Le silence imposé par soi-même face à celui qui sait mieux que soi (mardi, 07 mai 2019)

Ces deux hommes discutent, calmement. Ils sont parfaitement d’accord l’un avec l’autre, sur tous les thèmes qui surgissent et chacun à sa manière possède une langue pure, efficace. Je suis la troisième interlocutrice et je suis silencieuse. J’admire leurs prises de parole, j’approuve leur manière de converser mais je suis en désaccord profond, implacable avec le fondement de toutes leurs pensées. C’est pourquoi je demeure discrète. Je sais que s’ils savaient ce qui circule dans mon esprit, ils éprouveraient un mépris immense pour mes idées. Mais aucun ne me convainc. C’est notre base commune d’analyse qui n’existe pas. Sans ce socle, comment se comprendre ? Je les écoute et saisis leurs pensées parce que je suis habituée à ma situation : la posture délicate de connaître le jugement moral sans appel qu’ils appliquent aux gens qui pensent comme moi. Eux, ne semblent pas habitués à écouter les gens qui pensent depuis un socle différent. S’ils les écoutent, c’est comme on observe un fou ou un animal bizarre, pas un pair.

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