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Album de 17 000 pages, agrémenté des illustrations de Phil Nat Guang.
Papier antique. Couverture et photographies glacées.
Editions Furibonde, 2062
Les éditions Furibonde plongent à nouveau dans la mélancolie. Après J’ai mangé ta vie, de Malo Quirvane, puis J’entendais ta guitare pleurer, de Venexiana Atlantica, elles publient cette année un petit album d’une petite vingtaine de milliers de pages sur un mouvement artistique à jamais passé. Il faudrait s’interroger sur le culte du passé dans un monde pourtant si neuf, si plein d’espérances et d’avenir. Entrons pourtant dans ce livre de souvenirs.
Dans les années 2010 le mouvement VillaBar, suivi par le mouvement ArtBar, constitua une source de création à laquelle ceux qui y participèrent ont puisé pendant longtemps, longtemps après que VillaBar ait fermé ses portes de création.
Ce livre replonge dans ces années de création simple et tranquille, quand tout était encore possible pour des êtres humains qui vivent ensemble dans une ville, sous un ciel pollué mais romantique, dans un monde où les voitures traversaient de longues rues de pavés et de béton mêlés.
Quelques articles et témoignages émaillent ce livre de mémoire artistique. Plusieurs interviews de vieillards qui eurent un rôle dans ces frasques visuelles à l’époque de leur jeunesse. Comme Marcella Barbieri, dite La Marcella, photographe. Comme Sancha, Olivier Estord et Isabelle Ferrier, photographes aussi, rassemblés à nouveau quarante ans après. Ils s’étaient perdus de vue, la plupart après de grosses fâcheries, depuis des lustres. La scène de leurs retrouvailles, racontée par Damian Baladine, est émouvante : ils ne se reconnurent pas sous leurs masques de grande vieillesse.
Boris Bérard, qui jouait Stanislas Tichy, est interrogé ici par la journaliste Stella Mar (petite fille d’Esther Mar, qui participa aux romans photos VillaBar de la période Piston Pélican).
J’en reproduis un extrait.
Stella Mar :
- Vous vous souvenez bien de cette période ?
Boris Bérard :
- Ah ben ! Ben oui !
SM
- VillaBar, c’était vraiment cette ambiance artisanale et rienàfoutriste qu’on a tant décrit depuis ?
BB
- Artisanale, j’te crois. Rienàfoutriste, ben nan, quand même. C’était important pour nous tous. Mais on ne voulait pas faire sérieux. On s’amusait. En même temps, bien sûr, on se disait que ça nous mènerait p’têt quelque part.
SM
- Le personnage de Stanislas Tichy vous a longtemps collé à la peau. Etait-ce un pot de colle ou un double ?
BB
- Les deux ! Nous nous sommes influencés mutuellement. Nous nous disputions de temps en temps. Il a été gentil, puis méchant, puis gentil, puis méchant, au gré des scénaristes et de mes déguisements. Au début on croit qu’on joue un personnage. Petit à petit on comprend qu’on le crée, puis d’aventures en aventures on se rend compte qu’il nous transforme. (rires. Puis un soupir. Boris Bérard prend une chique). Evidemment, un personnage comme ça, on n’en campe pas beaucoup dans une vie d’acteur. Heureusement. C’est trop prenant. Il faut savoir changer de peau !
Indéniablement, Boris Bérard est nostalgique. Il parle aussi de la belle Ondine Frager, des frasques de William Fontaine, du profil machiavélique du trop tôt disparu Charles Mac Lance et des crises de neurasthénie d’Edith de CL. Stella Mar l’interroge sur les auteurs, dont il a connu le plus grand nombre. S’il avoue ne pas bien se souvenir d’Esther Mar ou d’Antonio Zamora, il relate en revanche des événements précis ayant eu lieu avec Sara, Mathieu Granier "el diablo dulce", Iris Ducorps ou encore Philip Darkensen. On boit avec ferveur ces anecdotes qui font revivre un monde dont le présent ne nous parle plus, mais qui hante encore tant de mémoires. Quelques photos de Bérard jeune agrémentent l’édition. Puis son portrait, pris l’année dernière par la photographe Dany Stardom. Les étoiles brillent dans les yeux de celui qui interpréta, dix ans durant, à travers films et romans photos, le truand romantique Stanislas Tichy.
E CL