Le père-abbé (jeudi, 06 juillet 2017)

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Chaque soir, pour atteindre la cuisine ou pour en revenir, je marche devant toi. J'ai honte de vaquer dans le monde alors que tu priais à l'écart de lui. Mais je devrais vous vouvoyer. Nous nous ressemblons malgré les très graves égarements que j'ose suivre vis-à-vis de la religion que vous avez respectée pas à pas. Moine plein de sagesse, connaissez-vous l'ennui ?

Moine plein de vieillesse, connaissez-vous l'addiction numérique et le libre choix de la sexualité ?

Vous confessiez, paraît-il, mes ancêtres. Je vous confesse que j'ai sacrifié à tout ce que la société séculaire et libérale m'a demandé, sans même m'en rendre compte, croyant par ces actes épars, affirmer ma liberté. Mais aussi, monsieur l'abbé, croyez bien que ceux qui parlent au nom de l'église ont des sourires si faux et des jugements si durs qu'il faut beaucoup d'avance morale pour savoir leur pardonner.

Père, mon père, et si vous m'aidiez à choisir ?

Toi à qui je ressemble malgré tout, poitevine un peu, aimant entonner des Super flumina et des rorate caeli quand tombe le soir sur la ville de province, tu voudrais bien m'accompagner quelque temps sur cette vie ? Les jours passent et me lassent, je ne parviens pas à les enchaîner au creux d'un projet.

Quand je longerai le couloir et que je passerai près de l'alcôve où tu sièges, désormais, je te dirai : "Aidez-moi".

Je n'aurai plus peur de ton profil de plâtre et de ta symbolique de corbeau trop noir ou de colombe trop blanche. Je te dirai : "je compte sur toi".

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