L’exode urbain et l’art (dimanche, 22 avril 2012)
AlmaSoror est fier de publier cette recension d'un grand livre d'histoire de l'art de 2071.
Recension d'Hélène Lammermoor
L’exode urbain et l’art
Glavenn le Bahut
Éditions intempestives
2071
320 000 signes, 70 illustrations (sonores, filmiques, et autres visuels)
A-t-on réellement mesuré le rôle de l’exode urbain des années 2020-2035 dans l’histoire de l’art ?
Non, répond illico Glavenn le Bahut dans son opuscule L’exode urbain et l’art, véritable brûlot, qui s’attache à détruire toutes les analyses artistiques de la décennie 2030 qui se fondent sur un art né du besoin autogène d’exister et non sur un art né des conditions socio-urbaines.
La thèse de Glavenn le Bahut s’attaque en particulier à l’historienne de l’art Édith de Cornulier-Lucinière, qui “a cru trouver la cause de la Renaissance artistique européenne dans le besoin d’art et les vagues de l’histoire de l’art elle même alors que ce sont évidemment les événements extérieurs à l’art, et tout particulièrement la crise de l’alimentation et l’exode urbain, qui ont donné une impulsion nouvelle aux forces créatrices des artistes”.
Comment ne pas croire, poursuit ensuite Glavenn le Bahut, qu’un mouvement d’une ampleur aussi phénoménale que l’exode urbain n’ait pas eu un rôle primordial dans l’évolution de l’art ?
Cette manière de poser la question ne manque pas de bon sens. Glavenn le Bahut est convaincant lorsqu’il retrace la crise de l’alimentation, imprévue puisque les autorités européennes et occidentales s’étaient surtout attachées à parer à une crise de l’eau qui n’eut pas lieu grâce aux inondations de 2923, 2037 et 2034. Les grandes villes se dépeuplèrent en quelques mois, les troupeaux d’humains transhumant vers des terres longtemps délaissées qui devinrent vite des camps de regroupements humains au lieu des eldorados que ceux qui venaient avaient imaginé.
Page 36. Les étendues d’immeubles abandonnées et de routes vides
Des villes abandonnées on ne fit pas grand chose, les autorités et gouvernances ayant tant à faire dans les zones rurales. Cette désaffection profita aux artistes, et surtout d’abord aux pionniers fantomatiques, ceux qui décidèrent de rester dans les mégapoles et les villes alors même que leurs congénères les fuyaient. Véritable peuple de l’absence, solitaires perdus dans les étendues d’immeubles abandonnées et de routes vides, ils occupèrent l’espace avec gaucherie, d’abord, puis firent peu à peu de ces grands cercueils de la civilisation humaine des édens d’une beauté auparavant inégalée.
Tout l’art des années 2030 éclôt dans ces cités perdues, aux canaux noyés, aux formes fonctionnelles devenues gratuites et inutiles de par l’absence des gens. Et c’est là que la thèse de Glavenn le Bahut prend un intérêt certain. Pour lui, la Renaissance est née de cette transformation des choses fonctionnelles (l’ensemble de l’organisation des villes) en choses inutiles. L’inutilité peu à peu engendra la beauté, le symbolisme et ce fut la possibilité de la vie mystique. Le monde était à nouveau réenchanté. L’ère du Verseau pouvait éclore vraiment et la civilisation celticohéllénochrétienne était revivifiée pour longtemps.
Nous recommandons la lecture de L’exode urbain et l’art à tous ceux qui considèrent que l’historiographie, devenue officielle, mise en oeuvre par Édith de CL ne saurait, en dépit de ses qualités indéniables et notamment de son aspect pionnier, constituer la seule et définitive vision de l’art des années 2030-40.
Hélène Lammermoor
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