Suspension (lundi, 15 août 2016)

 

Un petite table demi-lune en bois brun, un sac à main bleu turquoise, un ordinateur portable ouvert à mes pensées profondes, dans un studio du douzième arrondissement de Paris ; mais c'est à la montagne que je pense, au chalet que je voudrais retrouver. À la musique de Terje Rypdal en boucle, au souvenir de ma chienne bien-aimée, partie depuis longtemps de l'autre côté du monde, par un weekend triste de novembre. Aux repas du crépuscule à contempler les nuages d'en haut, au désir de ne plus jamais redescendre, à ces bières grand cru qui accompagnaient les fromages du cru.

Mais c'est d'un studio du douzième arrondissement que j'écris. Comme si nos rêves trop frêles ressentaient trop de crainte de se réaliser. Ne veulent-il jamais devenir réalité ? Je me demande ce que pensent les rêves alors que la même musique de Terje Rypdal masque les bruits de la rue – le camion-poubelle de couleur verte, les livreurs énervés par la circulation, une nounou qui hurle au téléphone dans une langue d'ailleurs en poussant un enfant blond au regard perdu...

Entre ciel bleu et terre parisienne, ou plutôt, entre ozone pollué et béton armé, j'ose croire que mon état n'est que passager. Qu'un jour du futur, à nouveau de grands chiens qui marchent auprès de moi, à nouveau les sommets enneigés au grand soleil d'hiver, à nouveau une bière à l'apéritif dans mon chandail chaud, en sachant que le ciel de la nuit sera chargé d'étoiles constellées.

 

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