Ces bêtes qu’on abat : Un veau pour distraction (dimanche, 19 août 2012)

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Un veau pour distraction

 

Dans un abattoir de Moselle, un veau de quatre à cinq mois était attaché dehors, près du local où se trouvait le box rotatif. Il semblait intéresser trois employés, qui fumaient une cigarette en faisant une pause. L'un lui tordait les oreilles, le rudoyait en lui donnant des coups de genoux dans les côtes, au niveau des poumons. Les autres riaient (« Il faut bien se détendre », me dirent-ils !). Après qu’ils eurent repris leur poste dans l’abattoir, je m’approchai du veau et le caressai. Malgré tout, le petit animal ne se sentait pas rassuré. Un employé est alors venu le chercher et l'a installé près du box rotatif, une autre personne l'a étourdi au pistolet à tige perforante et l'a suspendu. Mais d'autres bovins suspendus attendaient déjà d’être saignés. Le veau n'a donc pas pu être saigné tout de suite. Il se débattait tellement qu'on a dû lui donner un autre coup de pistolet. Quelqu'un m'a dit que, d'habitude, on ne s'embêtait pas à faire passer les veaux à côté du box (quand il y en a plusieurs, les employés les font passer dans le box rotatif tous en même temps). Comme beaucoup de bovins étaient en attente d'être saignés, et probablement pour avancer le travail d'une autre personne sur la chaîne de découpage, un employé coupait les deux pattes avant des animaux, alors même qu'ils n’étaient pas encore saignés, et qu’il aurait dû attendre la mort complète et effective des bovins avant toute intervention de découpe !

 

Égorgement en abattage rituel d’un bœuf retourné sur le dos.
Phot Jean-Luc Daub

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L'abattoir avait été équipé d'une chaîne d'abattage rituel pour ovins destinés à la consommation de la population musulmane. Les moutons devaient être parqués dans un petit local avant leur égorgement. Le responsable de l’abattoir m'a d'abord expliqué rapidement et assez évasivement que lorsque cette chaîne serait en état de fonctionner, les moutons seraient abattus, suspendus et dépouillés plus loin. Pourtant, d'après les bouches d'évacuation dans le sol, j'avais pu constater que l'une d'entre elles servait à l'évacuation des eaux et que l'autre servait à la récupération du sang. Donc, d'après les installations, j'enavais déduit que les moutons seraient inévitablement suspendus dans le premier local, passeraient au-dessus d'un petit mur et seraient saignés en étant pendus par une patte dans le second local. Après discussion, le responsable confirma mes soupçons. Il était aberrant que l'on installe des équipements en sachant à l'avance que leur utilisation serait illégale, et cela, avec l'accord des services vétérinaires qui avaient étudié le dossier de construction selon le directeur. Cet abattoir n’avait pas bonne réputation auprès des autres établissements d’abattage.

 

 

 

 

 

 

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