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La ville des écrivains

moineville,écriture,littérature,alcool

 

"Sur la littérature universelle plane un nuage d'alcool".

Michael Krüger

 

"L'abus d'alcool est dangereux ; consommez avec modération".

Loi Evin

panneau-moineville.png

 

Voici un billet d'Edith, qui a répondu à son tour aux questions d'une interview du journaliste de pop/rock/punk/techno musiques Jon Savage

 

 

What was your favourite childhood book?

Les maisons de Dame Souris, de Smith & Mendoza

 

Which book has made you laugh?

Les palmes de monsieur Schütz, de J-N Fenwick

 

Which book has made you cry?

Lova, la BD de Servais

 

Which book would you never have on your bookshelf?

Aucun. Tous les livres, les bons et les méchants, sont les bienvenus sur mes étagères.

 

Which book are you reading at the moment?

Machine Soul, de Jon Savage

 

Which book would you give to a friend as a present?

Propaganda, de Bernays, préfacé par Baillargeon, ou Les derniers géants de François Place

 

Which other writers do you admire?

Truman Capote, Carson McCullers, Thomas Mann, Tolstoï, Paul d'Ivoi, Paul Féval, Jean de La Ville de Mirmonts.

 

Which classic have you always meant to read and never got round to it?

Dostoïevski et Gogol

 

What are your top five books of all time, in order or otherwise?

Guerre et Paix, de Tolstoï

Les 7 piliers de la sagesse, de T.E. Lawrence

Le pays où l'on n'arrive jamais, d'André Dhôtel

La balade de la mer salée, de Hugo Pratt

Nolimé Tangéré, de Béja et Nataël

 

What is the worst book you have ever read?

Le journal d'Anne Frank

 

Is there a particular book or author that inspired you to be a writer?

La comtesse de Ségur ; Sans Famille, d'Hector Malo ; Bandini, de John Fante

 

What is your favourite time of day to write?

A l'heure où l'heure s'efface et qu'il ne reste que la flottaison dans l'espace.

 

And favourite place?

Dans le halo de lumière du jour qui a pénétré dans la pièce

 

Longhand or word processor?

N'importe

 

Which fictional character would you most like to have met?

J'hésite entre Arsène Lupin et Sir Jerry. Auraient-ils été gentils avec moi ?

 

Who, in your opinion, is the greatest writer of all time?

Saint Jean, l'Aigle ? Ruteboeuf ?

 

Which book have you found yourself unable to finish?

La guerre du Pélopponèse, ce que je regrette.

 

What is your favourite word?

Aurore

 

Other than writing, what other jobs or professions have you undertaken or considered?

Aviatrice, tenancière de bar.

 

What was the first piece you ever had in print?

Un conte de Noël, quand j'avais 13 ans, dans un journal des enfants du groupe où travaillait ma mère.

Adulte, un documentaire sur les langues pour les 9/13 ans

 

What are you working on at the moment?

Un roman qui ressemble à ce qu'on écrira quand la littérature aura changé de forme

 

 

 

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lundi, 16 mai 2011 | Lien permanent

Le catalogue éditorial d'Allia

 Photo_couv_ALLIA-253x392.jpg

 alliage stylé, intelligent, de pensées à part

 

Chaque année j’obtiens au Salon du Livre un livre entièrement gratuit, qui constitue une encyclopédie originale de la culture occidentale (avec ce qu’elle contient d’inspiration de « l’étranger »). Je le lis alternativement du début jusqu’à la fin, ou de la fin vers le début. Au bout de la lecture, le monde m’est plus fraternel : j’y décèle une pensée forte, que des hommes debout se transmettent à travers les âges, et qui tente de donner à la fois à l’individu sa liberté et à la société des hommes sa cohérence. Cette lecture, une des plus marquantes qui m’ait été donnée de faire, c’est celle du catalogue des éditions Allia.

