Toi qui communiques (samedi, 14 août 2021)

Sur tous les réseaux sociaux possibles, tu postes des images de tes enfants qui t'entourent, d'un bout de ta maison, des paysages que tu traverses en vacances, du bel appartement qui t'attend dans la ville du quotidien. Tu racontes comme tes enfants sont sympathiques, après avoir montré comme ils sont beaux, tu démontres à quel point ils t'entourent, te donnent des nouvelles, te visitent, te confient leurs enfants. Tu es accompagnée, aimée, bien lotie.
De temps en temps, tu te révoltes contre les gens qui font du mal aux autres, toi qui ne supporte pas l'injustice, toi qui aime les migrants, les pauvres, l'art et le partage !
Et puis tu retournes à l'étalage plus ou moins bien dosé des bienfaits dont le dieu de la réussite ne cesse d'inonder ta vie. Les femmes stériles, les hommes sans femmes, les enfants cloués aux fauteuils roulants, les inssolvables sont assis devant leurs écrans et ils regardent défiler ta si belle vie. Ils cliquent « j'aime », « j'aime », disposent des cœurs sous tes images, puis ils boivent un second ricoré. Ils savent qu'il faudraient qu'ils passent l'aspirateur mais n'en ont pas l'énergie dans l'immédiat. Ils se souviennent de leurs rêves adolescents. Mais ils n'ont pas le temps de se souvenir trop longtemps car une notification les interpelle sur leur écran. C'est toi, tu viens de poster cette photo de ton amoureux et de tes fils qui rient ensemble sur la terrasse face à l'océan. Leurs corps sont gorgés de muscles et les ambroisies aux belles couleurs qu'ils sirotent ne créent jamais de bourrelets sur leur ventre.

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