Indult Agatha Christie (mardi, 16 décembre 2008)
Voici la requête que Yehudi Menuhin, Agatha Christie, Graham Greene, et d'autres artistes et intellectuels souvent non catholiques signèrent... pour sauver la messe traditionnelle de l'Eglise catholique, qui "appartient ainsi à la culture universelle aussi bien qu’aux hommes d’Église et aux chrétiens pratiquants".
Sous l'appel, vous trouverez la liste des signataires.
Introïbo ad altàre dei...
... Ad Deum qui lætíficat juventútem meam.
Dans les années 1960, le Concile de Vatican II transforma radicalement la liturgie catholique.
Au delà de la messe et des prières fondamentales (le Notre-Père), l'esthétique et le déroulement de la vie des villes et villages à majorité catholique en ont été entièrement transformés.
Quelques artistes et intellectuels anglais réagirent par une lettre au Pape.
Pour Agatha Christie, Yehudi Menuhin (non catholiques), Graham Green et d’autres, la « modernisation » de la messe traditionnelle, célébrée depuis l’antiquité et codifié par Pie V en 1570, était une catastrophe pour l’histoire de l’esprit humain.
En effet, le chant grégorien et une immense partie de la musique classique, une grande part de l’inspiration littéraire européenne, sont issus de la sancta missa. Mais le déroulement de la messe lui-même constitue un patrimoine littéraire et liturgique immense.
A la suite de cette pétition, le pape autorise, par un indult, à prononcer la messe traditionnelle exceptionnellement. Ce texte est appelé l’« indult Agatha Christie », signataire la plus marquante de la requête pour sauver la messe traditionnelle en Angleterre.
Appel pour demander le maintien de la Messe traditionnelle.
« L’un des axiomes de la publicité contemporaine, aussi bien religieuse que profane, est que l’homme moderne en général, et les intellectuels en particulier, sont désormais pleins d’intolérance pour toutes les formes de la tradition et n’aspirent qu’à les supprimer pour les remplacer par quelque chose d’autre.
Mais comme bien d’autres affirmations de nos machines à publicité, un tel axiome est faux. Aujourd’hui, tout comme dans le passé, les hommes cultivés sont à l’avant-garde chaque fois qu’il s’agit de reconnaître la valeur de la tradition, et ils sont les premiers à sonner l’alarme lorsqu’elle est menacée.
Si quelque décret déraisonnable devait ordonner la destruction complète ou partielle des basiliques ou des cathédrales, ce seraient évidemment les hommes cultivés quelles que soient leurs croyances personnelles qui se dresseraient, pleins d’horreur, pour s’opposer à une telle possibilité.
Or, c’est un fait que ces basiliques et ces cathédrales ont été bâties pour la célébration d’un rite qui, il y a quelques mois encore, représentait une tradition vivante. Nous voulons parler de la messe catholique romaine. Pourtant, si l’on en croit les dernières informations en provenance de Rome, il existe un plan destiné à supprimer cette messe dès la fin de cette année.
En ce moment, nous n’envisageons pas l’expérience religieuse et spirituelle de millions de personnes. Le rite en question, dans son magnifique texte latin, a également inspiré quantité d’œuvres d’art inestimables, non seulement des œuvres mystiques, mais aussi des œuvres de poètes, philosophes, musiciens, architectes, peintres et sculpteurs, dans tous les pays et à toute les époques. Il appartient ainsi à la culture universelle aussi bien qu’aux hommes d’Église et aux chrétiens pratiquants.
Dans la civilisation matérialiste et technocratique qui menace de plus en plus la vie de l’âme et de l’esprit dans son expression créatrice originale — la parole, — il semble particulièrement inhumain de priver l’homme de formes verbales dans l’une de ses plus grandioses manifestations.
Les signataires de cet appel, qui est entièrement œcuménique et apolitique, proviennent de toutes les branches de la culture moderne en Europe ou ailleurs. Ils désirent attirer l’attention du Saint-Siège sur l’effrayante responsabilité qu’il encourrait dans l’histoire de l’esprit humain s’il refusait de permettre la survie de la messe traditionnelle, même si ce n’était que côte à côte avec d’autres formes liturgiques ».
Liste des signataires :
Harold Acton,
Vladimir Ashkenazy,
John Bayler,
Lennox Berkeley,
Maurice Bowra,
Agatha Christie,
Kenneth Clark,
Nevill Coghill,
Cyril Connolly,
Colin Davis,
Hugh Delargy,
Robert Exeter,
Miles Fitzalen-Howard,
Constantine Fitzgibbon,
William Glock,
Magdalen Gofflin,
Robert Graves,
Graham Greene,
Ian Greenless,
Joseph Grimond,
Harman Grisewood,
Colin Hardie,
Rupert Hart-Davis,
Barbara Hepworth,
Auberon Herbert,
John Jolliffe,
David Jones,
Osbert Lancaster,
F.R. Leavis,
Cecil Day Lewis,
Compton Mackenzie,
George Malcolm,
Max Mallowan,
Alfred Marnau,
Yehudi Menuhin,
Nancy Mitford,
Raymond Mortimer,
Malcolm Muggeridge,
Iris Murdoch,
John Murray,
Sean O’Faolain,
E.J. Oliver,
Oxford and Asquith,
William Plomer,
Kathleen Raine,
William Rees-Mogg,
Ralph Richardson,
John Ripon,
Charles Russell,
Rivers Scott,
Joan Sutherland,
Philip Toynbee,
Martin Turnell,
Bernard Wall,
Patrick Wall,
E.I. Watkin,
R.C. Zaehner
(Traduction la Documentation Catholique)
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Commentaires
Bravo pour ce blog - et merci de nous faire découvrir ce texte ! Il me servira à argumenter dans les dîners... quand je me fais traiter de ... parce que je défends la messe traditionnelle. Apparemment, je ne suis pas le seul gauchiste à être attaché au rite tridentin : une bonne nouvelle !
Écrit par : philip | mardi, 16 décembre 2008