 

Ce catalogue éditorial est fortement partial. Une partie de ce qui constitue ma culture et mes amours, littéraires, philosophiques, n’y figure pas et risque de n’y jamais entrer. Allia est résolument de gauche : ses choix s’en ressentent, et si le catalogue ne tombe jamais dans le gauchisme ou la bêtise bien-pensante, ni même dans l’omission par détestation (Sainte-Thérèse d’Avila y loge avantageusement), je ne voudrais pas avoir l’air de dire qu’on y trouve tout ce qui s’écrivit de bon. Mais cette partialité assumée, cette suite de choix pensés avec hauteur, donne à ce petit livre cette puissance que je ne trouve nulle part ailleurs, et surtout pas dans un autre catalogue éditorial.


L’antiquité, le Moyen-Âge, la Renaissance, le XVIIIème siècle, le XIXème siècle, le XXème siècle y sont représentés avec un sens de l’équilibre et des proportions empruntés à la pensée grecque.
On y trouve des classiques - toujours un peu délaissés par les catalogues des autres maisons d’édition -, on y trouve avec plaisir ces auteurs marginaux qui, trop à part pour acquérir une place de choix dans les manuels scolaires, ne restent pas moins une inspiration, une lumineuse présence réchauffante à travers les siècles. Ainsi, Pic de La Mirandole, ou encore Bossuet et Casanova.


C’est grâce à Allia que j’ai découvert Léopardi, l’Italien de Récanati. C’est enfin Allia qui propose, avec cette ouverture de l’esprit au corps qui s’interdit tout vautrage grossier, les œuvres de Kubin sur le dessin, et le livre de Barney Hoskyns sur la scène musicale de Los Angeles ou le livre collectif « modulations » sur la musique électronique.

 

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Pêcheur méditant sur le livre Tu ne sais donc pas que je suis un grand homme ? de Giacomo Leopardi.

 

Ces éditeurs qui réalisent un catalogue argumenté, réfléchi, profondément intelligent, montrent qu’il n’est pas d’acte anodin dans le métier d’éditeur et font du catalogue une encyclopédie de l’intelligence au lieu d’un livret publicitaire. Ils offrent au « public francophone » le fil d’Ariane qui les guidera dans le labyrinthe fascinant de la pensée écrite de l’Europe, avec quelques excursions indiennes et chinoises éclairantes. Dans notre monde où la profusion règne encore, les possibles sont infinis. On peut se ruiner, dans les librairies, en achetant des centaines de livres mal pensés et mal écrits. On peut aller chercher gratuitement son catalogue allia et découvrir un univers culturel exaltant.

 

29 septembre 2010

Article originellement publié sur le site Univers de Sara

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mercredi, 29 septembre 2010 | Lien permanent | Commentaires (2)

Les bras maritimes

mouvement fix & Mizon.jpg

(un billet d'Edith)

Je suis hermétique à toute la poésie contemporaine excepté deux ou trois poèmes, dont celui que j'ai découvert sur une affiche, une affiche achetée par ma mère graphiste qui aimait le graphisme des affiches des éditions Mouvement Fix de Nancy.

Elle s'est procurée (avec difficultés) quelques unes de ces affiches, elles les a achetées par correspondance. L'une d'elle contenait un poème signé Luis Mizon et quelques mues de cigales. Les phrases de ce poème ont rejoint les quelques films, photographies, peintures, sculptures, poésies, musiques qui forment la source de mes hallucinations oniriques fréquentes.

 

Je le reproduis ci-dessous puisque les éditions de poster-poésie ont mis le poème en ligne il y a déjà longtemps (deux ans ?).

