Héroïne - Poème de l'hiver 2018 (jeudi, 25 janvier 2018)
(Ami défunt qui écrivais un poème pour chaque saison, il fallait bien que quelqu'un prenne ta suite. Il y eut le poème de l'hiver 2017. Il y eut le poème du printemps 2017. Il y eut le poème de l'été 2017. Il y eut le poème de l'automne 2017.
Voici celui de l'hiver 2018).
Petits enfants de lune qui ne voient jamais l’astre auquel ils rêvent,
vieillards aux dents d’or, aux cheveux d’argent,
femmes qui veulent oublier le viol consenti,
hommes qui tentent de dénoncer le vol de leur enfant,
la pluie drue transperce la ville froide à cet instant.
Et j’ai voulu donner au monde une sève, une écriture, une structure.
Mais la mathématique a obstrué mon esprit
et l’orgue de l’église a occupé des heures
quand je montais ses marches pour exercer mes doigts
dénuée de don, dénuée de partition, dénuée de foi,
comme d’autres se piquent d’héroïne ou de sauver le monde.
Et je n’ai jamais pu finir une phrase, achever une présence.
Car il y avait au cœur de ma vie cet être nu, l’Absence,
vêtue de probité invisible et tachée de vin blanc.
Des mains m’ont caressée certains soirs de janvier,
après la mort d’un père ou le deuil d’un enfant,
j’étais épouvantée par ma déviante langueur.
Et les années passaient sans délester leur beurre.
La pluie froide traverse le ciel jusqu’au trottoir.
Un mensonge a vieilli ton regard philosophe.
Je ne connais plus rien des jeunesses qui éclosent.
Tu es mon étranger, mon amour indifférent.
J’aurais voulu t’aimer un peu mieux, plus longtemps
Et l’hiver s’éternise aux heures des amants.
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