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Chroniques fictives

I never loved you

I never loved you

2037
Film gallo-breton. Cinéaste anonyme.
Avec Anna Hascoët, Marie-Jeanne Le Breton, Judicaël et Erwan Kergaël, Phil Malnommé.

Au fond d’une rue, une femme vit seule. Elle est jeune. Elle est belle. Elle s’appelle Solange Nuit. Elle vit dans un monde de mensonge social et de solitude intérieure. Un monde où, quand on vous demande, heure après heure, jour après jour, « ça va ? », l’on répond, sans y songer, « ça va ». Mais ça ne va pas. Solange Nuit est normale, elle se croit normale. Mais quelque chose ne se passe pas.
Les années se dévident, les cheveux des amis blanchissent... Solange Nuit ne vieillit pas.

Lorsque Solange Nuit réalise qu’elle ne vieillit pas, l’angoisse la prend. Que lui arrive-t-il ? Autour d’elle, l’admiration, puis l’étonnement, puis la stupéfaction montent. Elle attend : la vieillesse ne vient toujours pas. Cela devient intenable, au point où Solange doit faire semblant de vieillir : elle se maquille, elle cache ses jambes, puis, bientôt, ses bras, elle se dessine des tâches sur ses mains. 
N’en pouvant plus, elle émigre. Elle a trop honte de consulter. Elle a peur qu’on l’enferme, qu’on la vivisectionne : elle est trop anormale pour aller voir des médecins normaux.
Sa vie est une errance : elle fuit. Partout, elle fuit. Lorsqu’elle doit faire des démarches administratives, pour qu’on ne la découvre pas, elle paie un homme de main pour les exécuter.

La phrase de son père la hante : « Je ne t’ai jamais aimée ». Lorsqu’elle comprend que cette phrase la hantera pour l’éternité, elle cherche la mort. Mais ce que Solange cherche la fuit, et dans un monde où tout un chacun se presse chez les marchands d’illusion pour tenter de ne pas mourir, la seule personne qui souhaite mourir est condamnée à perpétuité.

Alors un jour, elle décide d’utiliser son pouvoir. Elle est belle et jeune pour l’éternité : pourquoi ne pas en profiter ? Solange Nuit entre enfin dans la vie. Et si elle perd son cœur en utilisant d’abord machiavéliquement son pouvoir, c’est pour le retrouver au fond d’un amour éternel, dans les bras d’un être semblable, à la fin de l’histoire.

Le film explore en profondeur une idée intéressante : les pires maux de la terre sont souhaitables si la solitude est le prix de leur exemption. Tout l’or du monde entre les mains d’un riche ne sert de rien si le reste de la planète meurt dans la misère. Il suffit d’un autre riche pour rendre l’or attractif. Mais un seul riche est comme un seul mort vivant au milieu des vivants. 
Comment être un être surhumain au milieu d’humains mortels ? I never loved you raconte deux choses : l’impossibilité de grandir quand on n’a pas été aimé ; et la difficulté de porter un don qui nous dépasse. Suspendue entre l’échec humain et le génie divin, Solange Nuit, somptueusement campée par Anna Hascoët, nous emmène là où nos corps, nos esprits, nos âmes ne vont jamais seuls : ils sont trop petits pour cela. Solange Nuit nous grandit, et en échange, nous lui donnons ce qu’elle a tant attendu en vain : tout notre amour.

L’esthétique du film n’est pas brillante. On l’oublie, c’est dire si l’histoire et les acteurs sont à couper le souffle.

E CL