 

Là où il n’y a rien
quelque chose brille
le rêve de la lumière enfermée
réveille la pierre

à coup de dents
du plus profond de sa racine enfouie
la terre fabrique des yeux

 

La maison de la vie
libère son cheval de couleurs
lourde et sucrée la mort arrive
et offre des pommes confites
aux enfants morts d’insolation
à la sortie de l’école

 

A la fête du désordre
arrivent les anges déchaussés
les bougies se transforment en fleurs

à l’orgie du silence
arrivent les invités
ivres d’avoir bu trop de mots

 

Les atomes rentrent dans le rang
j’obéis en silence
et j’attends la sonnerie
pour sortir en criant

un cheval impatient
m’ emportera loin d’ici
nous chasserons le tigre
dans la vague indigo

 

Je pardonne
à la lumière
d’être si blanche
j’abandonne au passant
mon vieux pouvoir d’exhausser les désirs
je jette la haine au caniveau
je suis presque heureux
autrefois
j’aurais dit le contraire

 

Vieilli dans l’art de faire des vers
qui consiste à oublier tout chemin
j’écoute le chant de ma mère :
l’étoile
et de mon père :
le granit barbu de la côte
ils s’endorment tous les deux
bercés dans mes bras maritimes

 

Laisse - moi partir maintenant
au fond de mon exil
vers la terre chevauché par mon ombre
au milieu d’un fleuve
pareil à la chevelure d’un géant terrassé

notre murmure est torche
moulin et phare
là où il n’y a rien
quelque chose brille

 

Signé Luis Mizon et quelques mues de cigales, daté de 2007, ce poème est lisible aussi sur le blog nancéen des éditions Mouvement Fix.

 

 

Je conseille d’acheter le poster-poésie. Si les éditions le vendent encore…

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dimanche, 11 juillet 2010 | Lien permanent

Esther, Esther !

Edith de CL répond à Esther Mar

 

Esther, Esther ! Ton exil du bord de la Marne, ne le trompes pas. Pourquoi t’es tu levée pour dire quelque chose ? Cachée au fond de ta maison tes prières étaient plus utiles que cette prise de parole presque publique, que cette contribution à l’édification du réel-prison.

Ne pas s’exciter car tous les camps trop tranchés sont voués à l’exagération et au crime. La politique existe depuis des milliers d’années et elle est toujours violente. Le pacifisme est violent quand il se fait politique. Tout le malheur des hommes vient du fait qu’ils ne savent rester assis tranquillement dans leur chambre et la vraie liberté c’est être soi même quel que soit le monde qui nous entoure, plus que se jeter dans le combat dont d’autres ont défini les termes et les règles. Je ne ferai pas la guerre, ni dans un clan, ni dans un autre. Je ferai la route vagabonde dans les paysages inventés de mon imagination, là où ne peuvent entrer que ceux, amis et frères, sœurs et spectres, que j’invoque.

La politique est de ce monde et mon royaume en est trop loin pour que je puisse faire des allers et retours. Ne m’attendez pas dans les rangs de vos armées ; ne me souhaitez pas parmi vos chœurs et vos rassemblements. Car je suis seule, seule au milieu de mes rêves, de mes ruines et de mes souvenirs. Je suis seule au milieu d’un monde qui n’existe que par mon esprit. Me traiterez-vous de lâche que je n’en blêmirai pas. De quel droit décrétez-vous les héros et les méchants ? Qu’avez-vous vécu que vous sachiez mieux qu’autrui ce qui se trame sous son crâne ? Psychiatres, Juges, Intellectuels, Militants, Chefs de file, Journalistes, vous êtes de la même étoffe, celle qui dispose du réel comme si c’était une propriété privée.

Mais moi, je marche loin de vous. Vous dessinez sur le sable de l’Histoire des ronds et des carrés et vous placez vos pions dedans. Je ne suis pas votre pion. Je ne suis ni de la gauche, ni de la droite, ni du christianisme, ni du paganisme, je ne suis ni de l’amour ni de la haine, je suis du rêve et je souffle sur vos constructions et vos architectures pour les rendre à la poussière. Je n’ai signé de contrat social à ma naissance et vous m’engueulez au nom du contrat social qui nous lie. Je n’ai pas pris parti parce que vos partis sont les faces d’une même pièce que je déplore et vous m’incendiez parce que n’étant pas de votre clan vous m’accusez d’être complice avec celui d’en face, votre ennemi qui vous ressemble comme un frère. Je n’ai pas crié avec les loups, je n’ai pas aidé les chasseurs, je ne suis ni des loups ni des hommes, je suis l’errante au milieu des arbres, celle qui vous sait et qui vous fuit.

