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lundi, 19 janvier 2015

Toxico

Tu viens chercher ici ta came quotidienne ? Il n'y en a plus. Les caves sont vides. Nous avons bu les fonds de bouteilles. C'est la dèche.

Je sais que tu es en manque, que ton corps a besoin de nourriture, que ton âme hurle à la mort. Moralement, tu te vautres sur les planchers, tu rampes en quête d'une poudre d'absolu. Mais je ne peux t'offrir que ce que je possède - plus rien.

Quelque chose de profond manque à ton bien-être, une algue substantielle qui teinterait de vert l'océan de tes pensées, une lueur intérieure, une flamme vibrante, une flemme nonchalante, un flegme élégant qui t'aiderait à sortir dehors, à tenir debout.

Il fut un temps où je dispensais à tout va mes matières premières d'amour, de révolte et de bizarrerie. J'ai trop puisé à mes ressources, j'ai vidé mes puits. Tu reviens aux lieux de jouvence mais tu les trouves séchés, détruits.

Ta plainte m'énerve comme une fourchette grinçant sur l'assiette. Tu n'as qu'à t'en aller chercher plus loin, là où les Carmina Burana mués en vaisseau de son flottent dans les éthers. Laisse-moi tranquille.

Tu dépérissais et je te guérissais sans le vouloir, par la vitale présence de mon souffle. Le voilà, mon souffle, approche-toi pour sentir sa maigreur. C'est le souffle des sécheresses et des néants du coeur.

Meurs dans d'atroces souffrances si tu peux, ou végète en regrettant le bon temps, car ton dealer de came ferme boutique.