Du rôle salvateur de l'ennemi (vendredi, 17 avril 2020)
L'ennemi est-il la condition de la liberté ? Un monde sans ennemi est-il vraiment un monde de paix ?
« Le traité de Versailles a rompu avec la tradition diplomatique normale et seule politiquement logique, en refusant de négocier avec le vaincu et en lui imposant purement et simplement les conditions du vainqueur. L’ennemi était nié puisqu’il perdait sa qualité d’interlocuteur politique pour devenir un coupable du point de vue d’une idéologie morale. Du même coup le traité de paix perdait toute signification, et la paix elle-même, puisqu’elle n’était plus une convention ou un contrat entre le vainqueur et le vaincu, prenait l’allure d’une condamnation prononcée par le procureur. Faute d’ennemi politique, le droit international perdait lui aussi sa signification pour devenir une espèce de droit pénal et criminel ».
Extrait de Julien Freund, IN L'essence du politique, cité par Theatrum belli
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