 

Edith, en réponse au dernier billet d'Esther

Vue du train.jpg

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lundi, 27 décembre 2010 | Lien permanent | Commentaires (2)

Tout autour de la tombe

J'aurais mis plus de dix ans à lire intégralement les mémoires de Chateaubriand. Je reproduis quelques passages, où il tourne autour de sa tombe... 3 passages d'outre tombe. (Bien avant lui Eschyle disait... "un viellard est une ombre errante à la clarté du jour").

Il fait un grand soleil d'hiver et je trouve que ce sont les plus beaux. Ils donnent une lumière blanche qui tombe en nappes éclatantes, mais diffuses. Cette lumière m'enthousiasme et lorsqu'elle un vent léger la traverse, alors la vie vaut la peine d'être vécue. Joseph Campbell disait que ce n'est pas "un sens à la vie" que nous cherchons tous, comme des loups affamés. C'est la sensation d'être vivant.

Merci aux froids soleils d'hiver et au vent léger de me donner l'impression éclatante de vivre.

cesaret momo.jpg

 

"Cette société, que j'ai remarquée la première dans ma vie, est aussi la première qui ait disparu à mes yeux. J'ai vu la mort entrer sous ce toit de paix et de bénédiction, le rendre peu à peu solitaire, fermer une chambre et puis une autre qui ne se rouvrait plus. J'ai vu ma grand-mère forcée de renoncer à sa quadrille, faute des partners accoutumés; j'ai vu diminuer le nombre de ces constantes amies, jusqu'au jour où mon aïeule tomba la dernière. Elle et sa soeur s'étaient promis de s'entre-appeler aussitôt que l'une aurait devancé l'autre; elles se tinrent parole, et madame de Bedée ne survécut que peu de mois à mademoiselle de Boisteilleul. Je suis peut-être le seul homme au monde qui sache que ces personnes ont existé. Vingt fois, depuis cette époque, j'ai fait la même observation; vingt fois des sociétés se sont formées et dissoutes autour de moi. Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s'empare de notre tombe et s'étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l'isolement. Toute main est bonne pour nous donner le verre d'eau dont nous pouvons avoir besoin dans la fièvre de la mort. Ah ! qu'elle ne nous soit pas trop chère ! car comment abandonner sans désespoir la main que l'on a couverte de baisers et que l'on voudrait tenir éternellement sur son coeur ?"

 

 

"En ce temps-là, la vieillesse était une dignité; aujourd'hui elle est une charge".

 

 

 

"Toute notre vie se passe à errer autour de notre tombe ; nos diverses maladies sont des souffles qui nous approchent plus ou moins du port. Le premier mort que j'aie vu, était un chanoine de Saint-Malo ; il gisait expiré sur son lit, le visage distors par les dernières convulsions. La mort est belle, elle est notre amie ; néanmoins, nous ne la reconnaissons pas, parce qu'elle se présente à nous masquée et que son masque nous épouvante".

 

 

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lundi, 22 mars 2010 | Lien permanent

Djinns illustrés

 

Les Djinns

Dans l'église 2.jpg

Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Oncle Luc et jean de Soos.jpg

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

 

WEB.Roll1_STGl'A-12.jpgLa voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

Roll1_B004671-R1-00-0.JPGLa rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

Roll1_Eul, Mar-12.jpgDieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

Roll1.Fouillis vert33.jpgC'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Roll1.Chardon4.jpgIls sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

Roll1.Christ10.jpgCris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!

Roll1_garipaudière27.jpgProphète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!

Roll1.Barque32.jpgIls sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!

Roll1_mainscroisées-26.jpgDe leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

gange aulit 1.jpgD'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

concarneau 4.jpgLes Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

page12_i_N&B Boris+Ondine.jpgCe bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

victor hugo,djinns,saraOn doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor Hugo

Photos de Sara

 

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samedi, 20 mars 2010 | Lien permanent

La vérité d'AlmaSoror

OndineFragerparEdithdeCL12.jpg

Pourquoi ai-je menti ?

