Succomber à une tentation (mardi, 14 novembre 2017)
Il doit être un peu avant vingt heures quand j'arrive à l'Hôtel Paternel. La solitude m'entoure, la fatigue m'étreint. Je constate la présence de bières dans le réfrégirateur. "Ne fais que constater", me dis-je, car j'ai prévu de ne pas boire ce soir.
Mais les bières attendent dans le réfrégirateur.
Je suis capable de manger des biscottes et du fromage, suivies par une tartelette aux quetsches, sans boire de bière, me dis-je en m'asseyant, le regard plongé dans les carrés oranges que forment les fenêtres allumées des immeubles du quartier.
Mais les bières attendent dans le réfrégirateur.
Je me lève, j'ouvre la porte du froid-placard et je constate que je ne suis pas capable ce soir de constater qu'il y a des bières et de dîner sans y toucher.
Une, une seule. Les bouteilles sont petites, ce sera une toute petite bière. Tout simplement une toute petite bière.
Je m'installe à table et je commence mon repas. Dès les premières gorgées, un intense soulagement, une détente. Et puis, avec l'accumulation des gorgées, la sensation d'un léger tournis, d'un demi-oubli.
Je ne pourrai pas travailler ce soir, murmuré-je et un sentiment de culpabilité m'envahit. Je porte à nouveau le verre à mes lèvres.
Je sens mon esprit s'obscurcir sous l'attaque paralysante de l'alcool et je me sens coupable. C'est trop tard. Il ne me reste plus qu'à finir mon verre.
Et les gorgées suivantes me convainquent que je n'ai pas forcément eu tort. La bière est excellente, n'est-ce pas inspirant de siroter des bulles en contemplant la ville qui s'endort doucement en ce milieu d'automne ? Novembre est le mois où l'on se doit de boire de la bière, c'est même une action salutaire, cette boisson fermentée apaise mes intestins autant que mon âme.
Est-elle belge ou allemande ? Je ne connais pas cette marque et ne sais si le nom que j'ai lu est flamand ou germanique. Je rapproche la bouteille de mes yeux brouillés par le lâcher-prise.
Et je lis : 0%. Bière sans alcool.
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Commentaires
Vous vous sentez peut-être un peu seule ?
Un remède à cela ou plutôt la même solitude à constater que dans ce billet, la seule différence est la visibilité car il s'agit d'un film d'automne (ici comme dans le film), ou ce n'est pas de la bière qui pleût comme au Sahara, mais du Jack'Daniels, et ce remède ou cette remmémoration s'appelle:"Scent of a Woman".
Je vous l'offre en copie jointe:
http://filmstreaming1.co/vplay.php?newsid=51483&vt=ol&sr=2
Écrit par : Fabrice | lundi, 20 novembre 2017
"La solitude m'entoure, la fatigue m'étreint." Le billet s'ouvre presque avec ces mots, aveu de solitude mais aussi témoignage de la présence fantôme d'autres personnes ("hôtel paternel", bières sans alcool déposées par quelqu'un d'autre...)
Écrit par : Señor A | lundi, 20 novembre 2017
Mise en bière collective, en fait, nous étions six. Nous étions six chanteurs d'après un concert secret, six dont trois que tu connais. Nous étions six le jour de la mise en bière du chef de clan. Personne ne l'a jamais remplacé.
Écrit par : AlmaSoror | mercredi, 22 novembre 2017
Je ne connais presque personne mais il me semble que je me rappelle un peu des êtres dont tu parles.
Écrit par : Señor A | vendredi, 24 novembre 2017
Je ne connais presque personne mais il me semble que je me rappelle un peu des êtres dont tu parles.
Écrit par : Señor A | vendredi, 24 novembre 2017
Vous le verrez mieux ici:
https://filmstreaming.to/films/temps-dun-week-end-1992/
*Je n'ai pas vu le film original de Dino Risi peut-être meilleur que celui-ci, il n'en reste pas moins excellent.
Écrit par : Fabrice | mercredi, 22 novembre 2017
Alors, dois-je feindre l'indifférence, ou avez-vous pû voir et appréciés ce film ?
Écrit par : Fabrice | mercredi, 06 décembre 2017