Les yeux, les tombeaux, l'esclave (lundi, 02 mars 2009)

L'esclave
Michel Ange
(Louvre)
photo de Sara
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
 Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
 Ils dorment au fond des tombeaux,
 Et le soleil se lève encore.
 
 Les nuits, plus douces que les jours,
 Ont enchanté des yeux sans nombre ;
 Les étoiles brillent toujours,
 Et les yeux se sont remplis d'ombre.
 
 Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
 Non, non cela n'est pas possible !
 Ils se sont tournés quelque part
 Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
 
 Et comme les astres penchants
 Nous quittent, mais au ciel demeurent,
 Les prunelles ont leurs couchants,
 Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.
 
 Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
 Ouverts à quelque immense aurore,
 De l'autre côté des tombeaux,
 Les yeux qu'on ferme voient encore.
(Sully Prudhomme 1839-1907)
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Commentaires
La Photo : c'est bien l'esclave de Michelangelo ?
Écrit par : Frédéric Devidian | mardi, 17 mars 2009
oui
Écrit par : DN Steene | jeudi, 03 septembre 2009