Fragment dElectrochoc, les mémoires du Dj Laurent Garnier (dimanche, 03 août 2014)

 

« Bien des années plus tard, en jouant les bons disques au bon moment, en étant généreux avec le public, en faisant tout pour le toucher au cœur, j'ai pu me dire : "Voilà ce dont j'ai toujours rêvé, ce que j'ai toujours voulu ressentir". Car avec le cumul des années une autre finalité que le simple plaisir de diffuser de bons disques s'était imposée. J'ai réalisé qu'il y avait un Graal à atteindre, une magie à tenter d'embrasser chaque nuit : faire rêver les danseurs, les surprendre, les séduire par le choix des couleurs musicales. Et réveiller en eux ce besoin primaire, vital, de danser et de s'époumoner en chœur.

Pour cet échange, pas besoin d'être un leader naturel. Il faut juste aiguiser le goût de la rencontre. C'est un rapport étrange qui se développe entre le Dj et son public, une relation dans laquelle une domination, même sous-jacente, prédomine : le Dj capte une électricité dans l'air, cette énergie émanant de la rencontre entre la musique, les lumières et les danseurs, et ce dans le huis clos d'un club. Si tous les paramètres nécessaires à a naissance de l'alchimie sont réunis (des règles sociales pour quelques heures abolies, un désir viscéral de plonger dans la danse - de s'y abandonner), les danseurs libéreront une gamme de sentiments exceptionnelle. Un courant électrique se produit, son intensité comme son évolution ne tiennent plus qu'aux directions que le Dj donne. La musique devient voyage. Dans ces moments de grâce, soulever l'aiguille d'un disque dont l'écho résonne dans le sound-system d'un club équivaut à foudroyer cinq cents, mille, cinquante mille personnes d'un seul coup. Et a contrario même un bon disque joué au mauvais moment peut faire disparaître en un instant le fil et l'intrigue d'une histoire jusque-là savamment bâtie. Il n'y a ps d'autres secrets dans le rôle du Dj que le sens du partage. »

 

Extrait d'Electrochoc - L'intégrale 1897 - 2013

Par Laurent Garnier et David Brun-Lambert

éditions Flammarion (de piètre qualité : le livre commence à se décoller - il n'est pas cousu - dès la première lecture).

 

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