Parce que la réalité n'est jamais assez réaliste. Alors, pour avoir l'air de dire la vérité, il faut bien inventer un monde selon des codes convenus. Mais je suis fatiguée de ce faux jeu de faux-jeton et je voudrais publier les textes de ce blog tels qu'ils furent avant leur censure. C'est ce que je vais tenter de faire.

Sachez que je suis Edith de CL - beaucoup de gens ont cru que le pilier d'AlmaSoror était Axel Randers. C'est un pilier bancal. D'autres imaginaient qu'AlmaSoror était l'oeuvre de David N Steene. C'est un peu vrai. Je ne suis pas complètement seule : des hommes et quelques femmes m'accompagnent. Ils envoient des articles, ou viennent dîner à la maison et écrivent des choses sur mon ordinateur pour AlmaSoror. Puis ils disparaissent durant plusieurs mois et je me sens très seule. La plupart reviennent toujours, quand ils en ont besoin ou envie.

Tout cela pour dire que, depuis qu'AlmaSoror n'est plus un journal mensuel, j'ai dû beaucoup censuré les textes pour que le blog ressemble au journal mensuel. Mais le résultat s'impose : un blog ne pourra jamais ressembler à un journal mensuel. Il faut donc renoncer aux fidélités impossibles.

AlmaSoror a tenté un temps d'être un romanblog. Cette tentative, pour belle et intéressante, n'en fut pas moins une autre illusion, une autre tentative d'échapper à la vérité. Un romanblog ne saurait exister sans personnages et intrigues. il y a autour d'AlmaSoror des personnes, des personnages, mais pas d'intrigues. AlmaSoror ne pouvait pas être un vrai romanblog. Cette idée s'achève sur un constat d'échec.

AlmaSoror n'est pas non plus le journal d'une vie, ni le journal d'une oeuvre, ni le journal d'une pensée. Si j'étais seule, entièrement seule, ce le serait peut-être. Et surtout, si j'avais une vie délimitée, une oeuvre formelle, une pensée claire. Or, ma vie est éparse ; mon oeuvre, informe ; ma pensée, embrouillée. Et les trois entremêlées ressemblent plus à un film hongrois partiellement restauré qu'à un continuum cohérent.

Alors il faut l'avouer sans ambages, sans ombrages et sans colombages. AlmaSoror est un chant. Et je suis l'aède et je suis née dans sept villes différentes. Et je vais dès les prochains jours révéler ce qui aurait dû être dès le début du lancement d'AlmaSoror sur la toile : l'épopée d'un rêve.

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samedi, 06 mars 2010 | Lien permanent | Commentaires (2)

A travers Paris

 


Dans ma ville imaginaire des fauteuils de velours sont posés au bord des autoroutes. La fontaine de whisky clapote gentiment derrière nous. Edith Morning est assise à côté de moi et nous parlons anglais. Quelques drag queens fument de longues cigarettes dans des pantalons serrés, leurs rouge à lèvre fait un cercle de rouge sur le papier blanc des cigarettes et partout dans la ville de grandes croix magnifiques dominent le paysage et nous rappellent qu’Il est ressuscité. 
 

Quelques cathédrales antiques ont subsisté et gardent leur dignité au milieu des hautes tours. La voix d’Arthur Rimbaud et sa chanson de la plus haute tour me rappellent mon père et ma jeunesse perdue. Un immense hôpital psychiatrique se dresse loin derrière l’autoroute, et clignote de lumières vertes et bleues et rouges, si artificielles. Les étoiles sont trop haut pour qu’on les voie, mais on les imagine.
 

Au milieu de la mégalopole un grand champ inviolé réinvente le silence : c’est le retour du pu’uhonue
 

Les gens prient. Ils fument, boivent, s’embrassent et prient, l’administration est laissée à l’abandon.
 

