Le dimanche, l'hiver et la mort (dimanche, 29 novembre 2015)
Il faudra bien vivre un dernier hiver. Souffrir du froid une dernière fois. Chercher la chaleur des bougies en haut des escaliers dégradés. Regarder les silhouettes difformes des humains et des voitures longer le ravin où poussent des orties.
Il faudra écrire une dernière phrase. Anodine ou profonde, anodine et profonde peut-être, tant l'essence de la vie épouse la banalité des moments de chaque jour.
Il faudra boire un dernier verre de vin, sans le savoir, peut-être, en croyant encore au lendemain.
La vie est courte, les après-midi sont longues : paradoxe du sentiment humain.
Certains se préparent à la mort. Comme c'est sage. Apprendre à se retirer, à dire Adieu sans se presser ni traînasser, à mettre en ordre son cœur et sa maisonnée pour partir un beau jour sur un chemin d'éternité. Ou, si l'on croit que la mort est la fin de l'être, comme une lampe qui s'éteint définitivement, apprendre à scintiller une dernière fois et à entrer dans le noir sans s'inquiéter.
Le dimanche ressemble quelquefois à la mort, dans son absence de vie, dans son silence, dans sa lenteur qui fait croire à la suspension du temps. Le dimanche a ses petits gâteaux de vide, ses thés de rien, ses guirlandes d'ennui, surtout quand il est posé au milieu de l'hiver. J'ai envie parfois de me noyer passionnément au fond de la fascinante déréliction d'un dimanche d'hiver dans une petite ville de province au climat semi-sévère, entre deux arbres morts et des maisons fermées.
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