Le massage des mondes engloutis (jeudi, 12 juin 2014)
Éveillée dans la ville de Montreuil-sous-bois accablée sous un soleil inattendu, je suis descendue sous la terre et les rails m'ont transportée de l'autre côté du périphérique parisien, au sixième étage d'un immeuble du XXème arrondissement où m'attendait Emily King, auteur de Watashi Tashi Nous au Japon et masseuse, dont j'avais déjà connu un premier massage efficace et profondément détendant.
Je ne savais pas alors que ce massage m'était offert par l'étoile qui descendit de l'immeuble peu après.
Je m'allongeai en disant à Emily King que j'avais besoin de détendre ma tête, surtout, et elle me proposa le stéthoscope.
Ainsi je connus le Massage des mondes engloutis.
Les mains de la masseuse effectuent leur lent travail le long de la tête et du corps, tandis que la pièce résonne des sons étranges de mon propre ventre. La symphonie préhistorique prend place. Le chant obscur du ventre laisse place à des plages d'attente silencieuse. Et lorsqu'elle masse le pied droit, une cascade ventriloque de sons chamaniques indique un lieu sacré où, peut-être, le danger guette.
Durant cette longue séance, je vis des lieux inconnus jusqu'alors, et lorsque j'ouvrais, l'espace d'une seconde, les yeux, le visage concentré d'Emily se superposait aux paysages induits par l'alliance de mon imaginaire et des sons intérieurs.
Comme des vagues, les nappes de détentes venaient s'échouer sur les rebords de ma conscience. Elles venaient de si loin que je me demandais si ce pays du corps invisible est réellement accessible.
Lorsque ce fut fini, je compris que j'avais été emportée là où les marins et les aventuriers ne vont jamais. Aux confins du monde, où l'enfance et la sagesse coulent comme de la lave volcanique au tréfonds du règne animal.
Une vision des mondes engloutis...
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