Personne ne fait l’amour sans allumer des lumières étranges qui donnent aux corps un velouté, sans boire des ambroisies qui donnent aux voix un velouté… Les voitures glissent sans cesse dans le frénétique agencement des routes et les piétons escaladent de grands escaliers sous la pluie, certains escaliers sont si hauts qu’ils surplombent la ville. 
 

Un homme qui marche récite une prière mélangée : je m’adresse à vous, mon Dieu, car vous donnez ce que l’on ne peut obtenir que de soi. 
 

Aux derniers étages de certaines tours des voyants lisent l’avenir et le mélangent au passé, pour réconcilier leurs patients avec l’instant qui passe et qui trépasse sans cesse mais malgré tout demeure. Feuilles, plantes, cactus géants se mêlent au mobilier urbain. La ville est esthétique. Sois belle et tais-toi, lui disons-nous impétueusement. Elle est belle, et elle hurle. 
 

La ville abrite plusieurs forêts qui s’enchevêtrent et possèdent des étangs. Ces forêts sont aussi dangereuses que celles faites de béton et de macadam. Les forêts naturelles, jungle de terre et de végétaux, luxuriantes dégoulinades de plantes et de bêtes, sont des lieux de cruauté, de brutalité, de survie et de mort. Les forêts urbaines, jungles d’asphalte et de réverbères, longs corridors saccadés de métal et de goudron, sont des lieux de cruauté, de sophistication, de vie et de dépérissement. La ville et ses forêts naturelles s’épousent et un océan vient les noyer à l’Ouest. 
 

Un sacré cœur pend au toit d’une maison, car un homme devenu femme pour prendre les armes féministes y lit les mémoires de Renée Bordereau, sa sœur d’une autre guerre, d’un autre temps. 
 

Nos cœurs sont des ports. Mais ils n’ont pas d’amarres. Les bateaux ne peuvent que les narguer. 
 

Dans ma ville imaginaire des fauteuils en velours sont posés au bord des routes. à une fontaine de whiskey je nous ressers deux verres. Edith Morning est assise à côté de moi et nous nous taisons en anglais. 
 

Esther Mar, mercredi 12 mars 2008, avant le crépuscule.
 

 

 

 

 

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samedi, 25 juillet 2009 | Lien permanent

Requiem pour la liberté

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Il est une question qui ouvre des abimes. Pourquoi attachons-nous les bêtes 

Ma première abysse : le souvenir d’un prisonnier américain, vu sur la télévision d’un voisin, enchaîné, comme dans les bandes dessinées de Lucky Luke. Le pénitencier dans lequel il vivait emmenait ces hommes, pour la plupart noirs, travailler dans les carrières ou d’autres types de grands travaux.  

Il racontait à la caméra : « Chez moi il y avait un chien qui était attaché à une chaîne devant la maison. J’ai écrit à ma famille pour leur dire de détacher le chien. C’est trop horrible d’être enchaîné ».

Pourquoi laissons-nous les chiens sous la table lorsque nous mangeons tous ensemble un festin ? Les grondant lorsqu’ils tentent de participer.

Parce qu’ils sont sales ?

On l’a dit de beaucoup d’humains qu’ils étaient sales aussi – trop sales pour toucher ce que nous touchions.

Parce qu’ils ne comprennent rien ?

Pour cela on gardait les enfants et les Indiens loin des endroits de fête et de décision.

Parce qu’ils ne ressentent rien ?

Certes, ils ne ressentent pas plus que ces bébés qu’on opérait sans anesthésie, pensant qu’ils ne ressentaient pas la douleur.

Lorsqu’on parle des sentiments, de la conscience, de la propreté, de la profondeur des autres, parle-t-on d’autre chose que de soi ?

Je sais que mon chien ressent parce que je sais ce que c’est que de ressentir.
 

Je sais que mon chien aime parce que j’ai aimé.

Je sais que mon chien jalouse parce que j’ai jalousé.

Je sais que mon chien a sa dignité parce que j’ai le sens de ma dignité.

Je sais que le cochon aussi. Et le bouc. Et le mouton. Et l’éléphant. Et le rat.

