La mort de Bismarck racontée par Bülow (samedi, 18 août 2018)

« Fin juillet le bruit se répandit d'une aggravation inquiétante de l'état de santé du prince. Le 30 juillet, à 11h du soir, il entrait dans l'éternité. Une dame, amie de lui et de sa famille, qui assista à ses derniers moments, m'a raconté que, dans son délire, le prince de Bismarck avait nommé la Serbie, la Russie et l'Angleterre, crié à plusieurs reprises : « Au secours ! Au secours ! » et gémi : « Mais, hélas, l'Allemagne, l'Allemagne, l'Allemagne ! » Les anciens avaient raison de croire qu'en une dernière vision les dieux montrent au mortel le malheur imminent, les périls prochains. Quand le fondateur de l'Empire, mourant, cria : « Hélas ! L'Allemagne ! Au secours ! » et nomma successivement la Serbie, la Russie, l'Angleterre, vit-il se dresser à ses yeux les écueils, contre lesquels sa création se brisa vingt ans plus tard ? Le dernier mot perceptible de Bismarck fut : « La raison d’État. » À Sainte-Hélène, les pensées de Napoléon mourant planaient sur le champ de bataille : « Tête de l'armée », furent ses dernières paroles. Les derniers sentiments, les derniers vœux et soucis du prince de Bismarck allèrent à l’État, qu'il avait servi comme pas un ».

 

Extrait des Mémoires du Prince Chancelier von Bülow,

Tome des années 1897-1902.

Traduction (trop rapide ?) de Paul Roques et Henri Bloch

bernhard von bulow,prince de bismarck

 

Bernhard von Bülow avait déjà égayé nos insomnies blogales :

Quatre gros livres près de la table de nuit

Fraîches étaient les forêts du Taunus

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