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vendredi, 27 juin 2014

Les aperçus de Marc Haven

 Aperçus sur le Tao

 

 

Marc Haven

 

 

 

Le Tao et sa vertu

Une voie qui peut être tracée n'est pas la Voie éternelle : le Tao
Lao Tseu

 

(Note d'AlmaSoror : les chiffres entre parenthèses renvoient aux notes insérées par Marc Haven lui-même, citations dévoilées dans un esprit d'unification des traditions spirituelles)

 

Sur le plan intellectuel, ce que l'on conçoit bien, peut, dans toutes les langues, s'énoncer clairement. Il n'en est pas de même des révélations d'ordre mystique ; leur perception procède d'un sens interne à l'état latent dans tout être humain, mais appelé à se développer par la recherche intuitive de la Vérité et la Vie intérieure : c'est le cœur spirituel (1).

Par lui, les inspirés, les saints, reçoivent la lumière de l'Esprit. Mais comme cette lumière tient à l'essence des choses, elle est difficilement communicable à la plupart des hommes, pour qui le monde sensible représente encore la seule réalité. C'est pourquoi, lorsque les Sages veulent en parler, ils se heurtent à l'insuffisance de notre langage (2) et sont contraints de se servir de figures allégoriques ou de symboles.

De tels moyens d'expression resteraient lettre morte s'ils ne gardaient en eux, comme tout ce qui vient en ligne directe de la Source créatrice, un vivant reflet de l'Esprit qui les inspira. On peut s'en convaincre en lisant d'un cœur simple les textes sacrés d'Orient ou d'Occident par quoi la Grande Tradition nous est transmise d'âge en âge (3).

En raison de la haute spiritualité de son œuvre, Lao Tseu n'a pu échapper à la nécessité d’utiliser des images symboliques. Pour représenter le Principe éternel et inconnaissable de toute chose, il a choisi un mot que son étymologie rend apte à cette désignation conventionnelle. « Ne connaissant pas son nom, dit-il, je le désigne par le mot TAO ».

Le caractère TAO est composé du radical « marche », uni au radical « tête ou principe, point de départ d'un système, pensée directrice d'un mouvement ». Il signifie, au sens propre : un chemin, une voie. À ce titre, il avait paru le meilleur aux écrivains, dès l'antiquité, pour désigner une doctrine, la loi morale et sociale, et il reste, comme tel, d'un usage courant chez tous les philosophes chinois.

Lao Tseu lui donne une acception nouvelle. Il l'utilise pour représenter le Principe primordial, la Cause des causes, l'Absolu inaccessible, l'Être-Non-être supérieur à toutes les créatures, origine de tout, qui a toujours été, est et sera toujours, sans qui rien ne serait et qui est Tout en tout.

De même, il a pris le caractère TE pour manifester l'Être, la manifestation du Tao, sa puissance créatrice. Le sens habituel du mot TE : « vertu, excellence morale, qualités, propriétés naturelles », se trouve ainsi non seulement amplifié mais divinisé.

De là vient le titre donné par le Vieux Maître à son œuvre : Tao Te King, le livre du Tao et de sa Vertu. Ce livre est une introduction à la Voie de la Simplicité originelle. On accède à cette voie en créant soi-même, par l'abnégation et le détachement (4), un vide que remplit la Vertu du Tao. Il s'ensuit une révélation intuitive de la Vérité, très différente des méthodes de recherche du Vrai par l'intermédiaire des sens et des facultés mentales.

Dans la présente étude nous essaierons de dégager, s'il est permis de s'exprimer ainsi, la notion de Tao, en suivant ligne par ligne le premier chapitre du Tao Te King, comparable, par sa forme lapidaire, à un théorème dont les 80 chapitres suivants ne seraient que la démonstration. Les autres Aperçus sont consacrés à quelques points essentiels de la révélation taoïste.