout mis en veille pour n'assurer que le minimum vital, et qu'on vibre enfin aux ondes de la contemplation de la nature et du rythme intérieur du corps et de l'environnement, des couleurs, des formes, des voix, alors commence la magie. La perfection est de ce monde. Il suffisait d'ouvrir les yeux et de suivre la route qui nous attirait.
Electric Waves Under the Night s'est fini sous un rythme accéléré accompagné de deux riffs de guitare répétitif. Un court de temps de silence, puis Eating the Sky a commencé avec ses quelques notes de piano que rejoignirent la caisse douce et le vibraphone. Tu refais surface là bas dans la mer et tu joues dans les vagues avec les dauphins. Le lagon est très calme : les enfants sont rentrés chez eux ; les poissons sont au fond des algues. Le soir est parfait. Il ne manque rien à la beauté de l'instant, ni même l'instance incertaine, ni même la nostalgie d'une certaine journée d'enfance qui revient dans ma mémoire, après trop longtemps d'oubli.
Olympe Davidson
jeudi, 07 octobre 2010 | Lien permanent
Entre deux sentiments
Nostalgique tristesse des jours de pluie ; langueur envahissante des jours fériés. Il ne m'a pas suffi pour apaiser l'ennui vague, de marcher sur l'herbe humide à quelques pas de la maison. Évidemment, quand la lecture ne se laisse pas prendre, quand l'ordinateur fatigue les yeux, quand l'autre ou les autres vaquent à leurs occupations diverses, une sorte de vide émerge, prend forme, grossit comme un nuage. Voluptueux, sans joie ni douleur, le rien s'installe au creux du temps qui passe. Un air de piano très bas coule des baffles et ne berce aucune pensée précise. Dans l'autre maison, un gâteau au chocolat sur la table attend qu'on le finisse ; un bébé rit et pleure alternativement ; un fils remue sans conviction les bûches dans la cheminée ; une femme soupire sans bruit. Son mari lui paraît à la fois un ami sur lequel on peut compter et un étranger qui la dérange. Sa fille ressemble étrangement à celle qu'elle était il y a trente ans, berçant l'enfant contre son cœur et ne se doutant pas qu'aucun échelon monté n'éteint la monotonie de vivre. Comme les gens du bourg doivent s'ennuyer aujourd'hui, autant que nous, se dit-elle. Qui peut savoir ce qui se fomente dans les maisons des autres ? Le cortège de cumulus nimbus défile comme les officiels dans les cimetières, en ce 11 novembre qui ne nous dit plus grand chose de poignant sur l'histoire. Un blouson de cuir suspendu à la porte rappelle les temps de vache maigre où l'on se l'était acheté – une folie. Le grand fils n'appelle plus désormais qu'une fois par mois. Et pourtant dans cette lassitude triste et douce, il y a comme un pincement de joie et de douleur, imperceptible, au fond de notre ennui.
(Sur AlmaSoror : Mélancolie)
mardi, 11 novembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (2)
Dialogue entre Corto Maltese et Bouche Dorée
Phot. Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva
- Alors, joli marin, tu pars ?
- Je suis bien obligé... Je ne suis pas de ceux qui prennent racine !
- Ici tu aurais trouvé tout ce que tu cherches... Mais tu es aveugle comme une taupe...
- C'est bien possible, Bouche Dorée... Mais c'est à moi de m'en apercevoir.
- Ah, oui... oui... mais souviens-toi de nous. Tu as une maison ici. Ne reviens pas trop vieux. Ce que tu cherches n'existe pas.
- Comment le sais-tu ?
- Je le sais par expérience. Adieu, yeux bruns !
Dialogue entre Corto Maltese et Bouche Dorée, dans L'aigle du Brésil, In Sous le Drapeau des pirates, de Hugo Pratt (éditions Casterman)
Photo volée sur une clef
vendredi, 15 juin 2012 | Lien permanent
Ô Nuit !
La musique du requiem for a friend de Zbignew Preisner embellit la soirée. Contrairement à tant de maisons où les lumières très intensives ne laissent pas de zones d'ombre, ici, nous n'avons que trois petites lampes allumées, avec des abats-jours beige, rouge et vert, qui diffusent des halos de lumière tendre et laissent des pans d'ombre et permettent la rêverie et le mystère.
Depuis combien de temps n'ai-je pas vu la nuit, la vraie nuit, la nuit noire, ou la nuit éclairée uniquement par les astres ? Les lumières artificielles sont partout. Oh, nuit ! Nuit ! Nuit ! Je voudrais te contempler telle que tu es, dans ta splendeur noire, dans ta réalité brute, sans que t'atténuent les éclairages des humains.
mardi, 30 mai 2017 | Lien permanent