Harfang (jeudi, 26 novembre 2015)
Le soir fait tomber la mélancolie sur la petite ville de province. J'ai besoin de retrouver ce tendre rock inuit que nous écoutions en boucle au temps où je conduisais ta voiture. J'avais froid presque tous les soirs. Nous cuisions des pâtes. Nos rêves étaient encore intègres, et malgré la méfiance de ta grand-mère, nous ne nous droguions pas à d'autres substances qu'au rock inuit et aux bières brunes. Il y avait bien la littérature mais je ne sais même plus ce que nous lisions. Des polars au kilo, et tout Victor Hugo dans le désordre des chapitres. Il serait ridicule de dire que nous nous aimions, car aucun de nous ne se connaissait soi-même. Il y avait dans nos mains accrochées la solidarité des épaves qui voguent ensemble sur le flot de l'errance. Et je regrette ces époques encore bleues où l'ignorance ressemblait à l'innocence. Je cherche ton nom sur Internet, je vois que tu vis toujours dans la ville du Nord-Est, je vois que tu es resté fidèle aux chansons venues de terres étranges. Je vois que tu ressembles encore à celui que j'appelais "Harfang".
| Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | Imprimer |