(noir du ciel, blanc de la voie lactée) (samedi, 25 août 2018)

J'aimerais vivre à une époque sans ordinateur, sans béton, sans pantalons en jean ni sweatshirt, sans crématoriums.

Mon père fut le premier de sa lignée depuis des siècles et des siècles à ne pas descendre dans la tombe. Il est vrai aussi qu'il fut le premier à divorcer et à se remarier, c'est d'ailleurs cette nouvelle femme qui a imposé l'incinération. Briser la tradition de la lignée, pourquoi ? Pour quoi ? Pour suivre la mode, pour éclater une famille, pour se dissoudre dans l'oubli ? Totale coupure. Pourvu que ce ne soit qu'une parenthèse, une erreur, un cul-de-sac isolée dans la lignée.

Je cherche à retrouver le chemin de la tradition, mais le passé ne revient jamais. Il faut réinventer l'enchantement des héritages spirituels, des découvertes naturelles, des saisons.

Dans les films d'Ozu, qu'on peut aller regarder au Louxor en ce moment, j'admire qu'il exige la vérité, sans l'endurcir. La vérité catastrophique des guerres perdues, de la domination culturelle américaine, des modernités castratrices du sens.

J'aimerais vivre à une époque où l'on ne tond pas les pelouses, ni ne souffle les feuilles mortes. Des prairies et des tapis de feuilles rousses, des nuits réelles au-dessus de nos têtes (noir du ciel, blanc de la voie lactée), la possibilité de croire en demain.

 

Hors nos terres

La testostérone du jardinage (sur les souffleurs à feuilles mortes)

Eloge du pissenlit (ou la catastrophique mode de la pelouse tondue)

La pelouse américaine en guerre

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