mercredi, 17 janvier 2018
Une bibliothèque Cornulier - La littérature orale quechua
(La bibliothèque dont on vous parle fut créée, trente ans durant, dans un appartement au fond d’une cour du 13 boulevard du Montparnasse, avant de devenir une bibliothèque éparpillée).
Titre : La littérature orale quechua
de la région de Cuzco - Pérou
Auteur : César Itier (et les personnes dont il a recueilli les propos)
Editeur : Karthala
Genre : ethnologie et linguistique
Date de parution : 2004
Pays de l'auteur : France (Pérou pour les personnes dont César Itier a recueilli les histoires)
Nombre de pages : 230
Exergue :
Anteschà kay pacha paqarimuypi riki... Autrefois, à l'aube de notre monde...
Arrivée dans la bibliothèque : 2004 (acheté à Paris)
Première phrase :
"Dans les hautes terres du Sud du Pérou, les récits concernant l'origine de la société ont généralement pour protagonistes des êtres appelés "gentils" (hintil, de l'espagnol gentil "gentil, païen").
Première phrase de la page 70 :
"A travers ce reniement exemplaire, l'étoile exprime et impose le point de vue des gens de la vallée : les enfants d'une telle union ne pourront tirer un parti positif de leur double héritage génétique et écologique. Fils d'un homme de la puna et d'une femme-étoile-oiseau de la vallée, ils ne pourront prétendre être des hommes de la vallée mais seront des oiseaux de la puna".
Dernière phrase :
"Papanpiwan chay Tumaspiwan tayta kurakama kapunku, ari. (Elle rit). Chayllatan Luciaqa willarquyki".
Lui et son père étaient tous deux curés, oui. (Elle rit). C'est tout ce que Lucia peut te raconter.
COMMENTAIRE
Comme d'habitude avec les travaux des linguistes, des ethnographes, des sociologues, des anthropologues, ils nous ouvrent la grande porte sur des civilisations inconnues et chargées de magnificence, mais nous en donnent un tableau dénaturé par leur "analyse".
Une bibliothèque Cornulier : les titres
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samedi, 19 avril 2014
Charte du Mandé, Discours de Seattle, pièce de la mort d'Athahualpa : des "faux"
Comment prouver la supériorité morale des victimes
La charte du Mandé
En 1970, des chercheurs africains "découvrent" La Charte du Mandé", censée dater du XIII° siècle et préfigurer la déclaration des droits de l'Homme. Cette charte aurait été transmise oralement, mais, selon wikipedia, son existence "n'est pas sérieusement mise en doute". Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas non plus sérieusement prouvée. J'ai cherché des éléments pour donner foi à ce beau texte, qui parle si bien à nos cœurs, mais il semble que, quelle soit la splendeur et l'ancienneté de la civilisation malienne, rien ne nous permet d'affirmer que cette charte ait existé avant les années 1970.
« Une vie n’est pas plus ancienne ni plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une autre vie n’est pas supérieure à une autre vie ...La guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des esclaves; c’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre; personne ne sera non plus battu au Mandé, a fortiori mis à mort, parce qu’il est fils d’esclave... Chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits des lois de sa Patrie.»
Le texte de Seattle
À la même époque, un beau texte "amérindien" tire les larmes des cœurs bons : ...Cependant, nous allons considérer votre offre, car nous savons que si nous ne vendons pas, l'homme blanc va venir avec ses fusils et va prendre notre terre.
Mais peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? Étrange idée pour nous !
Si nous ne sommes pas propriétaires de la fraîcheur de l'air, ni du miroitement de l'eau, comment pouvez-vous nous l'acheter ? ...
Ce magnifique texte qui nous rappelle la beauté du monde indien et la méchanceté du nôtre, est un faux, établi par un universitaire Nord-américain.
La mort d'Atahuallpa
Enfin, dans la Vision des vaincus, qui relate comment la conquête espagnole fut vécue par les indigènes du Pérou et de Bolivie, l'universitaire Nathan Wachtel fonde toute son argumentation sur une pièce de théâtre écrite par un Inca. Hélas, ce texte anachronique, qui date des années 60, a été écrit par un militant communiste. César Itier l'a démontré dans son texte : Vision de los vencidos o fascificasion ? Datacion y autoria de la Tragedia de la muerte de Atahualpa. (Vision des vaincus ou falsification? ? Datation et autorité du drame La mort d'Atahualpa).
(Résumé de l'article de César Itier : À travers une analyse philologique et textuelle, cet article montre que la Tragédie de la mort d’Atahuallpa, oeuvre dramatique quechua publiée par l’écrivain bolivien Jesús Lara en 1957, n’a pas été composée par un indigène au XVIe siècle, comme l’affirmait Lara et comme l’ont cru quelques auteurs après lui, mais qu’elle a été entièrement écrite par Lara lui-même qui voulait prouver que les Incas avaient développé une grande littérature, dont l’héritage subsistaiten Bolivie. Sont identifiées ici les principales sources utilisées par l’auteur pour forger sa fausse tragédie incaïque).
Trois textes douteux, trois causes justes
Ces textes visent à prouver que les populations opprimées par des Européens qui les trouvaient primitives étaient en fait plus élevées et développées qu'eux.
Or, est-il besoin d'exhiber du néant de telles "preuves" dont l'évidence s'effrite dès lors qu'on tente de les appréhender ? La violence de ces Européens en Afrique noire, en Amérique du Nord et du Sud, suffit à démontrer qu'ils étaient des barbares, des destructeurs de civilisations.
C'est être encore imbibé de "valeurs occidentales" que de créer de toutes pièces des preuves visant à établir la supériorité des vaincus selon les critères des vainqueurs ! Et, comme chaque fois que l'on tente de se mettre au niveau de celui qui nous écrase, au lieu de prouver notre valeur (pourtant bien réelle), on se ridiculise.
L'interminable libération intellectuelle
L'Afrique du Songhaï n'a pas besoin de tenter de prouver que "la charte du Mandé" est antérieure à la "Magna Carta" anglaise, pour qu'éclate la beauté de sa civilisation, la cruauté de ceux (Marocains et Européens) qui l'ont fracassée.
Les Indiens de l'actuelle Bolivie n'ont pas besoin d'une pièce de théâtre soi-disant inca, en fait d'inspiration communiste du XX°siècle, pour qu'éclatent le savoir-faire inca (les ponts incas portent aujourd'hui des camions et tiennent mieux que ceux que construisent des ingénieurs du XX°siècle), la grandeur de cette civilisation, de sa langue, de ses rites.
Les amérindiens du Nord n'ont certainement pas besoin de beaux poèmes "néo-indiens" écrit par un WASP pour que retentissent les larmes de leurs ancêtres immenses et la honte des exterminateurs encore en place sur leurs terres.
Et s'il est une colonisation réussie,
Et s'il est une colonisation réussie, c'est bien la colonisation intellectuelle qui a instauré dans les cerveaux du monde entier que l'écrit est supérieur à l'oral, que la déclaration des droits de l'homme est ce que l'esprit humain peut produire de plus grand...
La décolonisation mentale devrait commencer par renoncer à ressembler à celui qui nous a violé.
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