Epictète commenté par Goblot (dimanche, 31 octobre 2010)

« Si le cheval disait, en se redressant : je suis beau! ce serait tolérable, car il se vanterait d'un avantage qui est à lui. Mais toi, quand tu dis, en te redressant : j'ai un beau cheval ! sache bien que l'avan­tage dont tu te vantes est à ton cheval. » Epictète

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"Epictète a raison d'avertir, car on s'y trompe. On ne se parerait pas d'un diamant, on ne serait pas fier de son titre, on ne montrerait pas son château si l'on ne comptait que l'admiration qui va à la beauté du diamant, du titre et du château va aussi et du même coup à la personne qui les possède. La richesse rend l'homme important, imposant, volumineux. On se sent petit devant celui qui a de beaux habits, des équi­pages, des valets; un grand nom, un bel hôtel. Il faut de la réflexion pour s'apercevoir que sa personne est comme une autre. Les moralistes ont inlassablement prêché, presque toujours dans le désert, une vérité si évidente et si souvent, méconnue. Pour estimer la valeur des hommes, il faudrait les déshabiller, comme au conseil de révision ; mieux encore, il faudrait les déshabiller au moral comme au physique et faire comparaître leurs âmes toutes nues, comme au jugement dernier. - Mais non ! nous ne sommes ni au conseil de révision ni au jugement dernier. Nous avons raison de juger les hommes tout habillés, car, clans la vie sociale; leur vêtement fait partie d'eux-mêmes: Si nous les voyions tout nus, nous ne saurions plus ce qu'ils sont. Ils ne seraient plus ce qu'ils sont".

 

Edmond Goblot, 1925

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