Au bord de la D 85 un an après (mardi, 16 décembre 2014)

 

Un blues lascif pénètre tous les espaces du bistrot à cheval entre une ville de province et sa campagne agri-industrielle. Un couple improvise une valse quelque peu mâtinée de tango. Je me souviens de la fête : c'était l'année dernière. Un océan de mojito baignait les âmes et les corps. Des lumières bleues et rouges clignotaient autour des canapés et de la baie vitrée. La nuit dansait, la poudre tournait, les douleurs administratives et sociales s'évaporaient. C'est comme si c'était la même trompette qui pleure aujourd'hui sur le silence et qui pleurait alors sur le bruit. Ce soir-là, tes yeux brillait. Ce jour-ci, tu n'es plus là. La percussion de mon cœur, depuis l'annonce de ton départ, joue moins en rythme. Des enfants passent dans une voiture, ils nous font des signes de la main. De vieux messieurs, ici, finissent leurs bières. Moi j'écoute la musique et je ne bois plus rien. Mon café refroidit sous mes yeux embués par le froid. Il faisait chaud l'année dernière, dans l'appartement de la fête. Tu dansais. Tu riais. Tu te fâchais. Tu ressemblais à l'éternel jeune homme. Je te regardais et je ne savais pas ce que tu pensais.

Tu ne pensais rien : tu dansais. Nous dansions sur le fil d'une vie sans savoir l'heure ni le jour. Une autre voiture passe sur la départementale D85 et je ferme les yeux. Je pense à toi une dernière fois.

 

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