La ville qui vient (mercredi, 11 novembre 2015)
Quand cessera cette mode de baptiser les rues et les places avec des noms de vedettes de la politique et des arts ? Bien souvent, leur gloire passe en moins de temps qu'il n'en faut pour que leur tombe soit recouverte de mousse. Bien souvent, ils n'ont pas apporté grand chose à leurs frères et sœurs en humanité, quand ils n'ont pas profité plus qu'à leur tour des honneurs et des bonnes places.
Toutes ces rues aux noms de gens pleins de gloires vaines résonnent sans romantisme à nos oreilles ; nous préférerions que les lieux où nous passons nous parlent de la vie qu'on y mène ou qu'on y mena avant notre naissance.
Il nous faut habiter place des Toxicos et garer nos vélos dans l'impasse du foyer malien, nous rendre au marché par la rue branchouille et, en chemin, prendre un café sur la place des noctambules gays. Longer ensuite la rue des bruyants pour déboucher place proprette et traverser le garage des motards pour retrouver deux amis avenue des familles bon chic bon genre. Là, faire des courses dans l'avenue des cadres, rue du luxe et rue des kebabs, et via le passage de la pisse, retrouver la rue vide.
Continuer tout droit rue des deux squats, éviter le trop populeux carrefour des baisers et des ruptures, mais plutôt emprunter la ruelle dégueulasse afin de retrouver FX et son frère au petit resto chinois bio de la rue sans histoire.
Si on a le temps, dans l'après-midi, on peut se balader vers l'Est, vers la rue très chère, la rue des ministères, la rue cycliste, apercevoir de loin que notre père traînasse comme d'habitude au square du football.
Le soir, les lumières artificielles des lampadaires donnent un aspect serein à la rue des verrues architecturales, et cela fait bien longtemps que les prix escaladent le mont-blanc sur le boulevard des mendiants Roms. Allée des gauchistes, vérifier discrètement que la fenêtre du député nationaliste est allumée, puis rentrer se mettre au pieu.
Dans le grand Paris, plus de numéros d'arrondissements, mais des noms de quartiers et de villages. On vit à Charonne ou à Saint-Germain des Près ou à Saint-Germain en Laye ou à Alésia, mais certainement pas « dans le 11ème », « dans le sixième »...
Le dimanche, on peut, comme tout le monde, se promener dans les grandes serres végétales de l'ancien périphérique, où de petites buvettes longent le plus grand potager du monde. Oui, vraiment, voilà la ville qu'il nous faut, et malgré la folie des humains, voilà, soyons en sûrs, voilà la ville qui vient.
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Commentaires
Comme une carte du tendre.
Hier 16 à 16 heures retrouver Marie-Antoinette à l'Isle Saint Louis, rue de la femme sans tête.
Écrit par : Henri-Pierre | mardi, 17 novembre 2015
Nous ne la laisserons jamais tomber.
Écrit par : Edith | dimanche, 22 novembre 2015