Sur la paille (endormi) (mercredi, 24 décembre 2014)

"On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire. Et comment vivre dans ce monde d'ombres ?"

Lettre d'Albert Camus à René Char

 

Le solstice d'hiver, puis la naissance de l'enfant Jésus. Dans le choeur d'un orchestre, un homme - une basse -, athée, pleure au détour d'un accord mineur de Douce Nuit. C'est le dernier concert du coeur de l'orchestre de Paris à Pleyel ; il prendra ensuite ses quartiers à la Philarmonie, dans le dix-neuvième arrondissement.

Les sirènes du Samu, des pompiers, des ambulances, strient la ville trop sonore : suicides et craquages des temps de "fêtes de fin d'année". Les cartes bancaires n'en finissent plus de se dévider aux échoppes des rues décorées. Les gens pressés portent des kilos de cadeaux et de bouffe. Les mendiants organisés citent Noël dans leurs plaintes ; les clochards solitaires se taisent.

Au quatrième étage d'un vieil immeuble branlant, une femme de soixante-quatre ans lit Gertrud von Le Fort comme on prend un remède - un sirop qui apaise. Les familles recomposées se décomposent encore une fois. Il n'y a pas de neige cette année sur les toits.

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