Et le poisson ? Je ne sais pas.
Je n’ai pas d’écailles, pas de nageoires… je suis modelée par mes vertèbres alors je sais que je ne sais pas.

Que ressentent donc ceux qui ne voient pas autrui ressentir ?

Il semble que chaque être doit être à sa place pour la tranquillité d’esprit de Monsieur et Madame : le chien sous la table, la chèvre à l’autre bout du champ, l’enfant en bout de table, etc.

Or, on voit mal de quelle morale, de quelle nature, se dégagerait une place « normale », naturelle des êtres vivants…

Cette histoire de places m’interpelle. Deux sujets font tressaillir les gens, du fond de leurs tripes : ce qu’ils dénoncent comme la « confusion des genres » et « l’anthropomorphisme ».

Or, on pourrait leur rétorquer qu’eux, font du racisme du genre et de l’anthropocentrisme. Ces batailles de mots ne devraient pas oblitérer les vraies questions : pourquoi sommes-nous affolés de l’intérieur lorsqu’on « change la place » des hommes et des femmes, des humains et des bêtes ? 
 

 

José Vengeance Dos Guerreros

 

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mardi, 18 août 2009 | Lien permanent

Une éducation en l’an mille quelque chose

 

Un passage émouvant du livre de l’historienne Joan Evans, La civilisation en France au Moyen Âge (1930)

 

12 Ilford 125.jpg
phot Sara

 

 

« Guibert de Nogent, né en 1053, nous a laissé un petit tableau très triste de son éducation d’enfant élevé par un gouverneur particulier.
 

« Quand on me mit à l’étude, j’avais déjà, en vérité, commencé les rudiments, mais je pouvais à peine assembler les éléments les plus simples, lorsque ma mère aimante, préoccupée de me voir étudier, songea à me mettre à la grammaire… L’homme, à qui ma mère projetait de me confier, avait commencé à apprendre la grammaire à un âge avancé, et il était d’autant moins versé dans cet art qu’il en avait eu très peu dans sa jeunesse. Cependant il était si modeste que son honnêteté remplaçait son absence de savoir… Donc, lorsque je fus confié à ses soins, il m’enseigna avec une telle pureté et me garda avec un tel zèle… Qu’il m’empêcha complètement de prendre part aux jeux communs, ne me permettant jamais de sortir sans être accompagné, ni de manger hors de la maison, ni d’accepter aucun présent sans sa permission… Tandis que les autres enfants de mon âge allaient partout à leur guise… Pour ma part, j’étais enchaîné par des contraintes incessantes, et je restais assis dans mon petit manteau de clerc, regardant comme un animal apprivoisé les bandes d’enfants qui jouaient. Mais tandis qu’il m’importunait tant, et que ceux qui nous connaissaient pensaient que mon esprit d’enfant s’affilait à l’extrême, grâce à ces douleurs continuelles, tous les espoirs n’en furent pas moins déçus. Car il ignorait lui-même complètement l’art de la composition, en poésie comme en prose ; si bien que j’étais en butte à une grêle pénible et presque quotidienne de reproches et de coups, lorsqu’il voulait me forcer à apprendre ce qu’il ne savait pas lui-même… La nature fatiguée devrait parfois trouver un remède dans la diversité du travail. N’oublions pas que Dieu forma le monde non pas uniforme, mais avec les changements du jour et de la nuit, du printemps et de l’été, de l’automne et de l’hiver, nous ranimant ainsi par le changement des saisons ». 
 

 

AlmaSoror avait déjà cité cet homme, ici

 

A propos de l’éducation des enfants à cette époque, Joan Evans ajoute : « Saint Anselme est le seul que l’on entende rappeler au maître que les enfants sont des êtres humains comme lui, et qu’ils ont besoin de « miséricorde, de douceur, de pitié, de paroles joyeuses, de patience charitable, et de beaucoup de réconfort de ce genre ». 
 

 

Ainsi, l’homme qui a dit « fides quaerens intellectum » était aussi un frère des enfants…

 

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samedi, 14 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (3)

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