mercredi, 15 septembre 2010
Traversée du bitume
Motarde sablaise, par Sara
(un billet d'Edith)
Contrairement à ce que vous croyez, je n'ai besoin de personne en Harley-Davidson. Cela vous fait peur. Vous vous dites : « elle n'est pas humaine, puisqu'elle roule seule en Harley Davidson ». Vous avez tort : certains humains sont solitaires. Il y a les ermites du désert et les ermites de montagnes. Il y a les ermites de la mer et les ermites du fond des villes. Il y a les ermites de la route. J'en suis.
Mes coups de colère vont au vent, mes coup de blues à l'herbe des bas-cotés. J'ai du sable dans mes chaussures et une maison vide, très loin d'ici. J'ai peur d'y retourner, car il y avait des voisins dont les pensées faisaient trop de bruit dans le silence des nuits.
De temps en temps, je vois un homme s'approcher avec son blouson de cuir et sa cigarette, sur une moto presque aussi belle que la mienne. Il m'offre une cigarette. On compare les garages. On s'encourage pour le bout de route qui nous reste. Je me souviens des prénoms de ces hommes qui partagent la route : Michel. Albert. Alain. Christophe. Églantine. Robert. Jean. Pierre-Noël.
J'ai trente-deux ans. Plus qu'un an avant l'âge du Christ. Je me demande ce que cela fera de rouler sur le bitume à tout bringue, à cet âge là, droite sur la moto, tranchant l'horizon horizontal pour faire une croix.
Edith de CL
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