Capitaine Corbeau Noir (vendredi, 25 avril 2014)
«Qui dira notre nuit ?
Rien que le bleu. Et le désir de nager vers le sud avant l'aube».
Rien que le bleu. Et le désir de nager vers le sud avant l'aube».
Tieri Briet
Archiviste en littératures de combat, à Observatoire des dissidences
Phrase obtenue par effraction. Pardon.
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Commentaires
★
¿ Et Ramuz ? - « J'ai trouvé au plus profond de la douleur le chemin de la prière. C'est bref et brûlant. »
Écrit par : Tieri | dimanche, 04 mai 2014
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et Léon-Paul Fargue, le piéton ? "Gare de la douleur, j'ai fait toutes tes routes !"
Gare de la douleur j’ai fait toutes tes routes.
Je ne peux plus aller, je ne peux plus partir.
J’ai traîné sous tes ciels, j’ai crié sous tes voûtes.
Je me tends vers le jour où j’en verrai sortir
Le masque sans regard qui roule à ma rencontre
Sur le crassier livide où je rampe vers lui,
Quand le convoi des jours qui brûle ses décombres
Crachera son repas d’ombres pour d’autres ombres
Dans l’étable de fer où rumine la nuit.
Ville de fiel, orgues brumeuses sous l’abside
Où les jouets divins s’entr’ouvrent pour nous voir,
Je n’entend plus gronder dans ton gouffre l’espoir
Que me soufflaient tes chœurs, que me traçaient tes signes,
A l’heure où les maisons s’allument pour le soir.
Ruche du miel amer où les hommes essaiment,
Port crevé de strideurs, noir de remorqueurs,
Dont la huée enfonce sa clef dans le coeur
Haïssable et hagard des ludions qui s’aiment,
Torpilleur de la chair contre les vieux mirages
Dont la salve défait et refait les visages,
Sombre école du soir où la classe rapporte
L’erreur de s’embrasser, l’erreur de se quitter,
Il y a bien longtemps que je sais écouter
Ton écluse qui souffre à deux pas de ma porte.
…
Gare de ma jeunesse et de ma solitude
Que l’orage parfois saluait longuement,
J’aurai longtemps connu tes regards et tes rampes,
Tes bâillements trempés, tes cris froids, tes attentes,
J’ai suivi tes passants, j’ai doublé tes départs,
Debout contre un pilier j’en aurai pris ma part
Au moment de buter au heurtoir de l’impasse,
A l’heure qu’il faudra renverser la vapeur
Et que j’embrasserai sur sa bouche carrée
Le masque ardent et dur qui prendra mon empreinte
Dans le long cri d’adieu de tes portes fermées.
Léon-Paul Fargue
Écrit par : almasoror | dimanche, 04 mai 2014