1999 (dimanche, 13 mai 2018)

Tu jouais des ondes Martinot, Luc critiquait le remembrement de la France et nous nous adonnions à des jeux noirs et blancs au fond d'une maison de Montreuil-sous-Bois, sans bois ni abeilles, que du béton et des chansons qui depuis sont mortes.

Amour, jeunesse, joie et tristesse, je trônais au centre des étoiles, lune en l'air au milieu du ciel, lune en vierge d'un soir, lune mollement offerte au hamac suspendu entre ciel pollué et pots de coquelicots.

Digitales, deviennent nos caresses depuis que le vent du progrès a chassé la vieillesse.

Et nous prenions parfois la voiture jusqu'à Guitrancourt. Goûters d'anniversaires des enfants des copains : pornographie de décorations roses, de princesses, de dinosaures, de cadeaux en plastique et de bonbons acidulés. Papas buvant des bières, mamans s'observant par en dessous tout en se souriant d'un air complice. Petites filles roses corsetées dans leurs obligations d'être amoureuses et de colorier sans déborder, garçonnets en quête de prairies et de ballons qu'on leur interdisait pour cause de pluie.

Le soir, retour à Montreuil-sous-Bois, vodka Belvédère pour moi et vodka zubrowka « herbe de bison » pour Luc et toi. Tu jouais des ondes Martinot, Luc déchiffrait des algorithmes pour le développement économique de la diagonale du vide et nous nous adonnions à des jeux indicibles dans la chambre noire et blanche d'une maison construite en 1920, retapée en 1960, rafraîchie en 1982 par tes parents un an avant leur mort sur le Périphérique.

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