Les brisés de l'école (jeudi, 18 décembre 2008)
Les brisés de l’école
Aux nuls. Aux ratés. Aux rêveurs.
Quoi de plus indestructible que la certitude intérieure des profs d’avoir raison dans leurs jugements ?
Les nuls en classe, les imbéciles, les lents, les « dans la lune » forment la horde des méjugés qui n’ont aucune défense puisque, le système étant juste et formel, ils sont objectivement mauvais.
Comment peut-on noter ?
Comment peut-on croire que l’on fait autre chose que de servir un système qui privilégie un certain type de gens pour mieux léser les autres ?
Pour ceux qui ont réussi, moyennement ou très bien, la nullité scolaire des autres est incompréhensible. Le parcours qualifié de « normal » leur a paru si évident !
Un ami me raconte que les professeurs disaient à ses parents qu’il était bon travailleur mais manquait d’intelligence et n’irait jamais loin.
Une amie me raconte sa révolte lorsque en classe (en France) de CM1, elle découvrit la signification scolaire du mot « choix ». Choisir la bonne réponse consistait à trouver la bonne réponse. Un tel dévoiement d’un mot qui représentait la liberté la plongea dans un abattement stupéfait.
Une amie qui visite les classes me raconte comme les profs disent de leurs élèves « ils n’ont pas d’imagination ». Mais l’imagination, pour ces profs, n’est qu’une discipline scolaire. Pour un imaginatif, ce qu’ils appellent imagination n’est qu’un exercice scolaire de plus.
Les mots invention, imagination, choix, art, créativité sont dévoyés par l’école : ce sont des mots scolarisés. Il vaudrait mieux qu’elle renonce à les utiliser. Ainsi que les mots « intelligence, raisonnement, argumentation, culture ». Car elle n’a rien à voir avec cela.
L’école est un système de mesure. Certains esprits ne comprennent pas les chemins de réussite au sein de ce système de mesure. Alors, qu’ils connaissent par cœur l’œuvre de Byron, qu’ils consacrent leur vie libre à l’étude de et qu’ils lisent Thucydide avec passion ne leur apportera rien au regard de la scolarité ni de la vie sociale. Ils sont des savants non agrées.
Quant à ceux que rien n’intéresse mais qui comprennent le système de mesure scolaire, ils peuvent étudier dans les plus grandes écoles, emporter tous les concours, et les grandes voies de la réussite sociale leur sont ouvertes, quelle que soit leur réelle culture et la profondeur de leur intelligence. Ils sont des savants agréés par l’Etat.
« Tu n’en feras jamais d’autres ». « Peut mieux faire ».
Faut-il espérer un changement ? Assez désespéré, je pense que tout système de sélection est pervers et minant pour certains.
Impossible de vouloir retourner dans un monde où la sélection se fait par la force physique, par la naissance…
Aux professeurs, faut-il préférer l’armée de psychologues, assistants sociaux, pédopsychiatres et éducateurs qui bâtissent ensemble l’Empire psychologique qui nous colonise de son idéologie insaisissable un peu plus chaque jour ?
Non. La régulation sociale par un Ordre psychologique dominant n’est pas meilleure.
Sachons simplement que les nuls, les ratés, les minables, les bons, les intelligents, les adaptés changent de camp en fonction des instruments de mesure de la société.
Axel RANDERS
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Commentaires
"Il n'est pas tolérable qu'un gouvernement ait, de jure ou de facto, un contrôle complet sur l'éducation des gens.
Posséder ce contrôle et surtout l'exercer est le propre d'un comportement despotique.
Un gouvernement qui puisse mouler les opinions et les sentiments des gens depuis l'enfance jusqu'à la jeunesse peut faire avec eux ce qu'il veut".
John Stuart Mill - Principes d'économie politique, 1848, livre V ch XI
Écrit par : Fils perdu des penseurs | jeudi, 17 décembre 2009
L'école détruit, petit à petit, le cerveau des enfants.
Alternatives, de gauche, de droite et d'ailleurs :
http://www.creer-son-ecole.com/
http://ecolesdifferentes.free.fr/annuaire.htm
http://www.lesenfantsdabord.org/index.php?lng=fr
Écrit par : Pink Floyd the wall | jeudi, 17 décembre 2009