42 automnes (mercredi, 23 septembre 2020)
Ce temps qui passe, imperceptible, ce temps passé, indescriptible. Ce temps à venir, compté, incertain. Et les ans qui s’accumulent sur le journal de Baude Fastoul, la naissance du hallux valgus, de quelques cheveux blancs, la ride du lion qui fronce mon front.
Des rêves comme des ballons qu’on a pas encore lâchés dans le ciel, depuis l’enfance et la jeunesse.
Ces rêves demeurent, inaccessibles, toujours aussi forts, cette poésie de l’attente, elle, se transforme en attente de la poésie.
Ces chants russes lointains, mystiques, ces chants romains, trop proches, ces chapelets à Saint-Nicolas du Chardonnet, hiératiques et désuets.
Cette légère impression d’avoir commis exactement l’inverse de ce que j’aurais dû.
La quête de sens, l’immense soif d’avoir vécu pour quelque chose. La soif de vivre et les heures à ne pas vivre, des milliers de milliers d’heures.
Sainte Thérèse d’Avila (la vie n’est qu’une nuit à passer dans une mauvaise auberge), Sainte Thérèse de Lisieux (ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère), Sainte Thérèse Bénédicte de La Croix (viens, allons pour notre peuple), trois carmélites pour un songe anachronique de grillage et de voile, une hésitation.
La litanie à la voix grave de frère Emmanuel de la Sainte Cigarette, et la soror furiosa, sorora normalis, sœur civile à la voix dure, à l’esprit étroit, soror eterna.
« Que le Seigneur soit avec vous !
Et avec votre esprit ».
Que l’esprit saint nous guide à travers les scories des idées, les méandres souffreteux de nos psychés.
La musique, limpide et divine, pour danser ou attendre, parce que l’attente est le propre de la femme perdue.
La croyance secrète en un salut terrestre, cet homme qui s’approche, cet argent qui vient, cette joie neuve, à laquelle on avait droit.
Ces amitiés mi-figue, mi-raisin, ces dîners entre chien et loup.
Toute la poussière d’une vie banale.
J’ai envie que tout recommence aujourd’hui.
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