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Chroniques fictives

La route des fous

La route des fous

La route des fous
par Arnaud Descabanes
Editions Furibondes, 2029

La route des fous est un roman de route européen. Il commence admirablement. Il se déploie majestueusement. Mais le roman s’enlise à la moitié de son déroulement.

Pourquoi l’auteur, après une si belle envolée, s’emballe-t-il dans les méandres d’une historiette qui ne concerne pas les personnages principaux et embrouille le lecteur ? Mystère.
Le livre mérite tout de même une critique favorable. Il faut le lire, au moins jusqu’à la page 733. Il fait partie de la sorte de romans qui sépare les êtres humains en deux types : ceux qui l’ont lu et aimé, ceux qui ne l’ont pas lu. Car la force des rêves qu’il abrite s’injecte dans le corps et le cœur du lecteur sans même qu’il s’en rende compte, pour enrichir à jamais son univers mental et imaginaire.

Le roman commence dans les années 2010, par une belle scène d’enfance : la scène fondamentale, primitive, d’où naîtront tous les départ de la vie de Jean-Dieudonné Barrière, héros de La route des fous. Sa mère lui lit Petite brouette de survie, de Tieri Briet et Alejandro Martinez. Il a quatre ans. Elle est sur le bord de son lit, vêtue d’une longue robe bon marché. Il rêve de mer, de ciel, de feux de campements, de poissons, de chiens et de routes.

Silence : trois pages blanches séparent ce prologue de la suite du roman. Trois pages blanches qui représentent l’écoulement de quinze années.

Jean-Dieudonné a 20 ans, vingt euros et une photographie de sa mère en poche. Elle, elle est décédée après de longues années dans un hôpital psychiatrique. Mais sa voix continue de raconter des histoires : des histoires de route. Et Jean-Dieudonné sait que, guidé par cette voix, il partira réaliser les rêves de son enfance.
Il ne lui manque que le courage. Patiemment, il attend qu’il vienne. Puis, un jour, comprenant que le courage ne viendra jamais à lui, il l’invoque avec rage, l’attrape à l’intérieur de lui et il part.

20 ans de route. L’Europe est traversée de drames et d’histoires, de vies et de morts. Il parcourt ce continent aux étoiles.

La chanson Jours d’Europe, du groupe Spatium Sonans, accompagne les soliloques effrénés du héros.

"Etranges jours d’Europe d’où le mystère est absent... etc"

Les vingt ans d’errances et de rencontres nous tiennent au corps, au cœur. Impossible de lâcher le livre. Mais au lieu de clore son histoire quand Jean-Dieudonné s’est fixé sur la terre rêvée de son enfance, la maison de jeunesse de sa mère, qu’elle n’avait jamais pu lui montrer, l’auteur tergiverse. Il aurait dû finir sur un champ de colchiques, les premiers jours d’automne, cette histoire fascinante d’un homme qui accomplit la promesse lue dans les yeux maternels ; hélas, il s’atèle à des descriptions vaines de situations politiques et familiales qui n’ont aucun sens dans ce roman.

Dès lors la lecture du livre perd son intérêt. Il faudrait le rééditer en l’arrêtant à la page 733 et annuler le reste du livre, dont pas un gramme ne manquerait à l’histoire.
La route de Jean-Dieudonné est finie. Ce qu’elle a d’inachevé ne nous concerne pas et doit demeurer dans la part de rêve.

La route des fous est le livre unique de son auteur : Arnaud Descabanes a publié un seul roman avant de répondre à l’appel du Dieu appris sur les genoux de sa première église : sa mère. Il est aujourd’hui prêtre réfractaire en Polynésie française, dans les Îles Gambier.