Jeux (mercredi, 30 juillet 2014)

IMG_2714.jpgPhoto de Tieri Briet

Il est loin le temps des jeux. Le temps où les mains cherchaient comment faire plaisir à l'esprit. Le temps où l'on voguait sur les rêves à la dérive, des après-midi entières.

Si des drames avaient lieu dans la cuisine à côté, ou sur le pas de la porte, personne ne devinait la mortification intérieure sur les lèvres douces de l'enfant.

Qui étions-nous ? Cinq ou six en train de grandir entre un arbre et des pavés et le béton de l'école, des rues, des places, des jardins quadrillés.

Que faisions-nous ? Des châteaux de sable, des batailles navales, des courses-poursuites, des recherches de trésor et des cabanes.

Pourquoi vivions-nous ? Nous n'avions pas demandé à naître ; on ne nous avait pas laissé le choix. Nous chantions de tout notre cœur et nous voulions rire matin, midi et soir. Les caresses étaient tantôt rares, tantôt trop présentes, l'espoir renaissait avec chaque soleil. Nous dansions. Nous chantions en chœur et désirions chanter ainsi pour toujours. 

Comme il est loin le temps des jeux. Qui pourrait croire, face à mon visage émacié, que potelée je tapais de ma pelle sur le pâté de sable du garçon d'à côté ? Je regarde les enfants d'un air curieux, je cherche quelque chose que je fus. Je ne trouve pas ; je ne trouve plus.

Pourtant, quand les lumières de la ville et celles du ciel se mélangent, quelque chose surgit du fond de mon estomac. Je ne sais pas comment l'appeler. J'ai encore envie de jouer.

| Lien permanent | Commentaires (2) | |  Facebook |  Imprimer | | | |